Comment passe-t-on du narval au droit de vote des femmes?
Dans cette édition des six degrés d’histoire du Canada, nous commençons par une espèce de baleine capable de plonger jusqu’à une profondeur d’au moins 1 500 m, pour refaire surface avec le droit de vote des femmes. Le narval, surtout connu pour
sa défense torsadée, est une baleine qui vit dans les eaux arctiques du Canada. Comment établir un lien entre ce mammifère et le combat acharné des femmes pour obtenir le droit de vote aux élections fédérales et provinciales?
L’article suivant provient de notre série « six degrés d’histoire du Canada. » Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.
Le narval
Le narval (Monodon monoceros) est une baleine à dents vivant dans les eaux arctiques du Canada. On le reconnaît surtout par sa défense droite et torsadée, l’une de deux dents de la mâchoire supérieure qui ressortent au travers de la lèvre. Atteignant jusqu’à 3 m de longueur, cette défense, dont les mâles adultes et très rarement les femelles sont dotés, peut servir à établir et maintenir la domination. Certains narvals sont dotés de défenses doubles.
Malheureusement, les narvals font face à une grave menace en raison de l’évolution rapide des conditions des glaces marines de l’Arctique, causée par le changement climatique.
Changement climatique
Le changement climatique survient lorsque les tendances météorologiques à long terme commencent à changer. De telles périodes de changement ont été observées tout au long de l’histoire de la Terre, sur des intervalles prolongés. Toutefois, depuis la révolution industrielle, la planète se réchauffe à un rythme sans précédent. De ce fait, la période actuelle de changement climatique est souvent appelée « réchauffement planétaire ». Les activités humaines qui provoquent la libération de gaz à effet de serre retenant la chaleur, comme la combustion de combustibles fossiles, sont en grande partie responsables de cette accélération du rythme de changement.
Les conséquences de cette augmentation de la température à l’échelle mondiale sont potentiellement catastrophiques et incluent des événements météorologiques extrêmes comme les sécheresses, qui surviennent régulièrement dans le triangle de Palliser.
Triangle de Palliser
Le triangle de Palliser constitue la région la plus aride des prairies. Cette région tient son nom de John Palliser, explorateur du XIXe siècle ayant décrit la région du sud de la Saskatchewan, de l’Alberta et du Manitoba comme « un désert ou une zone semi-désertique qui ne pourra jamais être occupé par des colons ». Toutefois, le botaniste John Macoun ravivera l’espoir de coloniser la région dans les années 1870, en concluant que le triangle de Palliser convient à la culture du blé. Au moins cinq grandes sécheresses ont assoiffé la terre depuis lors, dont le célèbre « bassin de poussière » qui sévit durant la Grande Dépression (voir aussi Catastrophe de la zone aride des Prairies; Sécheresse dans le triangle de Palliser).
John Palliser, un contemporain de sir Sandford Fleming, a étudié avec ce dernier la possibilité de construire des chemins ferroviaires transcontinentaux.
Sir Sandford Fleming
Ingénieur en chef du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP), sir Sandford Fleming a également joué un rôle essentiel dans la mise en place d’un système mondial standardisé de mesure du temps. L’ancien système de mesure du temps, selon lequel chaque grande ville devait régler ses horloges en fonction des conditions astronomiques locales, avait été rendu obsolète par les chemins de fer modernes, dont les horaires exigeaient une reconnaissance uniforme du temps entre différents endroits. Sir Sandford Fleming prône l’adoption d’une heure normalisée ou universelle, ainsi que de variations horaires selon des fuseaux horaires établis. Il joue d’ailleurs un rôle déterminant dans la convocation de l’International Prime Meridian Conference à Washington en 1884, événement au cours duquel on adopte le système international d’heure standard toujours en usage aujourd’hui.
George Monro Grant, ministre de sir Sandford Fleming, écrira le populaire récit intitulé Ocean to Ocean en 1873, relatant son voyage vers le Pacifique en tant que membre de l’expédition du célèbre ingénieur réalisée l’année d’avant avec le CFCP.
George Monro Grant
George Monro Grant, en plus d’être l’arrière-grand-père de l’ancien chef libéral Michael Ignatieff, était un ministre presbytérien, un écrivain et le directeur du Collège Queen's de Kingston (Ontario), de 1877 à 1902. En 1877, l’Université Queen’s est un petit collège confessionnel marqué par l’instabilité économique. À titre de directeur, George Monro Grant consacre donc beaucoup d’énergie à mettre en place un fonds de dotation et à attirer de grands savants, surtout dans le domaine des sciences humaines. Au cours de sa longue présidence, Queen’s devient l’une des premières universités canadiennes à admettre des femmes aux classes ordinaires (1879) et à fonder un collège médical pour femmes (1883).
Si George Monro Grant défend des causes liées au mouvement pour le droit de vote des femmes, comme l’enseignement mixte, il n’appuie cependant pas la prohibition, l’une des principales revendications des suffragettes.
Droit de vote des femmes
Bien que l’on recense certains cas exceptionnels de femmes ayant voté avant la Confédération (jusqu’en 1849), les femmes canadiennes ont été systématiquement et universellement privées du droit de vote jusqu’au début du XXe siècle. Hormis la période d’émancipation temporaire et sélective des femmes en vertu de la Loi des élections en temps de guerre, les femmes se sont vu accorder le droit de vote aux élections fédérales pour la première fois en 1918. Le Manitoba est devenu la première province à accorder aux femmes le droit de voter aux élections provinciales en 1916, suivi la même année par la Saskatchewan et l’Alberta. Le Québeca été la dernière province à accorder le droit de vote aux femmes, en 1940.
Malheureusement, certaines femmes ont dû attendre encore longtemps avant de profiter de ces avancées gigantesques. En effet, les femmes – et les hommes – d’origine asiatique, sud-asiatique et autochtone ont été privés de leurs droits pendant encore une bonne partie du XXe siècle (voir aussi Droit de vote).