Anthropologie physique
L'anthropologie physique, ou son synonyme plus moderne, l'anthropologie biologique, est l'étude de l'histoire naturelle de l'espèce humaine. La discipline se concentre donc principalement sur les problèmes liés à l'ÉVOLUTION humaine, l'adaptation, et la variation. Les fondements de l'anthropologie physique moderne, tout comme ceux de la biologie moderne, reposent sur la théorie évolutionnaire néo-darwinienne. Celle-ci fournit les principes de base à cette discipline variée qui ne possède pas de méthodologie de base commune. Les anthropologues physiques reconnaissent que l'interaction entre la culture et la biologie humaines a formé et maintenu nos espèces, et qu'une connaissance approfondie de ce processus requiert l'étude de la BIOLOGIE ainsi que de la culture. Cette orientation interdisciplinaire se reflète dans le fait que la plupart des anthropologues physiques canadiens travaillent dans des départements universitaires d'ANTHROPOLOGIE. Par contre, plusieurs autres sont employés dans des départements d'anatomie, d'ARCHÉOLOGIE, de DENTISTERIE, des sciences de l'activité physique et de ZOOLOGIE, ainsi que dans des MUSÉES.
L'histoire de la biologie humaine est principalement dévoilée à travers l'étude des fossiles. Bien qu'on n'ait découvert les restes d'aucun hominidé (fossile dans la lignée des humains) dans l'hémisphère Ouest, les Canadiens ont grandement contribué à la PALÉONTOLOGIE. L'un des plus éminents est Davidson BLACK, qui a étudié et nommé le fossile appelé l'« homme de Pékin »(Sinanthropus pekinensis = Homo erectus pekinensis). Les études sur des primates non humains (les prosimiens, les singes et les singes anthropoïdes) varient des plus anciens fossiles aux animaux vivants. La recherche paléoanthropologique s'est concentrée principalement sur les origines des grands singes. Les études sur le comportement des primates non humains nous donnent un aperçu des facteurs qui produisent et maintiennent la socialité - par exemple, pourquoi les différences de sexe et d'âge forment des groupes sociaux permanents. Ces travaux peuvent également nous renseigner sur des comportements qui auraient pu être présents chez les espèces qui sont les ancêtres des primates non humains et des humains.
La plus grande contribution des anthropologues physiques canadiens depuis 1871 a été en ostéologie humaine. Les descriptions de la taille et de la forme des squelettes archaïques et préhistoriques des INUITS et d'autres peuples autochtones ont été remplacées par des analyses sur la distribution des anciennes populations, des évaluations de la composition des groupes selon l'âge et le sexe, et l'étude des relations entre les populations anciennes et contemporaines. Les effets de la nutrition, des MALADIES, du CLIMAT, de la culture et de la GÉNÉTIQUE sur les populations anciennes, y compris les colonisateurs européens, sont couramment étudiés à l'aide de techniques empruntées à la BIOCHIMIE, la pathologie, l'ÉPIDÉMIOLOGIE, la DÉMOGRAPHIE, la radiologie et les STATISTIQUES. Les analyses des anciens ADN des humains et des animaux dont ils dépendaient pour leur subsistance sont de plus en plus populaires dans les laboratoires d'anthropologie physique. Depuis 2005, les universités Simon Fraser, McMaster et Western Ontario sont en mesure de faire de telles analyses.
Les études sur les populations vivantes ont permis d'évaluer l'adaptation au froid des groupes autochtones, de déterminer la composition du corps des adultes, et d'étudier la croissance et le développement des enfants. Les anthropologues physiques au Canada ont grandement contribué à la connaissance de l'étiologie de maladies complexes telles que le DIABÈTE SUCRÉ non insulinodépendant chez les peuples autochtones du Canada, et les maladies cardiovasculaires chez les Inuits et les Sibériens apparentés. Les impacts de forces micro-évolutionnaires spécifiques (la dérive génétique, le flux génétique) et de facteurs sociaux (p. ex. les effets de la nuptialité sur les caractéristiques génétiques des populations) ont été examinés chez des groupes aussi divers que les autochtones du subarctique et les groupes isolés des îles des Caraïbes. Les effets du flux génétique sur les relations génétiques parmi les autochtones du Canada, et la découverte de liens génétiques entre les Sibériens et les autochtones du Canada et d'Amérique du Nord ont encouragé les études sur l'origine des premiers habitants des Amériques. Celles-ci sont principalement menées par des généticiens étrangers.
Un groupe d'anthropologues physiques de l'université de Calgary se concentre sur l'étude des comportements des primates, et plus particulièrement sur la dominance sociale, les stratégies de reproduction, et l'histoire de vie des femelles. On s'intéresse également à la conservation des espèces primates non humaines.
Le développement de l'anthropologie physique au Canada pendant la deuxième moitié du XXe siècle était lié au progrès de la discipline aux États-Unis. Les Canadiens ont grandement contribué à ce développement en servant d'éditeurs en chef pour les premiers périodiques dans le domaine. Parmi ceux-ci on retrouve le American Journal of Physical Anthropology, le Yearbook of Phyiscal Anthropology, et le American Journal of Primatology. En ce début du XXIe siècle, des anthropologues physiques canadiens ont été élus à la SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA. De plus, des anthropologues physiques avec de prestigieuses chaires de recherche du Canada se retrouvent aux universités de Calgary, du Manitoba, Western Ontario et McMaster.
Les universités canadiennes qui offrent des programmes de doctorat en anthropologie physique incluent Simon Fraser, Alberta, Calgary, Manitoba, Toronto, McMaster et Montréal. En plus des universités déjà mentionnées, celles de Victoria, Trent, Western Ontario et Memorial offrent toutes des programmes au niveau de la maîtrise. L'organisme professionnel est l'Association canadienne d'anthropologie physique.