Établissements sportifs
Au Canada, les établissements sportifs (patinoires, stades, pistes de curling, piscines et aménagements olympiques) sont parmi les bâtiments culturels les plus importants au pays. En effet, on peut penser que les règles du sport (qui sont les mêmes de St. John's à Victoria et qui sont reconnues par tous ceux qui utilisent ces lieux d'exercice et d'entraînement) ont rapproché les Canadiens bien plus que la langue, la politique ou le patrimoine national. Les arénas, d'une capacité de 21 000 personnes, et les stades, qui peuvent contenir jusqu'à 65 000 spectateurs, sont parmi les lieux de rassemblement intérieur les plus grands au Canada. Au cours de l'histoire, ces édifices ont été les hôtes des COUPES STANLEY, des COUPES GREY, des Séries mondiales et de concerts de musique pop. Ils concrétisent les espoirs, les rêves, les triomphes et les plus précieux souvenirs d'un grand nombre de Canadiens.
Les arénas et les stades sportifs ont un statut de sanctuaire dans le coeur et la tête de certains. Lorsque le grand Howie MORENZ, joueur de l'équipe de hockey des CANADIENS DE MONTRÉAL, est décédé en 1937, le service funèbre a eu lieu au Forum de Montréal devant 15 000 fans. Et, lorsque le vénérable Forum a fermé ses portes en 1996 (après 72 ans), l'événement a été caractérisé par tout l'apparat et le symbolisme des cérémonies généralement associées à la désacralisation d'un édifice religieux. Cela illustre bien le statut mythique du Forum. Combien d'autres édifices ont fait l'objet d'un enthousiasme partagé par autant de personnes? Il semble que les établissements consacrés aux sports des ligues majeures ne sont pas les seuls à être portés aux nues. Dans son livre Home Game, Ken DRYDEN montre comment les petits arénas très répandus de type Quonset, dont le Canada est parsemé, ont été de véritables centres culturels ayant servi de lieu de rassemblement pour nombre de petites collectivités.
En dépit de leur popularité et de la dévotion de ceux qui les utilisent, l'architecture des établissements sportifs a rarement fait l'objet d'études. C'est pour cela que l'importante contribution du Canada, principalement au niveau du design et de la construction des premières patinoires et arénas, est passée presque inaperçue. La première patinoire couverte et le premier aréna au monde sont construits, en 1902, respectivement à Québec et à Montréal, à l'époque où les nombreuses pistes de curling intérieures suscitent l'envie des visiteurs écossais.
Cependant, l'architecture n'est pas un préalable pour pratiquer le sport. En effet, le sport a existé et continuera d'exister en l'absence d'édifices où l'on peut disputer des matchs comme en témoigne le discours coloré d'un habitant des Prairies vers 1910, passionné de baseball : « Chaque ville avait un champ avec un arrêt balle en broche à poulet et quand tu voulais jouer une partie, tu t'arrangeais pour déplacer les vaches, t'enlevais la bouse puis tu jouais ». Au Canada, c'est vers le milieu du siècle dernier que les premiers édifices destinés au sport sont construits pour l'utilisation privée des membres du club qui ont de l'argent et du temps à consacrer à de telles activités. Vers la fin du siècle, plusieurs facteurs influencent la demande d'installations sportives, notamment la professionnalisation du sport et l'augmentation d'une population urbaine mieux nantie disposant de temps de loisir. On construit alors des édifices commerciaux où l'on peut s'adonner aux sports ou assister à des matchs. Les autorités municipales construisent aussi des établissements sportifs et récréatifs pour leurs citoyens et dans le but d'embellir la ville.
Les établissements sportifs sont presque toujours situés près des utilisateurs, que ce soit les membres d'un club ou les fans. Dans les villes du XIXe siècle, les premières patinoires et les premières pistes de CURLING sont situées au centre-ville, généralement le long des circuits empruntés par le transport en commun. Cette tendance se poursuit de nos jours. Cependant, dans la période d'après-guerre, la prolifération des voitures et la croissance des banlieues poussent certains propriétaires à construire des arénas et des stades à l'extérieur du centre-ville, plus près des utilisateurs de classe moyenne qui sont heureux de pouvoir s'y rendre aisément en voiture et de n'avoir aucun problème de stationnement.
