Albert de Niverville | l'Encyclopédie Canadienne

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Albert de Niverville

Joseph Lionel Elphège Albert de Niverville, pilote (né le 31 août 1897 à Montréal, au Québec; décédé le 14 juin 1968 à Montréal). Pendant la Première Guerre mondiale, Albert de Niverville a servi dans la Royal Air Force (RAF). Il a aussi servi pendant la Deuxième Guerre mondiale et a été l’un des rares officiers canadiens-français à faire partie de l’Aviation royale du Canada (ARC) à l’époque. Il a atteint le grade de vice-maréchal de l’air, devenant par le fait même le premier Canadien français à le faire.


Albert de Niverville, Première Guerre mondiale
Albert de Niverville, Première Guerre mondiale
Albert de Niverville, Première Guerre mondiale

Jeunesse

Né à Montréal, Albert de Niverville déménage avec sa famille à Ottawa alors qu’il est encore jeune. Il fait ses études à l’école publique St. Peter et à l’Académie La Salle.

Première Guerre mondiale

Le 2 avril 1917, Albert de Niverville s’enrôle dans le Royal Flying Corps. Après avoir réussi son entraînement au pilotage, il est nommé sous-lieutenant temporaire en juin 1917 et confirmé comme sous-lieutenant le 2 février 1918. Le même jour, il est promu lieutenant. Il sert dans le 42e escadron de la Royal Air Force, pilotant des avions de bombardement et reconnaissance biplans et biplaces RE-8 de la Royal Aircraft Factory. Lors d’une mission d’observation de l’artillerie le 7 juillet 1918, Albert de Niverville est blessé au bras gauche par des tirs de mitrailleuse depuis le sol. Son observateur, lui, est indemne. Après une première admission à l’hôpital général 14 de Wimereux, il est renvoyé au Royaume-Uni pour se rétablir et devient instructeur. En avril 1919, il rentre au Canada et obtient son congé.

Période d’entre-deux-guerres

Lorsque l’Aviation canadienne (AC) commence à accepter des engagements le 18 février 1920, Albert de Niverville s’enrôle comme officier d’aviation dans la réserve aérienne. Par la suite, il est employé comme pilote civil par la Commission de l’air et comme pilote militaire par l’Aviation canadienne. En 1922, il est employé à Ottawa.

Lorsque l’Aviation royale du Canada (ARC) est créée le 1er avril 1924, Albert de Niverville est nommé dans la force permanente et affecté au camp Borden comme officier d’aviation et instructeur à la 1re école de pilotage. Il y suit simultanément le cours de photographie et le cours de pilotage aérien entre le 4 janvier et le 17 février 1927.

Le 1er mai 1927, Albert de Niverville est affecté au détachement d’inspection des aéronefs à Montréal. Il y est attaché à la Canadian Vickers Aircraft Ltd, dont il inspecte le travail. Son temps et son service à cet endroit sont toutefois limités et, le 29 mai, il est temporairement envoyé au camp Borden en tant qu’officier des opérations aériennes.

Le 7 septembre 1927, Albert de Niverville est affecté au quartier général de l’ARC à Ottawa en tant qu’officier d’état-major. Il est alors promu lieutenant de l’air. Le grade est confirmé le 1er avril 1928. L’une de ses tâches consiste à participer à la sélection des pilotes de l’ARC parmi les candidats du Collège militaire royal du Canada et les diplômés universitaires. On lui demande également, ainsi qu’à deux autres officiers de l’ARC, de juger le concours annuel d’habileté du Montreal Light Aeroplane Club. Cette demande témoigne des relations étroites entre l’ARC et les aéroclubs civils.

Albert de Niverville est l’un des rares officiers francophones de l’ARC. En janvier 1931, il passe l’examen d’interprète de la fonction publique britannique, obtenant la meilleure note de tous ceux qui ont passé l’examen en 20 ans. Le même mois, il réussit les examens d’admission à l’école d’état-major de la RAF.

Le 30 avril 1931, Albert de Niverville est affecté à la station Jericho Beach de l’ARC, juste à l’extérieur de Vancouver. Il en est l’adjudant et est également instructeur d’hydravions et d’hydravions à flotteurs. Albert de Niverville est l’un des pilotes qui participent à l’ouverture des nouveaux aéroports de Chilliwack et de Vernon, en Colombie-Britannique.

L’affectation à Jericho Beach ne dure pas longtemps. Le 1er mars 1932, il est envoyé à la station Rockcliffe de l’ARC, à Ottawa, tout en étant affecté à la Direction des opérations aériennes du gouvernement civil. Le 20 mars, avec d’autres pilotes, Albert de Niverville est rattaché au détachement de Belle Isle. Les Postes et le ministère de la Défense nationale recommandent un service expérimental de courrier aérien entre Belle Isle et Montréal pendant les deux mois où se tient à Ottawa la Conférence économique impériale. Entre le 20 juin et le 31 août, il effectue 17 vols entre Belle Isle et Rimouski, au Québec, avant de retourner à Ottawa le 2 septembre. Lors de ces vols, il rencontre un paquebot qui arrive et transfère le courrier dans l’avion, ce qui permet de réduire les délais du service postal de trois jours.

En décembre 1932, Albert de Niverville est transféré en Angleterre pour suivre le cours du Collège d’état-major de la RAF. Il emmène sa famille avec lui. Il réussit le cours et, au début du mois de janvier 1934, rentre au Canada. Il est rapidement affecté à un poste administratif au quartier général de l’ARC en tant qu’officier d’état-major adjoint, et chargé des fonctions d’état-major de l’aviation.

