Yvon Dumont, C.M., O.M., chef métis et lieutenant-gouverneur du Manitoba (né le 21 janvier 1951 à Saint-Laurent, une communauté majoritairement métisse au nord-ouest de Winnipeg, au Manitoba). Dès l’adolescence, lorsque Yvon Dumont s’est impliqué dans la politique autochtone, il a occupé, tout au long de sa carrière, divers postes supérieurs au sein de la Fédération des Métis du Manitoba (FMM), du Conseil national des Autochtones du Canada (maintenant le Congrès des Peuples autochtones) et du Ralliement national des Métis (RNM). En tant que président du RNM en 1986, il a participé à la défaite de l’Accord de Charlottetown. Le 5 mars 1993, il est assermenté lieutenant-gouverneur du Manitoba, devenant par le fait même le premier Métis à occuper une fonction vice-royale dans l’histoire canadienne. En 2013, Yvon Dumont a obtenu gain de cause en portant en appel l’affaire Fédération des Métis du Manitoba c. Canada (portant sur les revendications territoriales) devant la Cour suprême du Canada. Cette affaire mène à la signature d’un protocole d’entente en mai 2016 entre le gouvernement canadien et la FMM pour « faire avancer les discussions exploratoires sur la réconciliation ». Depuis, Yvon Dumont a continué de se battre pour qu’on reconnaisse le peuple métis en tant que population autochtone distincte.
Enfance et famille
Yvon Dumont grandit à Saint-Laurent, une municipalité de 1 338 habitants située sur le lac Manitoba. Selon le recensement de 2016, 750 de ses citoyens s’identifient comme Métis. Yvon Dumont est l’un des 12 enfants de Thérèse et Willie Dumont.
La famille Dumont s’implique dans la politique depuis fort longtemps. En effet, les parents de sa mère, les Chartrand, font partie des 12 premières familles métisses à s’établir dans la ville à partir de 1850. Ils aident d’ailleurs à négocier des ententes sur les terres métisses lorsque le Manitoba se joint à la Confédération en 1870. Dans les années 1960, son père Willie devient l’un des fondateurs de la Fédération des Métis du Manitoba.
Yvon Dumont épouse Lyla Klassen en 1975. Ils ont trois enfants : Jill, Joel et Dana.
Politique autochtone
Yvon Dumont participe à la politique autochtone dès l’âge de 16 ans. En 1967, il est trésorier de la section locale de Saint-Laurent de la Fédération des Métis du Manitoba (FMM). Cinq ans plus tard, il obtient le poste de directeur du Conseil de la région d’Entre-les-Lacs au sein de la FMM. En 1973, il en devient le vice-président exécutif.
À 21 ans, Yvon Dumont est l’un des vice-présidents fondateurs du Conseil national des Autochtones du Canada (maintenant le Congrès des Peuples autochtones ), occupant le poste de 1972 à 1973. Il est élu président de la FMM en 1984 et occupe ce poste jusqu’en 1993, étant réélu pour trois mandats successifs.
En 1988, Yvon Dumont est élu président du Ralliement national des Métis (RNM), un poste qu’il occupe pendant cinq ans. Durant son mandat, le RNM participe à la Conférence fédérale-provinciale des premiers ministres sur les questions constitutionnelles intéressant les autochtones et à des débats constitutionnels plus larges, y compris l’échec de l’Accord du lac Meech. Alors qu’il est président du RNM, Yvon Dumont participe, en compagnie de quatre dirigeants autochtones, aux négociations qui mènent à l’échec de l’Accord de Charlottetown. (Voir aussi Accord de Charlottetown : document.)
En 1999, Yvon Dumont devient gouverneur du RNM, un rôle plutôt protocolaire et apolitique. En 2001, il présente sa candidature aux élections du président du RNM tout en gardant son poste de gouverneur. Après avoir perdu les élections, il poursuit son mandat en tant que gouverneur.
Lieutenant-gouverneur
Le 5 mars 1993, Yvon Dumont est assermenté lieutenant-gouverneur du Manitoba, devenant ainsi le premier Métis à occuper un poste vice-royal dans l’histoire canadienne. Il occupe ce poste jusqu’en 1999.
Initiatives commerciales et communautaires
En plus de son travail en politique, Yvon Dumont prend part active dans plusieurs petites entreprises et siège au conseil d’administration de nombreuses institutions. Il est membre du conseil de la municipalité rurale de Saint-Laurent et du conseil des gouverneurs de l’Université du Manitoba à Winnipeg. Il est également nommé au conseil d’administration de la Fondation autochtone de guérison.
Yvon Dumont est le premier directeur général de l’Institut Louis Riel, à Winnipeg. Il siège aussi à la division nationale du Conseil de développement économique des Autochtones.
En septembre 1995, Yvon Dumont reçoit le titre de Chevalier de grâce de l’Ordre très vénérable de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. La même année, ses efforts pour assainir la Seine à Winnipeg lui permettent de remporter un prix de service communautaire de l’Association des architectes paysagistes du Canada.
En 2001, Yvon Dumont est nommé coprésident des Jeux autochtones de l’Amérique du Nord, tenus à Winnipeg l’année suivante.
LE SAVIEZ-VOUS?
Yvon Dumont joue un rôle fondamental dans la redéfinition de l’histoire du Manitoba. En effet, il dirige les négociations menant à la reconnaissance officielle de Louis Riel en tant que fondateur de la province du Manitoba par les gouvernements du Canada et du Manitoba en 1992. Ainsi, tant à l’intérieur de la province qu’à l’échelle du pays, il aide à transformer la réputation historique de Louis Riel, de hors-la-loi à patriote.
Cour suprême : l’affaire Fédération des Métis du Manitoba c. Canada
Dans l’affaire Fédération des Métis du Manitoba c. Canada, en 1981, la Fédération des Métis du Manitoba (FMM), Yvon Dumont et 16 autres appelants poursuivent le gouvernement fédéral pour des revendications territoriales au Manitoba. Ils cherchent à obtenir une déclaration stipulant que la Couronne ne respecte pas ses obligations de fournir les terres promises aux Métis en vertu de la Loi sur le Manitoba de 1870 . Ils souhaitent également qu’on déclare que la législation adoptée par le gouvernement du Manitoba qui a influé sur la mise en œuvre de la Loi sur le Manitoba ne relève pas de la compétence du gouvernement provincial.
Après 26 ans de litige, la FMM perd le procès en 2007, ainsi que l’appel en 2010. En 2013, toutefois, la Cour suprême du Canada accepte d’entendre l’affaire à nouveau et statue que le gouvernement fédéral n’a effectivement pas mis en œuvre la disposition sur les concessions de terres conformément à l’article 31 de la Loi sur le Manitoba de 1870 et à l’honneur de la Couronne.
Cette décision n’ordonne aucune mesure corrective, mais en 2016, le gouvernement canadien et la FMM signent un protocole d’entente. Son but est de « faire avancer les discussions exploratoires sur la réconciliation » pour répondre à la décision de la Cour suprême.
Prix et distinctions
- Prix de la Fédération des Métis du Manitoba pour les services dévoués rendus aux Métis du Canada (1993)
- Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant le prix Indspire) dans la catégorie des services publics (1996)
- Doctorat honorifique en droit de l’Université du Manitoba (1996)
- Membre de l’Ordre du Manitoba (2001)
- Membre de l’Ordre du Canada (2014)