Faith Fyles, botaniste, illustratrice botanique (née le 30 septembre 1875 à Cowansville, au Québec; morte le 22 octobre 1961 à Ottawa). Faith Fyles est la première femme qui a été engagée comme assistante-botaniste par le ministère fédéral de l’Agriculture (aujourd’hui Agriculture et Agroalimentaire Canada). En 1919, elle est devenue la première illustratrice botanique du ministère (sexes confondus).
Jeunesse
Faith Fyles naît le 30 septembre 1875 à Cowansville, Québec. Elle est la septième des dix enfants du révérend Dr Thomas Fyles et de son épouse Mary. Le Dr Fyles, un pasteur anglican, a quitté l’Angleterre pour immigrer au Canada. Il est aussi entomologiste et botaniste amateur, et Faith l’accompagne souvent dans ses recherches sur le terrain. Lui-même artiste, le père de Faith l’encourage à développer ses talents artistiques.
Éducation
Toute jeune, Faith Fyles excelle à l’école. Elle obtient son diplôme du Compton Ladies College en 1896 avec les honneurs et la médaille de botanique. (Le Compton Ladies College, un pensionnat pour filles situé à Compton, au Québec, sera plus tard appelé King’s Hall.) Elle s’inscrit ensuite à l’Université McGill, à Montréal, grâce à une bourse. Elle y étudie la botanique sous la direction de Carrie Derick, la première femme à obtenir un poste de professeur à temps plein au Canada. Après avoir obtenu un baccalauréat ès arts en 1900, elle suit des cours d’art pendant un an et étudie la flore du Québec avec son père.
Enseignement
Avant de terminer ses études à McGill en 1900 et d’entrer au ministère de l’Agriculture en 1909, Faith Fyles devient institutrice, un des métiers alors ouverts aux femmes. Elle travaille au Dunham Ladies’ College de Dunham, au Québec, puis à la Bishop Strachan School de Toronto, où elle enseigne la botanique.
Assistante-botaniste
Avant de s’installer à Hull (aujourd’hui Gatineau), au Québec, avec sa famille en 1909, Faith Fyles voyage pendant une année en Europe. En 1910, le ministère de l’Agriculture (aujourd’hui Agriculture et Agroalimentaire Canada) l’engage comme assistante-analyste des semences. Ce travail, routinier et fastidieux, consiste à tester des échantillons pour évaluer la contamination des semences et la vigueur de germination, deux facteurs importants pour la productivité agricole. Comme à l’époque les femmes étaient considérées comme meilleures pour exécuter ce travail routinier, le poste était présenté comme un « travail pour les femmes ».
En août 1911, grâce à sa formation universitaire en botanique, Faith Fyles devient la première femme à occuper le poste d’assistante-botaniste à la Ferme expérimentale centrale (FEC), qui appartient au ministère de l’Agriculture. Sa nomination reflète un changement d’orientation de la fonction publique, qui privilégie désormais l’embauche de professionnels (avec diplômes universitaires) plutôt que d’amateurs autodidactes. Certains spéculent que son engagement, à 36 ans, s’explique par le fait qu’il est devenu peu probable qu’elle quitte son emploi pour se marier ou avoir des enfants. Néanmoins, les salaires offerts aux femmes restent très inférieurs à ceux que les hommes peuvent obtenir dans la fonction publique. Faith Fyles devient responsable du jardin ornemental (qui fait partie de l’arboretum de la FEC), de l’herbier et de l’identification des plantes reçues ou collectées par son service. En dehors de son travail, elle demeure membre active du Ottawa Field-Naturalist Club, et elle continue à peindre.
Faith Fyles aide également de jeunes aspirantes botanistes comme Dorothy Swales (née Newton). Dorothy Swales deviendra curatrice de l’herbier du Collège Macdonald (Université McGill) dans les années 1960. Toute jeune, elle mentionne à son frère, qui travaille à la FEC, qu’elle a du mal à identifier certaines plantes sauvages. Celui-ci en parle à Faith Fyles, qui s’offre à identifier toutes les plantes que Dorothy lui enverra. Plus tard, Dorothy Swales racontera qu’en visite à la maison de campagne des Swales à Plaisance, au Québec, Faith Fyles a passé la journée avec elle « dans les champs et les bois, lui montrant les différentes parties des fleurs et ce qu’il faut observer le plus soigneusement ».
Principales plantes vénéneuses au Canada
Faith Fyles est une des seules employées féminines du ministère de l’Agriculture à voyager pour faire du travail de terrain, une activité considérée comme peu sûre pour les femmes. En 1914, elle fait le tour de l’Ouest canadien, collectant et préparant des plantes vénéneuses pour l’herbier du ministère. S’appuyant sur ce travail de terrain, elle rédige et illustre la brochure Principal Poisonous Plants of Canada (trad. Les principales plantes vénéneuses du Canada). La brochure, publiée en 1920, est la plus connue des six publications de Faith Fyles. Elle s’inscrit dans le mandat de la FEC d’aider les cultivateurs et les producteurs de fruits en publiant des guides et des manuels d’instruction gratuits consacrés à des connaissances pratiques. Principal Poisonous Plants of Canada est un guide facile à utiliser pour identifier et éradiquer les plantes vénéneuses susceptibles de tuer ou rendre malades les chevaux et le bétail. Elle décrit ainsi les feuilles de la renoncule scélérate comme rondes ou en forme de cœur, à trois lobes et dentelées, et note que la plus petite portion de la feuille ou de la fleur, si avalée, causera une douleur vive et une sérieuse inflammation. Notant qu’elle est surnommée en français Mort aux vaches, elle écrit que la renoncule est considérée comme particulièrement dangereuse pour les.
La brochure n’intéresse pas que la communauté agricole. Dans un article du 7 juillet 1928, The Winnipeg Tribune écrit que Principal Poisonous Plants of Canada, qui se vend alors 25¢, « devrait figurer dans la librairie de tout chef scout ». L’article présente aussi Faith Fyles comme « la plus grande artiste botaniste au Canada ».
Pour illustrer la brochure, Faith Fyles utilise une combinaison d’aquarelles, de dessins en noir et blanc, de photographies d’aquarelles et de photographies de plantes. Elle inclut également huit illustrations miniatures en noir et blanc de paysages et de plantes.
Artiste botanique
En 1919, Faith Fyles passe à la division d’horticulture de la Ferme expérimentale centrale dont elle devient la première artiste botanique. Auparavant, elle avait illustré à temps perdu des publications du ministère. Il s’agit d’une première prestigieuse, mais le passage de botaniste à artiste botanique implique une rétrogradation en termes de salaire. Néanmoins, le poste est important : la photographie en couleurs ne remplacera les dessins en noir et blanc, les lithographies peintes à la main et les photos en noir et blanc que dans les années 1960. À ce poste, Faith Fyles unira art et science pour produire des illustrations précises, très appréciées, et des diapositives peintes à la main des plantes, fruits, fleurs et légumes créés par des spécialistes de l’hybridation de la FEC comme Isabella Preston et William T. Macoun.
Activités artistiques pendant la retraite
Faith Fyles prend sa retraite en 1931 pour des raisons de santé. Durant sa retraite, elle se consacre à la peinture de paysages, plantes et fleurs. Ayant exposé ses œuvres dès les années 1920, elle continue à le faire jusque dans les années 1950. Elle participe à des expositions organisées par l’, l’Académie royale des arts du Canada et des galeries privées. Lady Byng, l’épouse du Gouverneur général, engage Faith Fyles en 1926 pour peindre son jardin de rocaille de Rideau Hall.