De nos jours, les arénas et les stades comprennent généralement une surface de jeu entourée de rangées de gradins disposées en quinconce à un angle de 30 à 35 degrés pour permettre aux spectateurs de mieux voir. La structure du toit varie ainsi que les matériaux utilisés. La forme et la fonction de tels édifices s'inspirent des arènes construites par les Romains il y a plus de 2000 ans. Les petites et les grandes collectivités continuent d'utiliser de simples structures composées d'une estrade et d'une aire de jeu, couvertes ou en plein air. Par contre, les installations destinées aux sports des ligues majeures sont devenues de plus en plus imposantes et sophistiquées. En effet, elles ont dû s'adapter à la popularité croissante du sport professionnel et à sa commercialisation afin d'offrir une variété d'événements sportifs, ce qui d'ailleurs n'a fait que rendre la frontière entre le sport et le spectacle de plus en plus floue.
Les historiens qui s'intéressent à l'économie et à l'urbanisme soulignent que la présence d'une concession sportive (et du stade ou de la patinoire qui l'accompagnent) est devenue la marque distinctive de chaque grande ville en Amérique du Nord. De plus en plus de villes canadiennes sont maintenant identifiées par les palais des sports qu'elles construisent. Citons, à titre d'exemples, le Stade olympique de Montréal, le Skydome de Toronto et le Saddledome de Calgary. Ainsi, les bénéfices économiques, réels ou imaginaires, résultant de la présence d'installations accueillant des équipes des ligues majeures est maintenant l'argument de taille utilisé par les propriétaires d'équipes pour convaincre les gouvernements d'affecter des fonds publics à leurs opérations sportives lorsque celles-ci sont menacées ou en difficulté. Tout récemment, ce discours a pris des couleurs nationalistes, particulièrement à l'égard du HOCKEY SUR GLACE, le sport « national » du Canada.
De leur côté, les sociologues du sport soutiennent que les nouveaux arénas et les nouveaux stades qui ont remplacé les édifices traditionnels sont fondamentalement différents de ces derniers qui avaient été construits en fonction des mordus du sport. Selon eux, les nouveaux édifices ne sont pas construits pour les loyaux partisans mais pour un consommateur bien nanti et capable de se déplacer facilement. L'homogénéité de l'expérience vécue dans ces nouveaux édifices par les fervents du sport est, selon eux, symptomatique des changements qui ont lieu dans le sport (particulièrement au hockey), et, en général, elle démontre que le sport ne se rattache plus à un lieu précis ou à l'histoire d'une municipalité.
Baseball
Le premier terrain de baseball au Canada est le Tecumseh Park, construit à London (Ontario) en 1877 pour les London Tecumsehs, équipe de baseball locale. Sa construction a coûté plus de 3000 dollars et le Canadian Illustrated News déclare qu'il s'agit « sans aucun doute du meilleur terrain de tout le Dominion ». Le terrain n'est rien de plus qu'une clôture délimitant l'aire de jeu et empêchant le bétail errant de s'aventurer sur le terrain, une estrade couverte où peuvent s'asseoir 600 personnes et une place réservée à la presse équipée d'un fil à télégraphe qui permet d'annoncer les scores des matchs se disputant ailleurs. Comme c'est le cas de plusieurs autres de ces premières structures, elles sont faites de bois, soit parce qu'elles ne sont pas destinées à durer soit parce qu'elles sont construites ainsi pour faciliter le démontage et le transport vers un nouveau lieu d'accueil. D'ailleurs, c'est un fait notoire que les clubs de baseball de cette époque ne sont pas fiables : ils changent de ville facilement et fréquemment. Ainsi, dans les années 1860 et 1870, les terrains de baseball ne durent pas plus de cinq ou six ans. Des terrains du même genre sont construits à Toronto (Sunlight Park, 1866), à Montréal (Atwater Park, 1890), probablement sans l'aide d'architectes.
Le Hanlan's Point Ball Field est utilisé par l'équipe de ligue mineure des Maple Leafs de Toronto de 1897 à 1901, puis de 1909 à 1925. Le propriétaire du terrain, Lol Solman, a aussi des intérêts dans le Toronto Island Ferry Service que les fans doivent utiliser pour se rendre aux matchs. Solman a tout simplement adapté une pratique courante aux États-Unis par laquelle les compagnies de trolleys achètent des équipes de baseball afin de bénéficier des tarifs des trolleys transportant les gens au terrain (évidemment situé le long du circuit) et des recettes provenant de la vente de billets.
