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Bernard Belleau

Joseph Rolland Bernard Belleau, MSRC, O.C., biochimiste, chimiste médical (né le 15 mars 1925 à Montréal, au Québec; décédé le 4 septembre 1989 à Sainte-Anne-des-Lacs, au Québec). Bernard Belleau a été un pionnier canadien de la chimie thérapeutique, fusionnant les domaines de la chimie synthétique, de la biochimie, et de la pharmacologie pour une utilisation en médecine. Il a été acclamé pour sa découverte du médicament 3TC (2',3'-didéoxy-3'-thiacytidine), aussi connu sous les noms lamivudine ou Epivir, et utilisé comme antiviral pour le VIH/sida. Il a également développé le butorphanol (Stadol) dans l’espoir de pouvoir avoir une alternative à la morphine qui est utilisée pour traiter la douleur, sans avoir ses effets de dépendance. Les découvertes de Bernard Belleau ont amélioré le sort de la santé humaine et ont sauvé des millions de vies à l’échelle mondiale.

Bernard Belleau

Jeunesse et éducation

Bernard Belleau naît à Montréal le 15 mars 1925, il est l’enfant de Marguerite Croteau (ville de Québec) et de Rolland Belleau (Plessisville, Québec). Durant son enfance, ses champs d’intérêt et sa soif de savoir le mènent à éventuellement poursuivre une carrière en chimie. Il obtient un baccalauréat en sciences (1947) et une maîtrise en sciences (1948) à l’Université de Montréal. Il complète ensuite son doctorat en biochimie en 1950 à l’Université McGill sous la supervision du docteur Robert Donald Hoskin Heard.

Faits saillants de carrière

En 1951, le talent émergent de Bernard Belleau se concrétise avec la découverte d’une nouvelle réaction chimique (la Fujimoto-Belleau reaction) utilisée dans la synthèse de composés à base de stéroïdes. La Fujimoto-Belleau reaction est nommée en l’honneur de Bernard Belleau, qui est alors au Sloan Kettering Institute, et de George Iwao Fujimoto, de la University of Utah.

En 1955, Bernard Belleau est embauché comme professeur adjoint par l’Université Laval à Québec. C’est là qu’il commence son travail sur le développement d’une solution de remplacement à la morphine, un puissant antidouleur.

Il est recruté par le département de chimie de l’Université d’Ottawa en 1958, et ses recherches se concentrent sur la création de médicaments personnalisés afin de produire des thérapies médicales plus efficaces.

En 1971, Bernard Belleau retourne à l’Université McGill en tant que professeur du département de chimie. Sa nomination par le président, le docteur Leo Yaffe, est un ajout important au développement de ce département.

La découverte de l’analgésique butorphanol (un antidouleur semblable à la morphine) se produit alors que Bernard Belleau est directeur des recherches aux Laboratoires Bristol du Canada à Candiac, sur la rive-sud de Montréal, au début des années 1970. Cette découverte est basée sur des travaux que Bernard Belleau avait entrepris antérieurement alors qu’il était à l’Université Laval au début des années 1950. En 1976, la Division of Medicinal Chemistry de la American Chemical Society lui décerne un prix pour ses recherches. Ceci marque la première fois qu’un prix de la American Chemical Society est décerné à un scientifique à l’extérieur des États-Unis. Cette même année, Bernard Belleau est également intronisé au American Chemical Society Hall of Fame.

En 1987, Bernard Belleau est nommé au Centre Armand-Frappier de l’Université du Québec à Laval. La découverte monumentale du 3TC survient en 1989. L’élaboration du 3TC est entreprise par Bernard Belleau à IAF-Biochem International, une compagnie qu’il cofonde. Cette compagnie devient par la suite BioChem Pharma, une des compagnies biotechnologiques/pharmaceutiques ayant le plus de succès au Canada à cette époque. (Voir aussi Industrie pharmaceutique.)

Découvertes clés

Bernard Belleau conçoit le médicament 3TC pour lutter contre le virus de l’immunodéficience humaine, le VIH, qui cause le sida. À cette époque, l’AZT (Zidovudine, Retrovir) est le seul médicament disponible pour traiter le VIH. Bernard Belleau veut créer un médicament qui serait plus efficace pour prévenir une infection par le VIH.

Bernard Belleau conçoit la modification clé par la substitution d’un atome de soufre à un atome de carbone à la position 3’ d’un autre nucléoside, le désoxycytidine. Cette substitution arrête la synthèse de l’ADN viral (réplication) dans son élan. (Voir aussi Virus.)

Structures chimiques de la désoxycytidine et du 3TC

Un élément clé du nouveau médicament de Bernard Belleau, le 3TC, est sa précision accrue pour cibler le virus du VIH et prévenir l’infection chez les patients. La combinaison de l’AZT et du 3TC (ils sont parfois combinés avec d’autres médicaments) est efficace pour bloquer la réplication virale dans les cellules infectées.

Avec le docteur Mark Wainberg du Centre SIDA McGill, Bernard Belleau développe un médicament qui demeure un élément essentiel de la thérapie antirétrovirale pour des dizaines de millions de personnes atteintes du sida dans le monde entier.

Vie ultérieure

Le 4 septembre 1989, Bernard Belleau meurt d’une crise cardiaque dans sa maison de campagne au lac Marois dans les Laurentides, au nord de Montréal. Il n’a pas eu l’occasion de voir les fruits de ses recherches et leur impact mondial.

Avec Francesco Bellini et Gervais Dionne, IAF-Biochem International, qui a été fondé en 1986, devient Biochem Pharma en 1992. C’est l’impact des découvertes de Bernard Belleau qui génère une crédibilité pour la création de l’une des compagnies de biotechnologie les plus en vue du Canada jusqu’à ce qu’elle soit vendue à Shire en 2000 pour 4 milliards de dollars américains.

La Société canadienne de chimie parraine le prix Bernard-Belleau et les conférences depuis 1983.

Le 3TC est l’un des antiviraux utilisés pour traiter le VHI/sida et il est classé comme médicament essentiel par l’Organisation mondiale de la santé.

Le saviez-vous?
« … un jour, le 3TC pourrait être reconnu comme étant la plus importante contribution médicale du Canada après la découverte de l’insuline en 1921. »
- Docteur Mark Wainberg, directeur du Centre SIDA McGill, dans Beating Aids: A ‘cocktail’ treatment of several drugs offers hope,” magazine Maclean’s du 15 juillet 1996.


Distinctions et prix

  • Prix Merck, Sharpe & Dohme, Institut de chimie du Canada (1962)
  • Membre, Société royale du Canada (1968)
  • Prix Acfas Léo-Pariseau, Acfas (1970)
  • Division of Medicinal Chemistry Award, American Chemical Society Award (1976)
  • Intronisé au Hall of FameAmerican Chemical Society (Division of Medicinal Chemistry) (1976)
  • Prix Marie-Victorin des Prix du Québec, gouvernement du Québec (1978)
  • Médaille McLaughlin, Société royale du Canada (1979)
  • Doctorat honorifique en sciences, Université Laval (1979)
  • Doctorat honorifique en sciences, Memorial University (1981)
  • Officier, Ordre du Canada (1981)
  • Doctorat honorifique en sciences, Université de Camerino, Italie (1987)
  • Médaille de l’Institut Armand-Frappier (à titre posthume) (1989)
  • Prix Galien (à titre posthume), The Galien Foundation (1996)
  • Intronisé, Temple de la renommée médicale canadienne (2000)