Ceinture de verdure de l’Ontario | l'Encyclopédie Canadienne

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Ceinture de verdure de l’Ontario

La ceinture de verdure de l’Ontario, également connue comme la région élargie du Golden Horseshoe, compte environ 800 000 hectares d’espaces verts et de terres agricoles protégés de façon permanente en Ontario. Elle figure parmi les nombreuses ceintures de verdure importantes dans le monde, y compris les réserves de terres agricoles en Colombie-Britannique au Canada et les ceintures de verdures à Copenhague, au Brésil, à Londres, en Angleterre et ailleurs. La ceinture de verdure forme une « ceinture » autour de la région élargie du Golden Horseshoe, la région la plus densément peuplée du Canada. La région comprend des municipalités telles que Toronto, Oakville, Pickering, Hamilton et Mississauga et s’étend depuis Rice Lake à l’est jusqu’à la rivière Niagara à l’ouest. La ceinture de verdure a été créée en 2005 pour protéger contre l’étalement urbain et le développement les terres agricoles de qualité et les ressources écologiquement vulnérables, comme les forêts, les lacs et les espèces sensibles.

La ceinture de verdure compte environ 800 000 hectares d’espaces verts et de terres agricoles protégés de façon permanente en Ontario.

Histoire

Les origines de la ceinture de verdure remontent aux années 1960 et 1970, moment de la montée de la sensibilisation à la protection de l’environnement. L’année 1973 marque une étape importante de la création de la ceinture de verdure avec la mise en application de la Loi sur la planification et l’aménagement de l’escarpement du Niagara qui ne permet sur l’escarpement du Niagara que les formes d’aménagement compatibles avec l’état naturel. D’autres tournants ont lieu en 1990, lorsque l’escarpement est désigné réserve de la biosphère par l’UNESCO, et en 2001, lorsque les 190 000 hectares de la moraine d’Oak Ridges, un système de patrimoine naturel essentiel à l’approvisionnement en eau potable des Ontariens, sont également protégés par la loi.

Dans les années 1990 et au début des années 2000, le développement résidentiel et commercial progresse rapidement dans la région du Grand Toronto et dans la région élargie du Golden Horseshoe, où la population augmente de plus d’un million de personnes entre 1991 et 2001. Le 28 février 2005, le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, signe la Loi de 2005 sur la ceinture de verdure, qui protège de manière permanente 800 000 hectares de terres contre l’étalement et le développement urbains, y compris l’escarpement du Niagara, la moraine d’Oak Ridges et plus de 404 000 hectares de terres agricoles. La même année, la Fondation de la ceinture de verdure est mise sur pied pour promouvoir et soutenir activement les atouts agricoles, environnementaux et touristiques de la ceinture de verdure, depuis l’éducation et l’octroi de subventions jusqu’à la mise en place de plusieurs centaines de panneaux routiers accueillant les visiteurs dans ses limites.

En 2001, 190 000 hectares de la moraine d’Oak Ridges, un système de patrimoine naturel essentiel à l’approvisionnement en eau potable des Ontariens, sont protégés par la loi.
En 1990, l’escarpement du Niagara est désigné réserve de la biosphère par l’UNESCO.

Répercussions et avantages

En plus d’être une source d’aliments sains, d’eau potable et d’air pur, la ceinture de verdure crée de nombreux emplois et génère des revenus grâce à l’agriculture, au tourisme, aux loisirs de plein air, à la production de vin et à d’autres entreprises. En 2023, ses retombées économiques sont évaluées à 9,6 milliards de dollars par an, générant plus de 177 000 emplois à temps plein.

Les terres agricoles de la ceinture de verdure sont parmi les plus fertiles d’Amérique du Nord. En 2022, ses quelque 5 000 exploitations agricoles produisent des centaines de variétés de fruits, de légumes et d’autres aliments, dont plus de 80 % de la superficie de l’Ontario en pêches, en prunes et pruneaux, en abricots et en raisins. Elle contribue à la sécurité alimentaire en Ontario et abrite également les seules zones de cultures spécialisées de l’Ontario, soit la zone de culture des fruits tendres et du raisin de la péninsule du Niagara et le marais Holland, dont les sols et les conditions climatiques uniques permettent des cultures commerciales qui ne sont pas disponibles ailleurs, notamment le houblon, la patate douce, les fruits de spécialité, comme la baie de goji, ainsi que les herbes médicinales et culinaires.

De plus, des milliers de kilomètres de lacs, de sentiers balisés et de pistes cyclables traversent la ceinture de verdure. On y trouve également de nombreux lieux pittoresques visités tant par les habitants que par les touristes.

