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Brian Mulroney

Martin Brian Mulroney, C.P., C.C., G.O.Q., avocat, homme d’affaires, politicien, premier ministre du Canada de 1984 à 1993 (né le 20 mars 1939 à Baie-Comeau, au Québec; décédé le 29 février 2024 à Palm Beach, Floride, É.-U.A.). En tant que chef du Parti progressiste-conservateur, Brian Mulroney a obtenu le plus grand nombre de sièges de l’histoire (211) aux élections de 1984. Il a conclu l’historique accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique (ALENA), et a supervisé l’adoption de l’impopulaire taxe sur les produits et services (TPS). Il a aussi utilisé son influence politique pour tenter de convaincre le gouvernement du Québec, en vain, de signer la Constitution. (Voir Accord du lac Meech et Accord de Charlottetown.) Brian Mulroney s’est opposé fermement à l’apartheid et a beaucoup fait pour protéger l’environnement. Cela étant dit, sa popularité historiquement faible a conduit à une défaite sans précédent en 1993, qui a plongé le Parti conservateur dans le désarroi pendant une décennie.

Brian Mulroney

Formation et début de carrière

Brian Mulroney est le fils d’immigrants irlandais. Le père de Mulroney est électricien et souhaite avant tout que ses enfants ne finissent pas à l’usine de pâte à papier qui domine à l’époque l’activité économique de la petite ville de Baie-Comeau. (Voir aussi Villes de ressources primaires au Canada.)

Brian Mulroney fréquente l’école secondaire privée St. Thomas, à Chatham, au Nouveau-Brunswick, puis l’Université Saint Francis Xavier, à Antigonish, en Nouvelle-Écosse. Il y poursuit des études en sciences politiques, rejoint le club des conservateurs du campus et devient premier ministre au Parlement interuniversitaire de l’Atlantique. En 1956, il participe à la campagne de John Diefenbaker, qui devient chef du parti. Plutôt habile malgré son jeune âge, parfaitement bilingue et d’un tempérament grégaire, Mulroney retourne au Québec en 1961 pour faire des études de droit à l’Université Laval.

Avocat et homme d’affaires

En 1964, Brian Mulroney entre dans un grand cabinet d’avocats à Montréal (aujourd’hui Norton Rose Fulbright). Il se spécialise très vite dans les négociations collectives, en tant que représentant des entreprises comme la Compagnie minière IOC et la Power Corporation of Canada. Lorsque son père meurt en 1965, Brian Mulroney doit alors assumer de lourdes responsabilités familiales.

De 1974 à 1975, au moment où il siège à la Commission Cliche sur la violence et la corruption dans l’industrie du bâtiment au Québec, Brian Mulroney retient l’attention du public par ses prises de position explicites et fermes. Il est alors l’organisateur conservateur en chef et responsable des campagnes de financement dans la province. Il ne s’est pas encore présenté à une quelconque élection, mais en 1976, on le considère comme un candidat de choix pour la direction du parti fédéral. Il est toutefois défait au troisième tour du scrutin.

Brian Mulroney devient vice-président de la Compagnie minière IOC en 1976. En tant que président de cette entreprise de 1977 à 1983, il encourage de bonnes relations patronales-syndicales, si bien qu’à la fin de son mandat, il parvient à mettre fin aux activités de l’usine de Schefferville, au Québec, sans engendrer de graves répercussions politiques.

Brian Mulroney se présente à nouveau comme candidat à la direction du Parti conservateur en 1983, avec une campagne sans envergure pour répondre aux attaques selon lesquelles sa campagne de 1976 aurait été trop superficielle et tape-à-l’œil. Il remporte la victoire contre Joe Clark au dernier tour du scrutin : 1584 voix contre 1325.

Chef de l’opposition

Brian Mulroney est élu député de Central Nova en 1983-1984. En tant que chef de l’Opposition, il se montre habile gestionnaire en se concentrant sur le rétablissement de son parti, quelque peu ébranlé, et en construisant une solide machine électorale. Modéré et conciliant de nature, il milite en faveur du renforcement du secteur privé et de la réduction de l’intervention du gouvernement dans l’économie. Il milite aussi pour les droits des minorités francophones, un resserrement des relations américano-canadiennes et une plus étroite collaboration entre le gouvernement fédéral et les provinces.

