La chaîne
d’alliance est le nom donné au système complexe d’alliances entre les Haudenosaunee (aussi appelés les Six Nations
ou la Ligue des Iroquois) et les colonies anglo-américaines au début du 17e siècle.
On estime que les premières alliances ont sans doute eu lieu entre New York et
les Kanyen'kehà:ka (Mohawks). Les premières ententes du genre
sont métaphoriquement appelées chaînes parce qu’elles lient plusieurs partis
entre eux. Aujourd’hui, la chaîne d’alliance représente la longue tradition de
relations diplomatiques en Amérique du Nord et est souvent invoquée dans le
débat contemporain sur les affaires entre l’État et les peuples
autochtones. (Voir aussi Traités
autochtones au Canada.)
Chaîne d’alliance :
définition
La chaîne
d’alliance, qui s’inspire grandement de l’idéologie politique des Haudenosaunee, est un système complexe
d’alliances entre les Haudenosaunee et les colonies anglo-américaines au début
du 17e siècle. La première alliance a probablement lieu entre
la colonie de New York et les Kanyen'kehà:ka (Mohawks).
Un grand
nombre de ces alliances sont fragiles et, par conséquent, demandent souvent à
être consolidées par des ententes plus formelles. Filant la métaphore, on voit
les nouvelles ententes comme le passage d’une chaîne en fer, qui tend à
rouiller, à une autre en argent. Ces ententes ou traités font l’objet de
renouvellements périodiques, événements lors desquels on offre des cadeaux et
un soutien aux Haudenosaunee. Ces renouvellements sont appelés le polissage de
la chaîne d’argent.
D’autres
colonies, comme celle du Massachusetts, du Connecticut, du Rhode Island et du
Maryland, rejoignent la chaîne, tout comme les Tuscaroras du côté des
Haudenosaunee. New York et les Kanyen'kehà:ka, toutefois, demeurent les points
d’ancrage du système.
Dissolution et rétablissement
de la chaîne d’alliance
En juin
1753, les Kanyen'kehà:ka annoncent de façon officielle que la chaîne est rompue
parce que les colonies ont injustement volé des terres aux Haudenosaunee. Ils
annoncent également que les cinq autres nations en seront informées. L’année
suivante, alors que les Français établissent leur mainmise sur la vallée de
l’Ohio, les chefs des colonies anglo-américaines et des délégués haudenosaunee se
réunissent à Albany, New York, pour négocier le rétablissement de la chaîne. La
cérémonie de deuil haudenosaunee, avec son lot de cadeaux et de promesses (et
depuis longtemps instaurée en Nouvelle-France), est adoptée comme partie
intégrante du processus de négociation. La chaîne est ainsi rétablie. À
l’éclatement de la guerre de Sept Ans l’année suivante, les
Haudenosaunee s’allient à l’Angleterre.
Chaîne d’alliance et traités
sélectionnés
En août
1760, les Sept feux, ou Sept Nations (des
communautés situées à Lorette, Wolinak, Odanak, Kahnawake, Kanesatake, Akwesasne
et La Présentation),
abandonnent leur alliance avec les Français. Ils rejoignent la chaîne
d’alliance comme acteurs neutres. Cela a lieu suite à une rencontre avec le
général Jeffrey Amherst et le surintendant des
Indiens William Johnson à Oswegatchie. (Voir aussi
Traité
d’Oswegatchie, 1760.)
En 1764,
les peuples autochtones rencontrent les Anglais pour négocier une alliance,
représentée par la chaîne d’alliance. Les négociations aboutissent au traité de
Niagara la même année.
En octobre
et novembre 1768, les Anglais et les Haudenosaunee signent aussi le traité de
Fort Stanwix pour déterminer les frontières des territoires de chasse prévus
dans la Proclamation royale de 1763. Un délégué haudenosaunee, en
remerciant les officiers britanniques d’avoir poli la chaîne ternie, affirme
que « nous collaborerons maintenant à renouveler et fortifier la chaîne
d’alliance qui nous lie tant et aussi longtemps que vous la garderez solide et
brillante à votre tour. » La chaîne d’alliance, telle que décrite par
l’historien J. R. Miller, est un témoignage des prouesses diplomatiques des
Haudenosaunee.
Le principe
de base de la chaîne d’alliance, selon lequel New York est à la tête des autres
colonies anglo-américaines et la Ligue des Haudenosaunee dirige une vaste
association d’Autochtones, est parfois précaire. La chaîne est particulièrement
mise à l’épreuve pendant la Révolution américaine, durant laquelle quatre des six
nations haudenosaunee se battent du côté britannique.
Le saviez-vous?
En juin 2010, la reine Elizabeth II a commémoré les 300 ans de la chaîne d’alliance en présentant des cloches d’argent aux chefs des nations haudenosaunee.
Signification
contemporaine
De nos
jours, la chaîne d’alliance est utilisée pour désigner les alliances faites
entre la Couronne, les Haudenosaunee et les Sept Nations du Canada. Bien
qu’elle ne constitue pas un document officiel, la chaîne d’alliance maintient
une position forte dans les affaires entre l’État et les peuples autochtones du
Canada, en particulier en ce qui concerne les Haudenosaunee et les communautés
des Sept Nations.