Le changement climatique et ses effets devenant la plus grande menace pour la santé humaine et l’environnement, les particularités naturelles de la ceinture de verdure jouent un rôle actif dans l’atténuation de ses impacts sur la santé, le bien-être et la sécurité des personnes. Ces particularités naturelles rendent la ceinture de verdure et ses régions avoisinantes plus résistantes à la chaleur extrême, aux fortes pluies et à d’autres dangers. Ses sources d’eau fournissent à plus de 7 millions de Canadiens une eau potable de qualité. Grâce à ses quelque 217 000 hectares de forêts, de terres humides et de prairies, ses arbres et ses plantes aident à filtrer l’air des polluants comme le dioxyde de carbone. Sa végétation et son immense couvert arboré contribuent à abaisser les températures ambiantes. Ses terres humides, ses prairies et ses forêts contribuent également à prévenir les inondations en absorbant l’eau de pluie et en gérant les eaux de ruissellement par temps violent.

En 2023, ces services écosystémiques sont évalués à eux seuls à plus de 3 milliards de dollars par année. La ceinture de verdure protège également plus de 70 espèces en péril (voir aussi Animaux menacés au Canada), depuis plus de 30 espèces d’oiseaux, comme le goglu des prés et la gélinotte huppée, jusqu’aux pollinisateurs, comme les abeilles et les papillons diurnes.

La ceinture de verdure est reconnue comme une « pratique exemplaire » mondiale en matière de protection du patrimoine naturel et agricole, notamment en raison de la force de ses politiques et de son engagement politique.

La ceinture de verdure protège également plus de 70 espèces en péril, depuis plus de 30 espèces d’oiseaux, comme le goglu des prés et la gélinotte huppée, jusqu’aux pollinisateurs, comme les abeilles et les papillons diurnes.
La ceinture de verdure protège également plus de 70 espèces en péril, depuis plus de 30 espèces d’oiseaux, comme le goglu des prés et la gélinotte huppée, jusqu’aux pollinisateurs, comme les abeilles et les papillons diurnes.

Croissance et résistance

En 2017, l’importance des réseaux d’alimentation en eau de l’Ontario pour la santé et la sécurité publique est renforcée lorsque le gouvernement de l’Ontario étend la protection de la ceinture de verdure à 28 vallées fluviales urbaines et terres humides côtières, sensibilisant la population à l’importance d’une « ceinture bleue ». Cependant, les terres agricoles de la région élargie du Golden Horseshoe situées en dehors de la ceinture de verdure ont diminué de plus de 180 000 hectares au cours des 30 années écoulées depuis 1991, la majorité d’entre elles étant consacrées au développement résidentiel et commercial tentaculaire.

La pression exercée pour l’ouverture de la ceinture de verdure au logement atteint un point culminant en novembre 2022. À l’époque, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et son gouvernement annoncent le retrait de quelque 3 000 hectares de terres de la ceinture de verdure pour la construction de 50 000 nouveaux logements. La décision prévoit également l’ajout d’environ 3 800 hectares de terres à la ceinture de verdure, mais une grande partie de ces terres est, selon les experts, déjà protégées par une législation antérieure. Beaucoup d’autres, y compris des fonctionnaires du gouvernement, soutiennent que la pénurie de terrains n’est pas à l’origine de la crise du logement. Parallèlement, des rapports indépendants indiquent que l’Ontario dispose de suffisamment de terrains à l’intérieur des limites urbaines existantes pour construire plus de 2 millions de logements sans toucher à la ceinture de verdure. Le premier ministre Ford a précédemment promis de protéger la ceinture de verdure contre le développement immobilier.

Le public réagit très négativement à cette décision; des manifestations ont eu lieu dans toute la province et la ceinture verte fait la manchette pendant de nombreux mois. La réaction défavorable s’intensifie lorsque, en août 2023, un rapport de la vérificatrice générale de l’Ontario révèle que le processus favorise quelques promoteurs triés sur le volet susceptibles de gagner des milliards de dollars en valeur foncière, que les changements ne sont pas requis et que les fonctionnaires du ministre du Logement n’ont pas tenu compte des répercussions et des risques de la décision. Une enquête plus poussée menée par le commissaire à l’intégrité de l’Ontario conduit à la démission du ministre du Logement, Steve Clark, et de son chef de cabinet, et peu après, à la démission d’un autre ministre bien en vue, le député de Mississauga East-Cooksville, Kaleed Rasheed, et de certains autres membres du personnel ministériel.

Le 21 septembre 2023, le premier ministre Ford s’excuse publiquement d’avoir rompu sa promesse de protéger la ceinture de verdure et annule la décision d’y retirer quelque 3 000 hectares. En octobre 2023, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) annonce son intention d’enquêter sur les ententes foncières secrètes afin de déceler d’éventuelles activités criminelles.