Aux élections générales de 1984, Brian Mulroney mène une campagne presque sans faute contre les libéraux du premier ministre John Turner. (Sa critique de Turney pour n’avoir nommé que des fidèles de l’ancien premier ministre Pierre Trudeau, « Vous aviez le choix, monsieur », est considérée comme l’un des coups les plus décisifs jamais portés dans un débat des chefs fédéraux.) Brian Mulroney s’empare du siège de Manicouagan, où il réside, tandis que les conservateurs remportent 211 sièges, le plus grand nombre jamais gagné dans l’histoire du Canada.

Brian Mulroney a toujours insisté sur l’importance du Québec pour les conservateurs. Il s’engage à faire en sorte d’intégrer le Québec dans la Constitution « avec honneur et enthousiasme », et parvient ainsi à persuader de nombreux nationalistes du Québec de soutenir les conservateurs. Le parti gagne 58 sièges dans cette province, une percée que Brian Mulroney avait promise. Le 17 septembre 1984, il prête serment en tant que 18e premier ministre du Canada.

Réformes économiques et constitutionnelles

Les deux premières années du gouvernement Mulroney sont marquées par l’indécision et les scandales de son Cabinet. Cependant, dès le printemps 1987, il lance les deux mesures importantes qui vont marquer son premier mandat : la négociation de l’Accord du lac Meech et la conclusion d’un accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis, signé en octobre de la même année. (Voir Accord du lac Meech : document.) L’ALE devient la question centrale aux élections fédérales de 1988. Cela dit, les conservateurs réussissent à battre un Parti libéral en résurgence autour duquel se rassemblent tous les opposants à l’ALE. L’ALE entre en vigueur le 1er janvier 1989.

Mais l’Accord du lac Meech s’effrite graduellement. Il s’effondre complètement en juin 1990. Cet échec est dû en partie au choix hasardeux que fait Brian Mulroney de programmer la conférence finale des premiers ministres trop proche de la date d’échéance. (Voir aussi La mort de l’accord du lac Meech.)

NAFTA

La popularité du gouvernement Mulroney baisse de nouveau dans les sondages quand il impose la taxe sur les produits et services (TPS). Cette dernière entre en vigueur le 1er janvier 1991. Afin que le projet de loi soit accepté par la Chambre haute, Mulroney doit faire appel à ses partisans du Sénat. Il est largement critiqué pour s’être engagé dans le même type de favoritisme et de corruption politique que celui contre lequel il s’était autrefois élevé.

Les critiques rejettent la sévérité de la récession qui frappe le pays au début des années 1990 sur l’ALE. Les conservateurs, toutefois, poursuivent leur politique de libéralisation des échanges et négocient l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui inclut cette fois le Mexique.

À l’automne 1992, Brian Mulroney tente de conclure un nouveau pacte constitutionnel. Toutefois, sa popularité atteint, selon les sondages, le score le plus faible jamais atteint par un premier ministre du Canada. Après maintes négociations et commissions, l’Accord de Charlottetown est proposé, mais celui-ci est rejeté lors d’un référendum national. (Voir Accord de Charlottetown : document.)

Apartheid et environnement

Brian Mulroney est surtout connu pour ses politiques économiques et constitutionnelles, mais son bilan en matière d’affaires étrangères et de protection de l’environnement est également notoire. Contrairement à la première ministre britannique Margaret Thatcher et au président américain Ronald Reagan, Brian Mulroney adopte une position ferme contre l’apartheid. Il recommande de lourdes sanctions économiques et diplomatiques contre l’Afrique du Sud. Peu de temps après sa libération d’une geôle d’Afrique du Sud en 1990, l’activiste antiapartheid Nelson Mandela remercie publiquement le Canada pour son soutien. (Voir Nelson Mandela : un point faible pour le Canada.)

Brian Mulroney prend également de solides mesures pour protéger l’environnement. En 2006, il est élu « le plus vert » des premiers ministres de toute l’histoire du Canada lors d’un sondage mené par Corporate Knights : The Magazine for Clean Capitalism. En 1991, Mulroney négocie l’Accord sur les pluies acides avec les États-Unis. Cette entente sur la qualité de l’air permet de réduire considérablement les pluies acides et les émissions de dioxyde de soufre (SO2). (Voir aussi Pollution de l’air.) À son poste de premier ministre, il fait également adopter la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1988) et crée huit nouveaux parcs nationaux.

