Il n’est pas étonnant que le trophée et la ligue soient canadiens à l’origine, car non seulement les Canadiens adorent le hockey, mais ils ont largement contribué à son développement. Devenu un fervent partisan du hockey peu après son arrivée de Grande-Bretagne, le gouverneur général Frederick Arthur Stanley fait don de la coupe Stanley en 1892. Destinée à l’origine à récompenser la meilleure équipe de sport amateur au Canada, elle constitue désormais la récompense suprême pour les équipes de la LNH, la principale ligue de hockey professionnelle mondiale.
La LNH est fondée à Montréal en 1917 par les propriétaires de cinq équipes canadiennes professionnelles. Aujourd’hui, la LNH, dont le siège se trouve à New York, compte 31 franchises (7 au Canada et 24 aux États-Unis). Même si le Canada ne domine plus la Coupe Stanley ou la LNH, les Canadiens représentent encore environ la moitié des joueurs de la ligue, et font toujours autorité, sur la glace comme ailleurs. Dans tout le pays, les partisans acclament leurs équipes préférées et sont heureux de voir les joueurs canadiens brandir la coupe en signe de victoire.
La coupe de lord Stanley
En 1888, sir Frederick Arthur Stanley est nommé gouverneur général du Canada. Cet hiver-là, il assiste au match opposant les Victorias de Montréal et l’Association des athlètes amateurs de Montréal (MAAA). Selon la Gazette de Montréal, « lord Stanley s’est déclaré enchanté de la partie de hockey et de constater la maîtrise des joueurs ».
Le 18 mars 1892, lord Stanley annonce qu’il fera don d’une « coupe du défi, pour couronner chaque année l’équipe de hockey championne du Dominion du Canada ». Il fait ainsi fabriquer à Londres, en Angleterre, une petite coupe d’argent, qui arrive à Ottawa au début de 1893. Désignée au départ sous le nom de Dominion Hockey Challenge Cup (Coupe du défi du Dominion), elle devient rapidement connue comme la coupe Stanley.
L’époque des défis (1893-1915)
La coupe Stanley est remportée la première année par l’Association des athlètes amateurs de Montréal (MAAA), dont l’équipe affiliée, le Club de hockey de Montréal, est gagnante du championnat 1892-1893 de l’Association de hockey amateur du Canada. Gardien de but au Club de hockey de Montréal en 1893, Tom Paton, l’un des membres fondateurs du MAAA, est connu pour avoir introduit le hockey sur glace à Toronto.
D’autres équipes peuvent alors mettre au défi les détenteurs de la Coupe Stanley à tout moment dans la saison. Cette situation change en 1912, lorsque les administrateurs de la Coupe Stanley décident que les défis ne pourront avoir lieu qu’à la fin de la saison régulière du championnat.
En 1909, la coupe Stanley devient dans les faits un trophée réservé aux équipes professionnelles, alors que les amateurs se tournent vers la coupe Allan. En 1915, l’Association nationale de hockey (ANH) et l’Association de hockey de la Côte du Pacifique (AHCP) décident que la Coupe doit être disputée par leurs champions de ligue respectifs, ce qui met fin à l’époque des défis.
La LNH : les jeunes années (1917-1941)
La Ligue nationale de hockey (LNH) est créée à Montréal le 26 novembre 1917. La ligue remplace l’Association nationale de hockey (ANH), dissoute après un conflit entre les propriétaires des équipes. (Voir La naissance de la Ligue nationale de hockey.)
La LNH est constituée à l’origine des équipes des Canadiens de Montréal , des Wanderers de Montréal, des Sénateurs d’Ottawa et des Arenas de Toronto (précurseurs des Maple Leafs de Toronto). En 1918, les Arenas deviennent la première équipe de la LNH à gagner la Coupe Stanley. Les Sénateurs d’Ottawa dominent les années 1920, avec six titres en championnat et quatre Coupes Stanley. Toutefois, l’équipe est dissoute en 1934.
