Hôtel Banff Springs | l'Encyclopédie Canadienne

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Hôtel Banff Springs

L’hôtel Banff Springs est un hôtel de luxe situé dans le parc national Banff, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984, en Alberta. Ce célèbre bâtiment canadien illustre parfaitement ce qu’est un hôtel de villégiature; devenu, en 1988, lieu historique national, il s’intègre à l’important réseau des parcs nationaux du Canada. Sa réputation lui vient de sa conception architecturale unique s’inscrivant dans le cadre naturel grandiose des montagnes Rocheuses et de sa capacité à favoriser une culture sportive et de loisirs extrêmement dynamique. C’est la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique, le CP, qui construit cet hôtel emblématique pour en faire l’un des maillons du réseau hôtelier que l’entreprise ferroviaire a décidé d’ériger dans les jeunes cités canadiennes d’un océan à l’autre afin d’encourager les voyageurs à emprunter ses lignes transcontinentales. L’hôtel Banff Springs s’inscrit parfaitement dans la lignée d’autres établissements comme le Château Lake Louise en Alberta, le Château Frontenac à Québec au Québec et l’hôtel Empress à Victoria en Colombie Britannique. Surnommé « Castle in the Rockies » (le château dans les Rocheuses), son style extérieur est essentiellement Scottish baronial (seigneurial écossais) et l’intérieur a été conçu dans l’esprit du mouvement anglais de rénovation des arts et métiers Arts and Crafts.
H\u00f4tel Banff Springs en 1902

Vallée de la Bow

L’hôtel Banff Springs est bâti sur un site serti de cours d’eau, de forêts et de montagnes, bénéficiant, en outre, des bienfaits d’une source minérale chaude. L’établissement, niché entre le mont Castle, la chaîne Fairholme, le Tunnel Mountain et le mont Rundle, offre un certain nombre de points de vue à couper le souffle. La construction de l’hôtel, le plus haut possible en surplomb du point de rencontre des rivières Bow et Spray, est largement motivée par la proximité des sources thermales chaudes jaillissant des hauteurs de Banff dont on promeut amplement le caractère thérapeutique. À l’origine, l’hôtel Banff Springs est étroitement lié à l’adoption du projet de loi sur le chemin de fer canadien de 1881 sous l’autorité du premier ministre Sir John A. Macdonald. C’est à cette époque, en 1885, que la Compagnie des chemins de fer du Canadien Pacifique achève la construction de sa route transcontinentale en Colombie‑Britannique. Par la suite, le CP entreprend d’édifier des solutions d’hébergement à l’intention de celles et ceux qui utilisent ses lignes. La construction de l’hôtel Banff Springs marque l’une des toutes premières étapes de cette vaste entreprise.

Histoire architecturale

Dans les années 1880, on compte, parmi les touristes, des personnes fortunées qui, au cours d’un voyage, résident successivement dans différentes stations thermales. Cornelius Van Horne, homme d’affaires de premier plan et président du CP, souhaite offrir à ces voyageurs partis à la découverte de l’Ouest une expérience unique dans un hôtel de luxe. Il défend alors ardemment la protection des sources thermales chaudes de Banff, les voyant comme une occasion de mise en valeur d’une ressource naturelle exceptionnelle d’un grand raffinement en complément des services hôteliers qu’il entend offrir. En 1905, sa vision est devenue réalité et les visiteurs affluent à l’hôtel en provenance du monde entier.

Dans sa première version, l’établissement est achevé en 1888 par l’architecte américain Bruce Price avec en tête cette cible composée de riches clients étrangers. Bruce Price architecture un bâtiment de cinq étages autour d’une charpente en bois d’une dimension jamais vue et relie la source thermale minérale à de nombreux bassins par l’entremise d’un impressionnant réseau de tuyaux. Il intègre, dans sa conception, l’idée que l’architecture d’un bâtiment doit constituer un élément organique de son environnement, un concept typique de la pensée architecturale de l’époque, tout en faisant d’un luxe étourdissant la marque caractéristique de son projet. Le style du bâtiment se laisse aller à de nombreux emprunts aux styles « châteaux français » et « victorien tardif », un mélange caractéristique de l’architecture canadienne de l’époque. L’hôtel, doté d’une toiture à comble en croupe à forte pente, de lucarnes, de tourelles, de baies vitrées et d’un toit de bardeaux en cèdre, peut accueillir 280 personnes. Ses hauts sommets élancés s’intègrent parfaitement à l’océan de pins et de sapins qui l’entourent.