En 1926, les MAPLE LEAFS DE TORONTO déménagent au Maple Leaf Stadium situé sur Lakeshore Drive à Toronto : c'est bien loin de Hanlan's Point. Le stade, conçu par les architectes Chapman, Oxley et Bishop au coût de 300 000 dollars, consiste en une tribune couverte de deux étages pouvant accueillir 20 000 spectateurs. Le niveau supérieur comprend une arcade qui trace les lignes du premier et troisième buts formant ainsi un « V » dont la pointe arrive au marbre. Un autre étage est planifié mais n'est jamais construit car il n'y a pas d'équipe des ligues majeures capable d'attirer les foules nécessaires pour le remplir.
Les composantes de base de cet édifice sont reproduites à Montréal au stade De Lormier Downs (Stade Hector Racine). Conçu par l'architecte John S. Archibald en 1927, les matériaux comprennent du béton armé, recouvert à l'extérieur de briques et de pierres, et des poutres d'acier triangulées supportant un toit en porte-à-faux qui recouvre une partie des estrades. Ces édifices qui peuvent recevoir un plus grand nombre de spectateurs et qui sont construits à l'aide de matériaux permanents témoignent de la stabilité et de la popularité du baseball à cette époque.
Il faut attendre jusqu'en 1969 pour que le baseball majeur arrive au Canada avec l'équipe des EXPOS DE MONTRÉAL. L'équipe des Expos commence à jouer au Parc Jarry, terrain qui existait déjà mais qui est réaménagé pour recevoir 28 000 spectateurs. On peut également mesurer la popularité du baseball au Canada par la quantité de terrains destinés aux équipes des ligues mineures qui se trouvent dans chaque ville pouvant se le permettre. Citons le Stade municipal de Québec, le Foothills Baseball Stadium de Calgary, le John Ducey (Telus) Park d'Edmonton et le Nat Bailey (Capilano) Stadium de Vancouver. D'une capacité d'environ 7000 spectateurs, ces petits stades favorisent généralement les rapports entre les spectateurs tout en leur permettant d'être près du jeu et d'avoir une vue de la ville environnante ou du paysage. On tient compte de ce dernier aspect dans le design des nouveaux stades comme celui du Camden Yards de Baltimore et celui proposé en 1997 pour le centre-ville de Montréal.
Football
Un grand nombre de stades de FOOTBALL au Canada comme le Empire Stadium de Vancouver (1954), le Stade olympique de Montréal (1976) et le Commonwealth Stadium d'Edmonton (1978) ont été construits, à l'origine, pour les Jeux olympiques ou les Jeux du Commonwealth et, à la fin des jeux, ont trouvé d'autres fonctions. De son côté, le Automotive Stadium, connu sous le nom d'Autostade de Montréal, domicile temporaire des Alouettes de la Ligue canadienne de football, a été conçu par Victor Prus et Maurice Desnoyers et achevé en 1966 pour l'EXPO 67. Afin de pouvoir démonter le stade et le déménager vers un autre lieu, les architectes ont utilisé une structure en segments comprenant 19 tribunes individuelles mais reliées entre elles, chacune pouvant accueillir 40 personnes. BC Place à Vancouver (architectes de la firme Phillips Barratt, 1983) fait partie d'un plan de renouveau urbain anticipant en vue de l'EXPO 86 (exposition internationale sur les transports et les communications). C'est le premier stade couvert au Canada et il possède le plus grand toit de plastique gonflable au monde. La structure des quatre étages du stade est de béton armé et mesure 236 m sur 195 m. Le dôme qui la recouvre est fait d'un matériau à haute résistance renforcé par des câbles. C'est un édifice étanche qui, grâce à la pression interne de l'air, demeure gonflé au-dessus de l'aire de jeu faite de gazon synthétique. Le Vélodrome de Montréal, à l'origine une infrastructure olympique pour les cyclistes, est devenu le Biodôme, un écomusée de l'environnement.