Au cours de ses 25 premières années, la LNH connaît de nombreux changements d’équipes membres, de calendrier des matchs et de format des séries éliminatoires. En 1924, les Bruins de Boston deviennent la première équipe américaine à entrer dans les rangs de la LNH. En 1926, six des dix équipes de la LNH sont américaines. En 1927, la Coupe Stanley est réellement gérée par la LNH, devenue la première ligue de hockey professionnelle d’Amérique du Nord.
Les six équipes originales (1942-1967)
La crise des années 30 et la Deuxième Guerre mondiale laissent des traces sur le hockey professionnel, si bien qu’en 1942, il ne reste que six équipes dans la LNH : les Canadiens de Montréal , les Maple Leafs de Toronto, les Bruins de Boston, les Black Hawks de Chicago, les Red Wings de Detroit et les Rangers de New York. La ligue conserve cette structure pendant 25 ans. Lorsque six équipes d’expansion font leur entrée au sein de la ligue en 1967, ces franchises deviennent connues sous le nom de « six équipes originales ».
Les Maple Leafs de Toronto, dirigés successivement par Walter « Turk » Broda, Syl Apps, Ted Kennedy et Max Bentley, dominent le hockey au cours des années 1940 et remportent six fois la coupe Stanley en dix ans. Cependant, c’est Maurice « Rocket » Richard des Canadiens de Montréal qui devient le premier joueur à marquer 50 buts en une saison en 1944-1945. Bobby Hull, des Black Hawks de Chicago, égale ce record au cours de la saison 1961-1962, pour ensuite le porter à 54 (1965-1966), puis à 58 (1968-1969).
L’équipe marquante du début des années 1950 est celle des Red Wings de Detroit, menée par les Canadiens Gordie Howe (cinq fois meilleur buteur du championnat et quatre fois gagnant du trophée Hart en dix ans), Red Kelly, Ted Lindsay et Terry Sawchuk.
Vers le milieu des années 1950, les Canadiens de Montréal forment sans doute l’équipe la plus puissante de l’histoire de la LNH, avec Maurice et Henri Richard, Bernie Geoffrion, Jean Béliveau, Jacques Plante, Dickie Moore, Doug Harvey et d’autres. Les Canadiens gagnent la Coupe Stanley cinq saisons de suite (1955-1956 à 1959-1960), ce qui constitue le record de la ligue.
L’arrivée de joueurs de couleur dans la LNH
Le 13 mars 1948, Larry Kwong, de Vernon en Colombie-Britannique, devient le premier Sino-Canadien à jouer dans un match de la LNH, brisant ainsi la barrière raciale du monde du hockey. Il joue à cette occasion dans l’équipe des Rangers contre les Canadiens de Montréal à la patinoire du Forum de Montréal (les Rangers perdent le match sur le compte de 3 à 2). Il n’a droit qu’à une minute sur la glace lors d’une seule mise en jeu, ce qui est insuffisant pour montrer aux patrons de l’équipe de quoi il est capable. Larry Kwong ne jouera plus un seul match de la LNH.
En 1953, Fred Sasakamoose devient le premier joueur de hockey autochtone de la LNH. Ancien élève du pensionnat indien de St. Michael de Duck Lake en Saskatchewan, il joue 11 matchs pour les Black Hawks pendant la saison 1953-1954.
Le 18 janvier 1958, Willie O’Ree devient le premier joueur de hockey noir à participer à un match de la LNH. Il fait ses débuts avec les Bruins de Boston contre les Canadiens de Montréal au Forum de Montréal (les Bruins remportent la victoire sur le compte de 3 à 0).