En 1899, le Banff Springs offre à ses clients les services de guides de montagne suisses. Ces expéditions sportives en altitude ou sur des cours d’eau sous la conduite d’un professionnel témoignent de l’évolution de la culture touristique de l’époque. Face à une demande d’hébergement toujours plus importante, l’établissement connaît, entre 1900 et 1910, une période de modernisation et d’agrandissement, un demi‑million de dollars étant notamment investi dans l’ajout d’un nouveau bâtiment de cinq étages au sud du bâtiment principal, dont la réalisation est confiée aux architectes montréalais Hutchinson, Wood et Miller. En 1910, la capacité maximale de l’hôtel est une nouvelle fois rapidement atteinte et la multiplication des opérations d’agrandissement met à mal l’esthétique majestueuse mise en avant par la direction du Banff Springs. C’est avec cette contrainte à l’esprit que le CP fait appel à l’architecte américain W.S. Painter pour concevoir un concept global plus cohérent. Il entreprend la construction d’une tour centrale de 11 étages pouvant accueillir 300 clients supplémentaires qui sera achevée en 1914 et aura coûté deux millions de dollars. Ce nouveau bâtiment, construit dans un style novateur mélangeant l’acier et le béton, devient l’édifice le plus élevé du Canada à cette époque. Tout en s’inscrivant clairement dans la lignée du concept architectural de château français imaginé par Bruce Price, W.S. Painter introduit de nouvelles influences relevant essentiellement du style seigneurial écossais. Modifiant notablement l’esthétique de départ, il remplace les bardeaux de cèdre et les tourelles d’origine par des lucarnes à toit plat et des fenêtres en plein cintre circulaires ornant une façade en pierre calcaire. Dotée de baies vitrées et de balcons, l’architecture du bâtiment offre aux occupants une vision panoramique des montagnes environnantes et du paysage dans son ensemble. La nouvelle tour de l’hôtel comprend une zone de baignade proposant toute une série de services et de soins, notamment des bains turcs et russes, à l’eau douce froide, à l’eau minéralisée chaude et privatifs au soufre. Afin d’encore améliorer l’image de l’hôtel, les travaux sont réalisés en collaboration avec Kate Reed, épouse du directeur des hôtels du CP, comme décoratrice d’intérieur.

Au cours des années 1920 et 1930, le Banff Springs connaît plusieurs périodes d’important essor. En vue de captiver et de divertir ses clients dont elle souhaite faire un véritable public et de profondément enraciner l’hôtel dans la culture locale, la direction organise différentes manifestations dans le cadre de l’établissement, notamment un festival d’été présentant des danses et des chants stoney, un peuple autochtone local, ainsi qu’un festival de musique. Les activités et services proposés ayant permis à cet hôtel haut de gamme de devenir le principal haut lieu touristique des Rocheuses ont varié au fil du temps en fonction des évolutions culturelles de la région. On peut notamment citer l’équitation, le canoë‑kayak, la descente en eaux vives, le tennis et le golf, un parcours de 18 trous ayant été construit en 1927.

Incendie

En 1926, un incendie dévastateur réduit en cendres l’aile nord de l’hôtel. En 1927 et 1928, la direction investit un budget de neuf millions de dollars pour mener à bien les plans de W.S. Painter en remplacement du bâtiment en bois détruit. Un nouvel architecte, J.W. Orrock, se charge de mettre à jour ce projet, lui donnant une nouvelle ampleur et modifiant l’esthétique de la ligne de toit. Les travaux débutent par la construction de nouvelles ailes nord et sud en acier et en béton recouvertes d’une façade en roche de Rundle et placées perpendiculairement à la tour centrale. Les chambres sont entièrement décorées et équipées dans une grande variété de styles, tandis que les halls, d’un faste et d’un luxe somptueux, font massivement appel à la pierre de Tyndall, arborant des boiseries en chêne, des vitraux, une fontaine de marbre, de nombreux chandeliers d’appliques décoratifs Tiffany, des plafonds en caisson et, au sol, de magnifiques dalles de chaux. Entre 1942 et 1945, le Banff Springs doit fermer en raison de la Deuxième Guerre mondiale. Après la guerre, la clientèle évolue et s’étend aux membres de la classe moyenne qui ont désormais accès à des possibilités touristiques réservées, dans le passé, à l’élite. L’année 1969 marque également une étape importante dans l’histoire de l’hôtel qui, à compter de cette date, ouvre ses portes en toute saison.

En 1987, la direction investit 100 millions de dollars en travaux de restauration et de rénovation en vue des Jeux olympiques d’hiver de 1988. L’hôtel se targue d’être une destination de choix et son personnel se montre donc particulièrement méticuleux pour tout ce qui concerne l’entretien, la présentation et le maintien dans un état impeccable de la décoration et de l’architecture qu’elle souhaite préserver. En 1997, la direction effectue de nouveaux travaux de restauration pour un montant de huit millions de dollars. La clientèle des années 1990 souhaite pouvoir profiter, dans le cadre enchanteur de l’hôtel, d’un centre pouvant accueillir des congrès ou des conférences. C’est le cabinet d’architecture Carruthers, Marshall and Associates qui prend en charge, à cette époque‑là, les travaux de rénovation d’un montant de 25 millions de dollars visant à satisfaire ce nouveau besoin. Enfin, en 1995, l’architecte de Calgary Robert LeBlond mène à bien, en s’appuyant sur un budget de 12 millions de dollars, la construction d’un nouveau spa luxueux pour l’hôtel.

Globalement, le Banff Springs affiche de nombreuses influences européennes que l’on peut discerner dans le décor, le mobilier et la décoration intérieure; toutefois, des images canadiennes de la culture autochtone locale et des motifs floraux, également locaux, complètent harmonieusement cette identité. Les traditions Arts‑and‑Crafts, qu’elles soient françaises, écossaises ou espagnoles, sont parfaitement visibles dans les différentes chambres. On a sollicité des fabricants aussi bien canadiens qu’européens pour la décoration et les équipements intérieurs, notamment l’entreprise Castle and Son de Montréal qui a fourni l’ameublement en bois, ainsi que différents artisans spécialisés pour le lustre en cristal de bohème et les vitraux du salon Riverview. À l’image d’une clientèle internationale, l’hôtel donne à voir, dans ses espaces intérieurs, une très grande variété de langages esthétiques.

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