Le Stade olympique de Montréal, conçu par l'architecte français Roger Taillibert, est probablement le stade le plus décrié de tous. Le coût astronomique final (qui s'élève à plus d'un milliard de dollars), les scandales politiques et les défauts de structure liés à cette grosse masse de béton ne le rendent pas très populaire auprès des Montréalais. Bien que le stade ait réussi à recevoir les dizaines de milliers de spectateurs qui ont assisté à une grande variété d'épreuves sportives lors des Jeux olympiques de 1976, il n'a toutefois pas bien servi les utilisateurs après les jeux. Les deux équipes des ligues majeures qui le louent, les Expos de Montréal et les ALOUETTES DE MONTRÉAL, recherchent ou ont déjà trouvé des stades plus intimes et plus près du centre-ville. Cela étant dit, il demeure que très peu de stades au Canada peuvent s'enorgueillir d'avoir une beauté structurelle ou un dynamisme comparable.
Le Skydome de Toronto est le premier stade au Canada à être conçu pour le baseball des ligues majeures et le premier qui ait un toit complètement escamotable. (C'est le Houston Astrodome, construit en 1965, qui est le premier stade couvert à posséder une surface en gazon synthétique.) Le Skydome, conçu par l'architecte Rod Robbie et l'ingénieur Michael Allen, ouvre ses portes en 1989 et sert aussi de site aux Argonauts de la Ligue canadienne de football. Le toit, en forme de dôme, protège plus de 60 000 spectateurs des intempéries et peut être escamoté en 20 minutes pour permettre à la lumière naturelle de pénétrer dans le stade. Construit au coût de près de 500 millions de dollars, le complexe comprend un hôtel de 11 étages et 360 chambres (dont 71 ont une vue sur le terrain), un restaurant pouvant asseoir 600 personnes, un club de santé, une station de télévision et une aire destinée aux sports et aux activités récréatives. Selon l'architecte, « Ce n'est plus un stade de baseball, c'est un palais des plaisirs ».
Natation
Au cours du XIXe siècle, des aménagements temporaires en bois pour les bains publics sont construits en différents lieux. Ce n'est qu'au début du XXe siècle qu'on construit des structures plus permanentes pour les baigneurs. Elles sont de deux types : des piscines généralement situées près des bassins d'eau naturels et des bains publics (des bassins qui se trouvent dans des bâtiments construits à cet effet) situées dans les villes.
Les pavillons de bain consistent généralement en des bâtiments longs et bas qui comprennent une ou plusieurs tours. En 1909, un tel bâtiment est construit en béton le long de la English Bay près de Vancouver pour remplacer l'ancienne structure faite de bois. Le Sunnyside Bathing Pavilion situé le long de Lakeshore Drive à Toronto est conçu par Chapman, Oxley et Bishop (1922) dans un style italien; le stucco coloré recouvre béton et brique. En plus de fournir un abri et un endroit pour se changer ou se rafraîchir, ces bâtiments servent aussi de théâtre pour des activités agréables auxquelles ils ajoutent une ambiance particulière.
Des années 1910 aux années 1930, plusieurs bains publics sont construits au coeur de Montréal. Ils sont conçus par certains des plus éminents architectes de l'époque et constituent un cadeau remarquable de la ville à ses citoyens. Du Bain Maisonneuve (1914-1916), conçu par Marius Dufresne dans le style classique et grandiose des Beaux-Arts, jusqu'au plus modeste Bain Généreux (1926-1927) avec son intérieur remarquable de béton armé conçu par Jean-Omer Marchand, non seulement ces bains servent de lieu d'exercice et d'hygiène mais ils embellissent également la ville.
Curling
Les hivers longs et froids font du Canada un lieu naturel pour la pratique du curling, du patinage et du hockey sur glace. Les patinoires couvertes sont d'abord construites pour protéger du froid et pour la tenue de matchs et d'activités sociales en soirée. Les premières pistes de curling intérieures voient le jour en 1837. Toutefois, plusieurs d'entre elles sont aménagées dans des granges ou des hangars existant déjà. En 1870, il n'est pas rare de trouver des pistes construites spécialement pour le curling. Elles consistent en deux à huit surfaces de glace à l'intérieur de hangars dont les fenêtres situées sur un ou deux côtés laissent passer la lumière. En fait, beaucoup de ces lieux sont utilisés à des fins diverses notamment le patinage, puis plus tard, le hockey. Les mêmes bâtiments comprennent parfois des salles de quilles, des aires pour le tir à l'arc ou des salles de réceptions pour le confort des membres privés bien nantis.