Élargissement de la LNH et fusion avec l’Association mondiale de hockey (1967-1979)
En 1967, six nouvelles équipes américaines rejoignent la LNH : les Seals de Californie (par la suite les Seals d’Oakland), les Kings de Los Angeles, les North Stars du Minnesota, les Flyers de Philadelphie, les Penguins de Pittsburgh et les Blues de St. Louis. Deux ans plus tard en 1969, Bobby Orr de l’équipe des Bruins de Boston devient le premier défenseur à gagner le trophée Art Ross, décerné au joueur ayant cumulé le plus de points au cours de la saison (il le remporte à nouveau en 1975). Ses attaques d’un bout à l’autre de la patinoire, sa façon de mener le jeu et les buts qu’il marque de façon spectaculaire révolutionnent le rôle des défenseurs.
Les Sabres de Buffalo et les Canucks de Vancouver rejoignent la LNH en 1970, suivis par les Flames d’Atlanta et les Islanders de New York en 1972. En 1974, avec l’arrivée des Scouts de Kansas City et des Capitals de Washington, le nombre d’équipes passe à 18. Trois sont des équipes canadiennes.
En 1979, la LNH fusionne avec l’Association mondiale de hockey. Lors de sa création en 1971, l’AMH brise le monopole de la LNH sur le hockey professionnel. Dès sa première saison, elle compte de nombreux joueurs provenant de la LNH, comme Bobby Hull, Bernie Parent, John McKenzie et Brian Conacher. À la dissolution de l’AMH, les équipes des Jets de Winnipeg, des Oilers d’Edmonton, des Nordiques de Québec et des Whalers de Hartford rejoignent la LNH.
Les Canadiens de Montréal continuent de dominer le championnat pendant la période de l’élargissement de la ligue, en remportant huit titres entre 1967 et 1979.
Wayne Gretzky et la dynastie d’Edmonton (années 1980)
Au cours de la saison 1983-1984, les Oilers d’Edmonton deviennent la première ancienne équipe de l’AMH à remporter la coupe Stanley, mettant fin ainsi à une suprématie de quatre ans des Islanders de New York. L’équipe des Oilers, comptant plusieurs formidables marqueurs (dont Mark Messier et Wayne Gretzky), s’empare d’ailleurs de la coupe à quatre reprises au cours des six années suivantes.
Wayne Gretzky est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs joueurs de hockey de tous les temps. Son surnom, « The Great One » (La Merveille), témoigne de ses talents sur la glace et de l’impact qu’il a eu sur ce sport. Les exploits de Wayne Gretzky sont probablement sans équivalents tous sports confondus : il gagne le trophée Hart (du joueur le plus utile) neuf fois, le trophée Art Ross (pour le plus grand nombre de points du championnat) dix fois, le trophée Lady-Byng quatre fois et le trophée Conn Smythe (joueur le plus utile dans une série éliminatoire) deux fois. Détenteur du titre de meilleur marqueur de l’histoire de la LNH avec 2 857 points, il est le seul joueur à atteindre 2 000 points en carrière en seulement 11 saisons, un exploit impressionnant lorsque l’on sait que Gordie Howe a mis 26 ans à atteindre son propre record. Il détient ou partage également 61 records dans la LNH, dont celui du plus grand nombre de buts (894) et de passes décisives (1 963). En réalité, les passes décisives de Wayne Gretzky à elles seules en font le meilleur marqueur de l’histoire de la ligue. Avec un total de 382 buts, il devance les meilleurs compteurs des séries éliminatoires de près de 100 points. Il trône aussi au premier rang des marqueurs dans six tournois internationaux, dont les quatre éditions de la Coupe Canada auxquelles il participe.
La LNH dans les années 1990
Au début des années 1990, les Penguins de Pittsburgh, avec à leur tête Mario Lemieux, deviennent l’équipe dominante, remportant la coupe Stanley deux années d’affilée en 1990-1991 et en 1991-1992, puis remportant un nombre record de 17 victoires consécutives en 1992-1993.