En 1934, lorsqu’elle commence à créer des escadrons non permanents (réserve aérienne), l’ARC crée également des postes au sein de divers districts militaires pour un officier d’état-major de l’air (OEA) dont le mandat est de conseiller l’officier commandant le district. Les 15e et 18e escadrons ayant été formés à Montréal en 1934, Albert de Niverville est affecté au 4e district militaire (DM) à Montréal, à partir du 15 janvier 1936. Cette affectation s’accompagne d’une promotion au rang de chef d’escadron.

Parmi les activités d’Albert de Niverville en tant qu’OEA, il est officier de renseignement au 4e DM. Il consulte également les escadrons à Montréal et participe à leurs événements. Le 16 février 1939, Albert de Niverville est affecté au quartier général de l’ARC et est promu commandant d’escadre. Son nouveau poste est celui de directeur au Conseil de l’air au nom de l’organisation.

Albert de Niverville

Deuxième Guerre mondiale

En tant que directeur du Conseil de l’air, Albert de Niverville a pour mandat de superviser la formation de nouvelles unités au fur et à mesure de l’expansion de l’ARC. Cela comprend les nouvelles unités du Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (PEACB). À cette fin, Albert de Niverville et deux autres officiers supérieurs se rendent au Royaume-Uni de février à mars 1940. Ils y étudient les méthodes et l’organisation de l’entraînement de la Royal Air Force. Le rapport qu’ils rédigent ensuite contribue à l’organisation du PEACB.

À son retour d’outre-mer, Albert de Niverville devient directeur de l’instruction aérienne, poste qu’il occupe du 1er mai 1940 au 8 août 1941. Ce poste est suivi d’une promotion au grade de capitaine de groupe le 28 septembre 1940. L’une de ses responsabilités est le recrutement. Pour ce faire, il met en place une politique de rapatriement des équipages qui se sont distingués. Ils effectuent alors des missions pour soutenir l’effort de guerre.

Après une brève période en tant que commandant de la 2e École de pilotage militaire (du 9 août au 7 septembre 1941) à la station Uplands de l’ARC à Ottawa, Albert de Niverville est nommé officier de l’air en chef du 3e Commandement de l’entraînement à Montréal. Il occupe ce poste du 20 octobre 1941 au 20 novembre 1943. Il est promu deux fois, d’abord au grade de commodore de l’air, puis au grade de vice-maréchal de l’air le 14 décembre 1942.

Dans tous ces postes, Albert de Niverville peut s’adonner à sa passion pour l’aviation. Il pilote son propre avion lors de ses visites aux écoles et à d’autres formations, totalisant 140 heures de vol en deux ans, jusqu’en décembre 1942, en tant que premier ou second pilote.

Le 22 novembre 1943, lorsque le vice-maréchal de l’air Robert Leckie quitte le poste de directeur au Conseil de l’air pour la formation pour devenir chef de l’état-major de l’air, Albert de Niverville le remplace. Il occupe ce poste jusqu’à sa retraite, le 11 février 1946.

Reconnaissance militaire

Le travail du vice-maréchal de l’air Albert de Niverville au sein de l’ARC a été reconnu sur plusieurs fronts :

  • Doctorat honorifique en droit, Université d’Ottawa (1943)
  • Mention élogieuse pour services méritoires dans l’aviation, décernée par le roi George VI (1944)
  • Compagnon, Ordre très honorable de Bath (1944)
  • Commandeur, Légion du mérite (États-Unis) (1946)
  • Ordre du Lion blanc, classe II (Tchécoslovaquie) (1946)
  • Officier, Légion d’honneur (France) (1947)
  • Croix de guerre française avec palme de bronze (1947)

En outre, deux rues portent son nom. La première est la rue privée de Niverville à Ottawa, dans les anciens logements militaires de l’aéroport international d’Ottawa, et la deuxième, un boulevard Albert de Niverville à l’aéroport international Trudeau de Montréal.

Royal Canadian Air Force (RCAF) Reunion

Retraite

À sa retraite militaire, Albert de Niverville continue à se présenter à certains événements de l’ARC, tels que des soupers et des funérailles. Il se concentre cependant désormais sur le ministère des Transports. En effet, il commence à travailler comme contrôleur de district des services aériens, avant d’accéder au poste de sous-ministre adjoint des services aériens. Il prend sa retraite en novembre 1964 et meurt à Montréal le 14 juin 1968.

Vie personnelle

Le 8 septembre 1920, Albert de Niverville épouse Éméla Noël. Ensemble, ils ont 13 enfants (dix garçons, trois filles). Son fils Joseph Albert Hector Gilles sert dans l’ARC pendant la Deuxième Guerre mondiale et décède tragiquement dans l’écrasement d’un Lockheed T-33 en juillet 1954. Son fils Louis, quant à lui, est un artiste moderniste canadien de renom.

Patrimoine

Il y a eu très peu d’officiers canadiens-français dans l’ARC de 1924 à 1939. Par conséquent, Albert de Niverville est le premier à accéder à de nombreux grades supérieurs, du commandant d’escadre au vice-maréchal de l’air. En sa qualité de commandant de deux dépôts d’effectifs au Québec, de directeur des effectifs de la Force aérienne et d’officier supérieur très visible de l’ARC, il a probablement eu une influence sur le recrutement des Canadiens français dans l’ARC.