La façon de disposer la surface de glace et l'espace réservé aux spectateurs varient. Par exemple, l'intérieur du Thistle Curling Club de Montréal, construit en 1870, consiste en un toit plat soutenu sur toute sa longueur par des colonnes séparant deux surfaces de glace. Les spectateurs peuvent regarder la partie soit de l'une des extrémités de la glace, soit à partir d'une étroite bande surélevée divisant les deux surfaces de glace. Les utilisateurs entrent par le pavillon à deux étages qui abrite les bureaux, les vestiaires et des salles de réception d'où l'on peut voir la glace.
Les grandes salles sans colonnes sont d'abord construites à partir d'armatures de bois recourbées. Parfois, elles imitent les granges traditionnelles dont l'espace se prête aux tribunes élevées en porte-à-faux comme au Toronto Curling Club Rink (1877). Les patinoires pour le curling atteignent des dimensions assez spectaculaires à la fin du XIXe siècle. Le Granite Club Rink de Toronto, conçu par l'architecte Norman B. Dick en 1880, comprend un hangar avec six surfaces de glace et un club house de briques de deux étages. Le bâtiment est construit 50 pieds au-dessus d'une surface de glace de 20 000 pieds carrés. Il a la forme d'une basilique, des allées en contrefort de chaque côté, des fenêtres de lanterneau et six hautes fenêtres en forme d'arc. À l'époque, c'est un bâtiment très imposant, car Toronto, au XIXe siècle, comprend très peu d'édifices de cette taille.
Patinage sur glace
La première patinoire couverte au monde est construite à Québec en 1852. Située du côté sud de la Grande-Allée, le Quebec Skating Club est un édifice à deux étages au toit en pente. Sa longue et rectangulaire surface de glace est divisée par une rangée de colonnes supportant un toit relativement bas qui lui donne l'apparence d'une piste de curling, fonction que le club a probablement eu à un moment donné.
De 1850 à 1900, deux autres types de patinoires sont construits au Canada. Le premier type est celui du Victoria Skating-Rink, construit à Montréal en 1862 et conçu par la firme d'architectes Lawford et Nelson. Il s'agit d'un long édifice de briques (252 pieds sur 113 pieds) de deux étages recouvert d'un toit en pente de 52 pieds de hauteur soutenu à l'intérieur par d'élégantes fermes de bois recourbées qui partent du sol et occupent toute la largeur. La surface de glace mesure 200 pieds sur 85 pieds (dimensions approuvées par la Ligue nationale de hockey). Elle est entourée d'une plate-forme ou promenade de 10 pieds de largeur, construite environ un pied au-dessus de la glace, sur laquelle les spectateurs se tiennent et les patineurs se reposent. De hautes fenêtres aux formes arrondies, disposées sur toute la longueur des murs de côté, laisse filtrer la lumière tandis que le patinage de soirée est possible grâce à des centaines de lampes à gaz qui seront remplacées, plus tard, par des projecteurs électriques. À la base, ce type de bâtiment requiert un hangar couvert par un long toit s'étalant en largeur. Parmi les modèles qui ont pu servir d'inspiration aux architectes, on trouve les hangars militaires de drill construits pour la première fois à Toronto, Hamilton et London à partir de 1863, et les quais couverts des gares qui, vers 1850, s'étendent sur une surface de près de 100 m.
Vers 1880, le Victoria Skating-Rink, la patinoire qui surpasse, selon certains, toutes les autres patinoires d'Europe et d'Amérique, tant par sa taille que par la qualité de ses installations, compte 2 000 membres dont la plupart appartiennent à la bourgeoisie de Montréal et peuvent se permettre d'assister aux bals masqués qui ont lieu régulièrement à la patinoire. Le 3 mars 1875, la patinoire est l'hôte du premier match de hockey disputé selon des règlements qui ressemblent à ceux d'aujourd'hui, deux équipes de l'U. McGill s'affrontent. Lorsqu'en 1893, la patinoire accueille pour la première fois les finales de la Coupe Stanley, le bâtiment comprend alors un balcon surélevé pour recevoir un plus grand nombre de spectateurs et une loge en saillie, précurseur des loges luxueuses d'aujourd'hui. La forme de cet édifice sera reprise des dizaines de fois dans tout le pays. Citons à titre d'exemples, le Skating Club Rink de Québec (1877), conçu par l'architecte William Tutin Thomas, le Granite Club Ice Rink de Toronto (1880) conçu par William B. Dick, architecte et, en 1904, le Sherman (Calgary Auditorium) Rink. Le modèle a ensuite été adapté et consacré dans les centaines de patinoires de type Quonset qui continuent à être construites dans tout le pays.