À l’issue de la saison 1992-1993, les Canadiens de Montréal gagnent leur 24e Coupe Stanley, en l’emportant sur les Kings de Los Angeles de Wayne Gretzky, quatre victoires contre une. Les Canadiens se distinguent cette année-là dans les séries éliminatoires en remportant 10 matchs de suite en prolongation, notamment grâce à la prestation éblouissante de son gardien de but, Patrick Roy, qui remporte le second trophée Conn Smythe de sa carrière. Les Canadiens n’ont pas gagné la Coupe Stanley depuis.
En 1997, les Red Wings de Detroit mettent fin à une série de défaites en battant les Flyers de Philadelphie et en s’emparant de la coupe Stanley. Steve Yzerman est le second joueur des Red Wings à brandir le trophée depuis 1955. L’année suivante, il remporte à nouveau la coupe Stanley avec les Red Wings, gagne le trophée Conn Smythe et participe aux Jeux olympiques d’hiver de 1998 à Nagano.
Une femme dans la LNH (1992)
La gardienne de but Manon Rhéaume est une pionnière du hockey sur glace féminin. Au cours de l’été 1992, Phil Esposito du Lightning de Tampa Bay l’invite à participer au camp d’entraînement avec sept autres gardiens de but tentant de se qualifier pour l’équipe. Étant donné que le Lightning de Tampa Bay ne constitue qu’une nouvelle équipe d’élargissement de la LNH dans un marché non conventionnel de hockey, toute l’affaire est largement considérée comme un coup de marketing.
Cependant, après la première série de réductions, Manon Rhéaume demeure dans l’équipe et joue pendant la première période du match d’exhibition d’avant-saison contre les Blues de St. Louis. La première femme à jouer dans un match de la LNH laisse passer deux rondelles sur neuf. Elle est également la première femme à jouer dans une ligue sportive professionnelle de premier plan en Amérique du Nord.
Manon Rhéaume représente aussi l’équipe internationale de hockey féminine du Canada. Elle fait partie de l’équipe féminine du championnat mondial en 1992 et en 1994. En 1998, la première année où le hockey féminin devient une discipline des Jeux olympiques d’hiver, elle aide l’équipe canadienne à décrocher une médaille d’argent.
Le Canada et la Coupe Stanley
Avec 24 victoires (dont cinq consécutives de 1956 à 1960), les Canadiens de Montréal restent l’équipe la plus couronnée de succès de la Coupe Stanley. Ils sont suivis par les Maple Leafs de Toronto, avec 13 victoires (dont une sous le nom des Arenas de Toronto en 1918 et une autre sous le nom des St. Patricks de Toronto en 1922).
Les Canadiens de Montréal gagnent la Coupe Stanley pour la dernière fois en 1993, en battant les Kings de Los Angeles. La saison suivante, les Canucks de Vancouver se rendent jusqu’en finale, mais s’inclinent devant les Rangers de New York. Depuis 2004, quatre franchises canadiennes qui se sont qualifiées pour la finale ont été battues par une équipe américaine. En 2004, les Flames de Calgary perdent contre le Lightning de Tampa Bay; en 2006, les Oilers d’Edmonton s’inclinent devant les Hurricanes de Caroline; en 2007, les Sénateurs d’Ottawa sont battus par les Ducks d’Anaheim; et en 2011, les Canucks de Vancouver concèdent la victoire aux Bruins de Boston.
Les joueurs canadiens sont omniprésents dans les équipes qui ont remporté la coupe. Cela n’est pas surprenant, étant donné qu’environ la moitié des joueurs de la LNH sont originaires du Canada. Comme toujours dans l’histoire de la ligue, les Canadiens jouent un rôle crucial sur la glace comme ailleurs. On citera notamment la contribution de Jonathan Toews à la victoire des Blackhawks de Chicago en 2010, en 2013 et en 2015, ou encore la victoire des Penguins de Pittsburgh en 2009 et en 2016 avec leur célèbre capitaine Sidney Crosby.