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Frances Wagner

Frances Joan Estelle Wagner, MSRC, micropaléontologue (née le 28 mai 1927 à Hamilton, en Ontario; décédée le 8 novembre 2016 à Falmouth, en Nouvelle‑Écosse). Frances Wagner était géologue et pionnière dans le domaine de la micropaléontologie. Elle a cartographié et daté les couches géologiques des terres et des océans du Canada en étudiant des fossiles microscopiques. Elle a été parmi les premières femmes à mener des recherches sur le terrain pour la Commission géologique du Canada ainsi qu’à bord d’un navire de recherche du gouvernement du Canada.

Microfossiles

Jeunesse et formation

Frances Wagner naît à Hamilton, en Ontario, puis déménage à York (qui fait maintenant partie de Toronto) lorsqu’elle est toute jeune. Elle passe son enfance à l’extérieur où elle se livre à la pêche, au canotage, à la raquette, à la chasse, à l’équitation et à la natation. Enfant, au chalet familial à Muskoka, elle est entourée de la géologie du Bouclier canadien. Elle aurait poussé son jeune frère à l’aider à identifier plus de 50 espèces de lichens à proximité du chalet.

En 1948, Frances Wagner obtient un baccalauréat ès sciences en paléontologie de l’Université de Toronto. L’été suivant, elle décroche un emploi d’été à la Commission géologique du Canada (CGC), cataloguant les pièces de la collection du Musée Victoria à Ottawa. Elle poursuit ses études à l’Université de Toronto, puis obtient en 1950 une maîtrise spécialisée en paléontologie des invertébrés. Au cours de ses études de maîtrise, elle est encadrée par Alice Wilson, la première femme employée comme géologue à la CGC. Frances Wagner développe sa thèse de recherche dans une carrière, près d’Ottawa.

Début de carrière et études supérieures

Après l’obtention de sa maîtrise, Frances Wagner est engagée par la Commission géologique du Canada (CGC). La CGC est créée en 1842 pour cartographier les ressources géologiques du Canada. Frances Wagner est l’une des trois premières femmes embauchées par la CGC; Alice Wilson, sa mentore, étant la première. Bien qu’elle effectue des recherches sur le terrain avec la CGC, Alice Wilson n’est pas autorisée à participer aux expéditions de nuit et plaide en faveur de l’inclusion des femmes dans ces voyages. En 1950, Frances Wagner et la géologie Helen Belyea sont les premières femmes autorisées à participer aux recherches de nuit sur le terrain.

La première expédition de Frances Wagner la conduit à Moose Factory dans le nord de l’Ontario, où elle doit se déplacer en canot pour atteindre la plupart de ses sites de recherche. Seule femme de l’équipe, la spéléologue n’est pas bien accueillie par ses collègues masculins qui croient qu’une femme n’a pas la capacité physique nécessaire pour transporter le matériel et les échantillons requis lors des recherches sur le terrain.

La CGC cherche des spécialistes en paléontologie du Pléistocène, mais aucune université canadienne n’offre à cette époque de diplôme d’études supérieures dans cette spécialité. La CGC envoie Frances Wagner à l’Université Stanford, en Californie, afin qu’elle poursuive ses études dans ce domaine. Elle obtient d’abord une maîtrise en géologie, puis un doctorat spécialisé en micropaléontologie.

À Stanford, Frances Wagner est encadrée par A. Myra Keen, une scientifique pionnière et professeure spécialisée en paléontologie et en malacologie (l’étude des mollusques). En juin 1954, Frances Wagner revient à Ottawa pour continuer à travailler pour la CGC, tout en terminant sa thèse intitulée « Paleontology and Stratigraphy of the Marine Pleistocene Deposits of Southwestern British Columbia » (Paléontologie et stratigraphie des dépôts marins du Pléistocène du sud-ouest de la Colombie-Britannique).

Carrière au sein de la Commission géologique du Canada

Frances Wagner est à l’avant-plan du domaine de la micropaléontologie qui fait son apparition au XXe siècle. Elle étudie les fossiles microscopiques laissés sur place, il y a des éons pour aider à déterminer et à dater les couches géologiques des terres et des océans du Canada. Ses contributions et celles d’autres micropaléontologues améliorent considérablement la compréhension des couches géologiques du Canada. Au début de sa carrière, seulement 25 % de la géologie du Canada est cartographiée. À la fin de sa carrière, ce nombre était passé à environ 66 %.

Frances Wagner voyage partout au Canada pour mener des recherches sur le terrain avec la Commission géologique du Canada (CGC). Elle étudie des échantillons d’un océan à l’autre du Canada, de l’océan Arctique à la mer des Caraïbes. Au cours de l’été 1965, elle se joint à l’équipage du CSS Hudson, un navire de recherche scientifique de 90 mètres, pour effectuer des recherches sur le fond de la baie d’Hudson. Elle devient ainsi l’une des premières femmes à mener des recherches à bord d’un navire de recherche du gouvernement canadien; la géologie Charlotte Keen ayant été la première femme à le faire en s’embarquant à bord du navire l’année précédente.

En 1967, Frances Wagner déménage à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, pour continuer à travailler pour la CGC à l’Institut océanographique de Bedford, un centre de recherche maritime. La mer Champlain et la mer de Beaufort figurent parmi ses champs d’expertise. Elle publie des articles dans des revues spécialisées ainsi que des ouvrages sur la géologie des terres et des mers du Canada.

Frances Wagner est nommée membre de la Société géographique royale du Canada en 1973. Elle prend sa retraite en 1984, après plus de 30 ans de service à la CGC.

Vie personnelle

Après sa retraite, Frances Wagner reste en Nouvelle-Écosse et s’installe à Mount Uniacke, une localité située à quelque 35 km au nord-ouest d’Halifax. Parallèlement à ses intérêts scientifiques, elle élève, entraîne et présente des bergers des Shetlands. Grâce à l’élevage, elle contribue à sauver de l’extinction le chien norvégien de macareux, une race de chien rare.

Membre de l’Association des chevaux Morgan canadiens, Frances Wagner possède et entraîne des chevaux Morgan à Ottawa et en Nouvelle‑Écosse. Elle participe à la fondation de la Nova Scotia Historical Riding Society et fait des démonstrations de montée à cheval en amazone, qu’elle a apprise par elle-même. Elle fait des recherches sur les vêtements d’équitation (tenues féminines de chevauchée) et apprend à coudre des tenues fidèles sur le plan historique pour ses démonstrations de montée en amazone. Elle crée également des costumes pour les démonstrations de l’Uniacke Heritage Society.

En 2013, Frances Wagner est victime d’un accident vasculaire cérébral et ne peut bouger que le visage et les mains. Elle décède trois ans plus tard, le 8 novembre 2016, à Falmouth, en Nouvelle‑Écosse.

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