Le deuxième type de patinoire couverte, un bâtiment au toit en forme de dôme circulaire ou octogonal et de plan centré, ressemble davantage à une salle de concert comme celle du Royal Albert Hall à London (1867-1871) et semble plus populaire dans l'Est du Canada. Le Victoria Skating Rink de Saint-Jean (au Nouveau-Brunswick), conçu par Charles Walker et construit en 1864-1865 constitue un des exemples les plus spectaculaires de ce type de patinoire. Un dôme monumental surmonté d'une coupole et une entrée en forme d'arc de triomphe caractérisent cet édifice de plus de 160 pieds de diamètre et quelque 80 pieds de hauteur. À l'intérieur, se trouve une structure conique en bois qui part du centre du toit et descend en spirale décroissante jusqu'à la glace. Cette structure comprend des plates-formes pour les spectateurs et une scène pour les musiciens qui, parfois, accompagnent les patineurs. Un article du Saint John Morning News, publié le lendemain de l'ouverture, permet de mieux comprendre la forme inhabituelle de l'édifice. On y explique que : « Le style du bâtiment et son excellente ventilation ont été ainsi conçus pour libérer l'air de cette atmosphère dense et désagréable qui, parfois, envahit les patinoires construites différemment ». Quoi qu'il en soit, les patinoires de ce genre ne se sont pas multipliées, probablement à cause des possibilités limitées qu'elles offrent pour d'autres usages, notamment le hockey.
Hockey
La construction du Wesmount (Montréal) Arena, probablement conçu par l'architecte montréalais R.M. Rodden (ou par Cajetan Dufort, un des investisseurs), se termine en 1898. C'est la première patinoire au monde construite pour le hockey. Les patinoires construites antérieurement avaient été utilisées pour les matchs de hockey disputés à l'intérieur et pouvaient offrir jusqu'à 3000 places debout. Toutefois, les spectateurs, à l'étroit sur les promenades entourant la glace, avaient une vue très limitée. Or, le Westmount Arena peut asseoir 6000 spectateurs dans une estrade en pente entourant toute la surface de jeu. Cette dernière est limitée par une bande de quatre pieds de hauteur (les patinoires à Ottawa et à Kingston avaient déjà introduit une bande de 12 pouces de hauteur). On peut dire que la patinoire est conçue pour le hockey car la Montreal Arena Company, qui en a la propriété, a été fondée spécialement dans le but de tirer profit de l'intérêt grandissant pour le hockey amateur en construisant une patinoire où auraient lieu les matchs.
Du fait qu'elles protègent les joueurs et les spectateurs des rigueurs du climat, les patinoires intérieures jouent un rôle important dans la popularité grandissante du hockey. Elles ont aussi un effet direct sur le jeu lui-même. Comme elles offrent une surface plus petite que celles des étangs ou des lacs gelés, le nombre de joueurs par équipe passe de huit ou neuf en 1875 à six en 1913. La rondelle remplace la balle de caoutchouc et l'introduction de la bande autour de la glace pour protéger les spectateurs influence à son tour l'évolution du hockey. Certains joueurs innovent en introduisant le contrôle de la rondelle, la passe à un coéquipier en faisant glisser la rondelle et la passe par la bande. Ces innovations permettent au hockey de se distinguer davantage des autres sports à partir desquels il aurait évolué : le shinty, le bandy, le hurling et le hockey sur gazon.
