Premiers édifices religieux de la rue Notre-Dame
Lors de la fondation de Ville-Marie en 1642 (qui deviendra plus tard la Ville de Montréal), une petite chapelle est construite à l’intérieur de la palissade, plus précisément à la Pointe-à-Callière. Les Jésuites qui en assument la direction la consacrent à Notre Dame. Puis, avec l’arrivée de la communauté des Sulpiciens naît le besoin de remplacer la petite chapelle par une église plus imposante. C’est à un membre de cette communauté, François Dollier de Casson (1636–1701), que sont confiés les plans architecturaux de cette nouvelle construction. De style baroque, elle est érigée rue Notre-Dame entre 1672 et 1683.
Construction de l’édifice actuel
En 1800, la population montréalaise ayant beaucoup augmenté, l’église est à nouveau trop petite pour répondre aux besoins grandissant de la communauté. Le conseil de fabrique, avec l’aide du Séminaire Saint-Sulpice, décide de construire un nouvel édifice et confie la tâche d’en réaliser les plans à l’architecte James O’Donnell (1774–1830) de New York. Ce dernier choisit le style néo-gothique, alors très en vogue en Europe et aux États-Unis, pour l’érection de la nouvelle église.
Cette construction est exécutée en dépit des vigoureuses critiques de l'abbé Jérôme Demers de Québec, dont les goûts architecturaux sont plutôt traditionnels. Il dénonce le « protestantisme » du style néo-gothique et du plan rectangulaire (sans abside ni transepts) choisis pour l'église. Toutefois, la proposition de James O’Donnell aura un impact déterminant sur l’histoire architecturale canadienne à venir, car à partir de ce moment et pour les 100 années à venir, le style néo-gothique sera étroitement associé à l’architecture religieuse du pays, et ce, presque toutes confessions confondues.
Les travaux de l’église Notre-Dame débutent en 1824 pour se terminer en 1829. Inaugurée le 15 juillet 1829, elle peut accueillir entre 8 000 et 10 000 fidèles et est, à cette époque, la plus grande église en Amérique du Nord. Toutefois, O’Donnell ne verra jamais son œuvre complètement achevée, car il décède le 28 janvier 1830 alors que les travaux de la décoration intérieure ne sont pas encore terminés. Converti au catholicisme quelques mois avant son décès, il est enterré dans le caveau de l’église.
De plus, il faudra une dizaine d’années avant que les deux tours frontales de l’église conçues par son architecte soit parachevés. En 1841, la première tour (ouest) est complétée sous la direction de John Ostell (1813–1892). Elle est surnommée La Persévérance, et dans celle-ci se trouve toujours le gros bourdon qui pèse environ 11 000 kg. Puis en 1843, la seconde tour baptisée La Tempérance est complétée et un carillon de 10 cloches y est installé.
Rénovation du décor intérieur et transformations au cours du XXᵉ siècle
À partir de 1872, la décoration intérieure de l’église est revue sous la direction de l’architecte montréalais Victor Bourgeau (1809–1888). Ce dernier choisit des couleurs et des motifs qui rappellent la décoration intérieure de la Sainte-Chapelle à Paris. Il faudra près de 10 ans pour transformer le sanctuaire et les confessionnaux, et installer de nouvelles moulures et les peindre. Les années 1880 voient d’autres transformations, notamment l’érection d’une chaire de 14 mètres de hauteur sculptée par l’artiste Louis-Philippe Hébert (1850–1917), l’installation d’icônes et de sculptures, et le remplacement de tous les bancs.
En 1889, la nouvelle chapelle de Notre-Dame du Sacré-Cœur est construite et sert aux cérémonies avec une plus petite assistance. Elle est inaugurée le 8 décembre 1891 (elle sera endommagée par un incendie en 1978 et reconstruite en 1980), de même que des grandes orgues commandées aux Casavant Frères. La chapelle abrite aujourd’hui un retable de bronze réalisé par l’artiste québécois Charles Daudelin et un orgue mécanique de la maison Guilbault-Thérien.
Témoin de milliers d’activités religieuses, l’église Notre-Dame célèbre entre autres, en 1873, les funérailles de sir George-Étienne Cartier et accueille en 1910, le Congrès eucharistique. C’est en 1929, année du centenaire de l’église, que les grands lampadaires du parvis sont installés et en 1930–1931 que sont réalisé une série de vitraux commémoratifs. Les fonts baptismaux sont quant à eux finement décorés par le peintre Ozias Leduc (1864–1955).
Tout au long du XXe siècle, diverses modifications changent l’aspect de l’église dont la plus importante est sans doute l’installation de l’autel au centre du sanctuaire, modification amenée par le Concile Vatican II.
Reconnaissance patrimoniale
Le 21 avril 1982, l’église Notre-Dame devient basilique mineure par bref apostolique. Sa valeur historique, architecturale et artistique est ainsi reconnue, de même que son importance pastorale. Elle reçoit, en 1984, la visite du pape Jean-Paul II et en 2000, les funérailles de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau y sont célébrées. En 1989, elle est désignée lieu historique national du Canada. Elle est également comprise dans le Site patrimonial de Montréal qui englobe l’ancienne ville fortifiée ainsi que des parcelles des anciens faubourgs, le secteur de Pointe-à-Callière et du Vieux-Port de Montréal. De plus, elle héberge des trésors archéologiques de grande valeur ethnologique dans sa périphérie et sous son parvis (voir Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal).
Malgré son importance au plan touristique (2 500 personnes y défilent par jour en période d’affluence), la basilique maintient toutefois sa mission religieuse : c’est un lieu de culte où sont célébrés plus de 120 baptêmes et un tout aussi grand nombre de mariages chaque année.
En raison de son acoustique remarquable et ses grandes orgues, de nombreux concerts y sont présentés par des orchestres de renoms, dont l’Orchestre symphonique de Montréal. Depuis 2004, la basilique propose chaque été le Festival International des Grandes Orgues de Notre-Dame de Montréal et elle accueille, depuis 2008, différentes activités du Concours international d’orgue du Canada (CIOC) dont l’un des objectifs est de permettre au public de se familiariser avec l’orgue et les lieux patrimoniaux qui abritent ces instruments hors du commun.
Voir aussi Architecture ‒ histoire de l’architecture : 1759-1867; Le style néo-gothique et d’autres styles renaissants dans l’architecture canadienne du XXe siècle