Mulroney et Mandela

Retrait de la vie politique

En novembre 1992, la popularité de Brian Mulroney n’est qu’à 12 %, le plus bas score pour un premier ministre dans l’histoire canadienne. Non sans avoir tergiversé, il annonce sa décision de quitter la politique en février 1993. Brian Mulroney s’est distingué par sa capacité à former une coalition de Québécois et de militants de l’Ouest et à unir le Parti conservateur traditionnellement divisé. Toutefois, les échecs constitutionnels de Mulroney, les problèmes économiques résultant de la récession persistante, l’imposition de la TPS qui a du mal à passer et sa propre impopularité assombrissent son avenir politique et celui de son parti.

Brian Mulroney cède son poste de premier ministre à Kim Campbell le 25 juin 1993. La coalition des conservateurs se désintègre toutefois aux élections le 25 octobre 1993. Seulement deux conservateurs sont élus dans tout le Canada, et le parti perd son statut de parti officiellement représenté à la Chambre des communes. C’est un désastre sans précédent dans l’histoire politique du Canada et beaucoup l’attribuent aux erreurs de Mulroney et à son impopularité.

Carrière post-politique

Brian Mulroney est associé principal au sein du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright (anciennement Ogilvy Renault) depuis 1993. En juin 1997, le gouvernement fédéral libéral présente ses excuses à Mulroney pour les fausses accusations selon lesquelles il aurait été coupable de fraude dans le scandale d’Airbus.

En 1998, Mulroney est nommé président de Forbes Global Business and Finance, l’édition internationale anglophone du magazine Forbes. Il est aussi fait Compagnon de l’Ordre du Canada.

Brian Mulroney agit aussi à titre de directeur pour plusieurs conseils d’administration d’entreprises privées. En 2014, il est nommé président de Québécor Inc., une entreprise médiatique basée à Montréal.

Vie personnelle et famille

En 1973, Brian Mulroney épouse Mila Pivnicki, une Canadienne d’origine serbe de 19 ans qui a immigré au Canada avec sa famille en 1958. Ils ont quatre enfants : Caroline (née en 1974), Ben (né en 1976), Mark (né en 1979) et Nicolas (né en 1985).

Caroline Mulroney présente sans succès une candidature à la direction du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario en 2018. La même année, elle est élue députée provinciale de York-Simcoe. Elle a occupé le poste de ministre des Transports et celui de ministre des Affaires francophones. Ben Mulroney est un animateur de télévision qui s’est fait connaître à l’échelle nationale en tant qu’animateur de Canadian Idol, de l’émission d’information sur le divertissement etalk, et de l’émission matinale phare de CTV, Your Morning. Mark et Nicolas Mulroney travaillent tous deux dans le secteur bancaire.

Patrimoine

L’échec lamentable des accords du lac Meech et de Charlottetown, combiné à l’ opinion publique virulente à l’égard de la TPS et des scandales de corruption de Brian Mulroney, a entraîné l’effondrement de sa popularité et les résultats désastreux des élections de 1993; cela a brisé le Parti conservateur en plusieurs factions et l’a envoyé dans le désert politique pendant plus d’une décennie. Les résultats sont plus mitigés en ce qui concerne sa promotion du libre-échange, qui s’inscrit dans la tendance générale à la mondialisation. Le libre-échange a en effet apporté la prospérité économique à certains égards, mais il a aussi entraîné l’érosion de la classe moyenne et l’aggravation de l’inégalité des revenus.

Cependant, le bilan de Brian Mulroney en matière de droits de la personne et d’environnement est à la fois solide et réussi. De plus, la TPS, autrefois décriée, s’est depuis avérée remarquablement efficace pour assurer la stabilité financière du gouvernement fédéral. Comme Brian Mulroney l’a dit un jour à TVOntario, « tous les ministres des Finances du Canada seraient acculés au pied du mur sans cette taxe ». En 2010, l’économiste en chef adjoint de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a qualifié l’introduction de la taxe de « l’une des meilleures mesures prises par les gouvernements fédéraux au cours des dernières décennies ».

Voir aussi Chronologie : Élections et premiers ministres fédéraux.

Distinctions honorifiques et prix

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