La génération suivante de patinoires destinées au hockey suit la création de la LIGUE NATIONALE DE HOCKEY (LNH) en 1917. Comme ce fut le cas pour les stades de baseball, les patinoires pouvant recevoir un plus grand nombre de spectateurs illustrent la popularité grandissante du hockey. Le Forum de Montréal, conçu par John S. ARCHIBALD en 1923-1924, contient 10 300 sièges recouverts d'un toit en appentis soutenu par des colonnes intérieures; ces dernières ont été enlevées lors des rénovations de 1968. Le Maple Leaf Gardens de Toronto, conçu par Ross et Macdonald en 1929-1931, loge, à l'origine, 13 000 spectateurs sous un toit en dôme et chaque siège offre une vue libre de tout obstacle. Ces deux derniers bâtiments sont situés sur des rues du centre-ville desservies par le transport en commun et offrent d'autres attraits tels que des salles de quilles, des restaurants et des boutiques au rez-de-chaussée. Le Maple Leaf Gardens est également digne de mention pour avoir réservé un espace aux médias. La diffusion nationale des matchs à la radio par Foster HEWITT se fait à partir d'une cabine (nommée ainsi à cause des cabines des dirigeables) suspendue à une hauteur de 56 pieds au-dessus du centre de la patinoire. Cette cabine fait partie intégrante du bâtiment dans les plans originaux.
Dès 1895, aux États-Unis, on installe dans les patinoires des appareils pour fabriquer la glace artificielle, mais il faudra attendre 1911 pour que Frank et Lester Patrick introduisent ces appareils au Canada dans leurs deux nouveaux arénas de Victoria et Vancouver. Cet élément joue un rôle important dans l'essor encore plus grand du hockey car il permet de rallonger la saison et assure la tenue des matchs quelle que soit la température. Le Forum de Montréal et le Maple Leaf Gardens se pourvoient d'appareils pour la fabrication de la glace. Cela consiste en plusieurs « kilomètres » de petits serpentins de métal encastrés dans le plancher et par lesquels on fait passer un flot continu de saumure à basse température qui refroidit le plancher et fait geler l'eau que l'on étend à la surface, généralement jusqu'à un pouce d'épaisseur pour le hockey. Au début des années 40, l'arrivée de la resurfaceuse de glace, qui porte le nom de son inventeur Frank Zamboni, contribue à l'entretien de la glace et à l'augmentation de la cadence du jeu. À la fin des années 20, des dispositifs électriques de chronométrage, comme celui installé au Maple Leaf Gardens, sont mis au point et permettent aux spectateurs de mieux suivre le match.
La méthode de construction des toits est un aspect important de la conception des patinoires. La firme d'architectes Graham McCourt utilise un système innovateur pour le Saddledome de Calgary. Achevé en 1983 pour être utilisé lors des Jeux olympiques d'hiver de 1988 (et maintenant le domicile des FLAMES DE CALGARY), la forme excitante du Saddledome évoque l'héritage western de Calgary tout en offrant une structure fonctionnelle. Des panneaux de béton manufacturés sont suspendus à partir de câbles d'acier qui suivent les contours des gradins. Les lignes de vision sont excellentes, la concavité du toit réduit le volume intérieur et, par conséquent, le coût du chauffage.
Le GM Place à Vancouver (1995), le Centre Corel à Ottawa (1996) et le Centre Molson à Montréal (1996) font partie du boum nord-américain de construction d'arénas. De la fin des années 80 à l'an 2000, plus de 20 patinoires seront construites pour satisfaire aux besoins de la LNH. Ces installations, à la fine pointe de la technologie, dont certaines coûteront plus de 200 millions de dollars, témoignent de leurs origines, les patinoires couvertes et les pistes de curling construites au Canada vers 1850. Elles partagent encore certaines caractéristiques de ces dernières. Un grand nombre de ces nouveaux bâtiments remplacent des installations dont le défaut majeur était de ne pouvoir générer suffisamment de revenus (nécessaires, selon certains, pour payer les salaires astronomiques des joueurs) car elles ne comprennent pas de loges privées, de sièges réservés, ni de publicité à l'intérieur. Les nouveaux établissements s'adaptent à des fonctions multiples et offrent une acoustique de qualité supérieure. Ils sont aussi parmi les premières patinoires conçues pour offrir les meilleures lignes de vision à la fois aux spectateurs et aux caméras de télévision.
Voir aussi SPORTS, HISTOIRE DES.