La Compagnie des Indes occidentales était une société de commerce qui a dirigé l’économie de la France de 1664 à 1674. Le roi Louis XIV a donné à la société les droits exclusifs de commerce et de gouvernement dans toutes les colonies françaises. Son territoire s’étendait des Amériques aux Caraïbes et à l’Afrique de l’Ouest. En plus de ses ressources naturelles comme les fourrures et le sucre, la Compagnie faisait le commerce des esclaves.
Il est important de ne pas confondre cette société avec la société de commerce française fondée par John Law et renommée Compagnie des Indes en 1719.
Fondation et mission
Le mercantilisme est une politique d’autosuffisance nationale. En d’autres termes, il s’agit d’un moyen pour les nations de répondre à leurs propres besoins grâce au commerce de leurs colonies. Les colonies ne peuvent faire du commerce qu’avec leur mère patrie. Ce système est la force motrice du colonialisme.
Au 17e siècle, les colons français vendent une grande partie des ressources des colonies (par exemple, les fourrures découlant de la traite des fourrures) à d’autres pays. Les colons ont des clients en Angleterre et en Hollande. Ceci va à l’encontre du but de la France d’avoir des colonies. Le contrôleur général des finances du roi Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, est un fervent partisan du mercantilisme. Il ne peut s’empêcher de constater que les ressources des colonies sont saignées à blanc par les étrangers. Ceci pousse Louis XIV à signer un édit royal (un acte) le 28 mai 1664. L’édit crée la Compagnie des Indes occidentales afin d’assurer un plus grand contrôle sur les ressources coloniales de la France.
La Compagnie se voit octroyer un vaste territoire qui s’étend du Canada, de l’Acadie et de Terre-Neuve à la Virginie et la Floride, aux îles Caraïbes françaises, et en Amérique du Sud entre les fleuves Amazone et Orénoque. Les postes français qui se trouvent le long de la côte ouest de l’Afrique, du Cap-Vert au Cap de Bonne-Espérance, relèvent également de la Compagnie. Le roi conserve 60 % des actions de la société. Ceci lui donne la participation majoritaire de l’entreprise et les profits qui lui sont reliés. La Compagnie des Indes orientales, une société distincte, obtient des droits sur les territoires allant du Cap de Bonne-Espérance (en Afrique du Sud) jusqu’à l’Inde.
Le saviez-vous?
À l’époque coloniale, Canada faisait référence à la partie de la Nouvelle-France qui était constituée des vallées du fleuve Saint-Laurent et de ses affluents.
Le droit de gouverner le territoire comprend le droit de céder des terres et de nommer des gouverneurs. Avec ce droit vient également le devoir d’organiser l’immigration des colons et du clergé. (Le rôle du clergé est de convertir les peuples autochtones à la foi catholique.)
Activités
Au début, les efforts que fait la Compagnie pour organiser l’immigration des colons français en Nouvelle-France ne sont pas réussis. L’intendant Jean Talon s’en plaint dans une lettre qu’il écrit à Jean-Baptiste Colbert en 1667. « Au lieu de 400 hommes de bien, écrit Jean Talon, je n’en ai reçu que 127, et ils sont faibles, en bas âge, et de peu de service. » Dans l’ensemble, la Compagnie réussit à amener une moyenne de seulement 200 ouvriers par année au Canada. Certaines années, il n’y en a pas du tout.
Pour attirer des travailleurs qualifiés au Canada, un article de l’édit qui a créé la Compagnie des Indes occidentales offre un incitatif; il permet à un artisan qui exerce son métier dans les colonies d’acquérir le statut de maître-artisan après seulement 10 ans. (Un incitatif semblable apparaît dans la charte de la Compagnie des Cent-Associés de 1627.) Les artisans qui exercent leur métier en France doivent travailler plus longtemps pour acquérir ce statut. Le titre de maître-artisan vient de pair avec le droit de posséder son propre atelier.
Mais le plus important est que la Compagnie des Indes occidentales obtient les droits exclusifs de la commercialisation sur l’ensemble de son territoire pendant 40 ans. Elle obtient ainsi le monopole de la traite des fourrures au Canada, le commerce du sucre de la France dans les Caraïbes, et la traite des Noirs en Afrique. Ce monopole s’étend également à d’autres secteurs industriels.
Esclavage des Africains
Les Africains réduits en esclavage par la Compagnie sont principalement destinés aux Caraïbes. Les plantations de sucre sont introduites dans les Caraïbes françaises en 1640. Il faut une importante main-d’œuvre pour cultiver la canne à sucre et raffiner le sucre. Le nombre d’ouvriers français et autochtones s’avère insuffisant pour cette tâche. La Compagnie décide d’imiter l’Espagne, qui importe dans ses colonies des Africains réduits en esclavage depuis 1611. Aucun de ces esclaves n’est amené au Canada ou en Acadie. (Voir Esclavage des Noirs au Canada; Olivier LeJeune.)
Terminaison
La Compagnie des Indes occidentales atteint son objectif de conserver les ressources et le commerce coloniaux de la France. Elle accomplit ceci avec brio durant son mandat de 40 ans. Effectivement, en octobre 1670, seulement 6 ans après la fondation de la Compagnie, Jean-Baptiste Colbert constate l’augmentation considérable du nombre de navires français demandant l’autorisation de participer au commerce des Caraïbes.
En décembre 1674, Louis XIV signe un édit qui met un terme à la Compagnie des Indes occidentales. Cet édit élimine le monopole de la traite, permettant ainsi aux citoyens de la France et des colonies de faire librement du commerce au sein du royaume du roi. L’État français prend ensuite à sa charge la gestion des colonies (voir Ministère de la Marine).