Isobel Moira Dunbar, O.C., FRSC, scientifique en recherche sur les glaces, fonctionnaire (née le 3 février 1918 à Édimbourg en Écosse; décédée le 22 novembre 1999 à Ottawa en Ontario). Moira Dunbar était une chercheuse scientifique canadienne d’origine écossaise qui s’est spécialisée dans la recherche sur les glaces. Au début des années 1950, elle a été l’une des premières femmes à mener des recherches sur les glaces polaires dans l’Arctique canadien à partir de brise-glaces et d’avions. Elle a participé à des projets nationaux et internationaux conjoints visant à mieux comprendre l’Arctique, plus particulièrement à comprendre les capacités de défense du Canada pendant la Guerre froide. Les publications de Moira Dunbar ont contribué à normaliser la terminologie de la glace arctique dans ce domaine à une époque où l’intérêt pour le Nord canadien était croissant.

Jeunesse au Royaume-Uni
Moira Dunbar naît à Édimbourg et elle vit également dans l’ouest de l’Écosse et dans les Hébrides au début de sa vie. Elle va à l’école à Édimbourg avant d’obtenir un diplôme en géographie à l’Université d’Oxford en 1939.
Après avoir obtenu son diplôme, Moira Dunbar travaille comme actrice, se produisant pour les militaires avec une troupe de théâtre en Europe. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, elle continue à travailler comme actrice et régisseuse de scène, effectuant des tournées à travers le Royaume-Uni. En 1947, elle émigre au Canada.
Carrière au Canada
Le premier emploi de Moira Dunbar au Canada est avec le Joint Intelligence Bureau of Canada, où elle recueille et édite des informations pour un livre sur la glace de mer dans l’Arctique. En 1951, Moira Dunbar et Virginia Withington, une spécialiste américaine de navigation aéronautique, deviennent les premières femmes à survoler le pôle Nord alors qu’elles participent à une étude conjointe canado-américaine sur l’équipement militaire pour temps froid.
Moira Dunbar se joint au Conseil de recherches pour la défense en 1952 alors qu’il recrute des géographes. Elle se joint à la section arctique du Conseil alors que les travaux scientifiques dans le Nord prennent de l’ampleur. Le Conseil est créé à la suite de la Deuxième Guerre mondiale pour répondre aux besoins scientifiques et technologiques de la défense du Canada.
Deux ans après son arrivée au Conseil de recherches pour la défense, Moira Dunbar pose sa candidature pour participer à un voyage de recherche dans l’Arctique à bord d’un brise-glace de la Marine royale canadienne (MRC). Malgré son expertise, sa demande est refusée, car les femmes ne sont pas autorisées à bord des navires de la MRC. Sa candidature est finalement acceptée l’année suivante, après six mois de soumission de demandes. À bord des brise-glaces, Moira Dunbar étudie le mouvement des glaces. En examinant des images de la glace de mer prises à différents moments, elle peut prédire la position de la glace à un moment donné. Elle est également la première à utiliser le radar à visée latérale (RVL) à bord d’un avion. Avec le RVL, un faisceau radar est émis depuis le côté d’un avion, positionné perpendiculairement à la trajectoire de vol. Le radar se réfléchit sur le sol pour produire une image de la surface.
« Je pense qu’ils me considéraient comme une sorte de croisement entre une fleur délicate et une maladie dangereuse. Ils s’y sont opposés dès le début, en partie parce que les seuls endroits où je pouvais séjourner étaient les bases de l’armée de l’air et que ce n’était pas un endroit pour une femme. Je pense qu’ils s’attendaient à ce que je séduise tous les hommes ou quelque chose comme ça. »
— Moira Dunbar, se souvenant de son expérience alors qu’elle essayait de participer à des voyages de recherche à bord des brise-glaces de la MRC.
Bien que le travail d’observation de Moira Dunbar se déroule principalement à bord de brise-glaces, elle effectue également plus de 560 heures d’observation à bord d’avions de l’ARC. Des années d’observation aérienne constituent la base de son livre de 1956, Arctic Canada from the Air, qu’elle coécrit avec Keith Greenaway, un navigateur de l’ARC. Composé de textes et d’images aériennes, ce livre constitue la première introduction approfondie aux paysages arctiques pour de nombreux Canadiens. Ce projet mène Moira Dunbar à s’intéresser à l’exploration de l’Arctique. En plus de ce livre, Moira Dunbar publie de nombreux articles universitaires analysant le travail des premiers explorateurs de l’Arctique ainsi que ses propres recherches d’observation. Son travail contribue à normaliser la terminologie utilisée dans l’étude de la glace arctique.
Par la suite, elle se spécialise dans les recherches sur la glace de mer, plus particulièrement sur les aspects climatologiques. Grâce à ses travaux d’observation, Moira Dunbar devient l’une des premières personnes à observer une polynie, une étendue d’eau ouverte dans la glace de mer.
Moira Dunbar apprend le russe pour comprendre les recherches sur l’Arctique menées par l’Union soviétique. Elle se rend également en Union soviétique et en Finlande en 1964 pour étudier les pratiques de déglaçage, elle travaille comme conseillère en matière de glace lors des essais d’aéroglisseurs du Conseil de recherches pour la défense de 1966 à 1969, et elle observe la croisière du Manhattan en 1969 pour tester les superpétroliers dans la glace.
Le saviez-vous?
Comme de nombreuses femmes scientifiques de son époque, Moira Dunbar a été confrontée à de la discrimination fondée sur le sexe au cours de sa carrière. Malgré ses qualifications, elle n’a d’abord pas eu l’autorisation de participer à des expéditions aériennes et maritimes, car elles étaient traditionnellement réservées aux hommes. Elle a néanmoins persévéré et a réussi à accéder à ces deux types d’expéditions.

Carrière et vie ultérieures
En 1972, Moira Dunbar est la seule femme à être nommée parmi les seize conseillers du nouveau Conseil consultatif sur l’environnement d’Environnement Canada. En 1976, elle dirige la participation canadienne lors d’un exercice polaire conjoint avec le Royaume-Uni. Pour cet exercice, elle et son équipe voyagent à bord d’un avion de patrouille pour rejoindre un sous-marin nucléaire britannique qui fait route sous la glace arctique jusqu’au pôle Nord. L’équipe de Moira Dunbar utilise des capteurs installés à bord de l’avion pour étudier la surface de la glace, tandis que l’équipe britannique analyse le fond de la glace.
Moira Dunbar occupe également les postes de gouverneure de l’Institut arctique de l’Amérique du Nord, de directrice de la Société géographique royale du Canada et de directrice par intérim de la division des sciences de la terre du Centre de recherches pour la défense.
Bien qu’elle prenne sa retraite en 1978, Moira Dunbar continue de siéger à des comités et à des conseils d’administration pendant la décennie qui suit. Elle passe les dernières années de sa vie à s’occuper de sa ferme de plaisance près d’Ottawa et à faire du bénévolat en tant qu’historienne locale. Elle meurt à Nepean le 22 novembre 1999, à l’âge de 81 ans.

Prix et distinctions
- Prix du centenaire, Service météorologique canadien (1971)
- Médaille Massey, Société géographique royale du Canada (1972)
- Membre, Société royale du Canada (1973)
- Officière, Ordre du Canada (1976)