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Hétu, Pierre

Pierre Hétu. Chef d'orchestre, pianiste (Montréal, 22 avril 1936, décès le 3 décembre 1998 à Montréal).

Hétu, Pierre

Pierre Hétu. Chef d'orchestre, pianiste (Montréal, 22 avril 1936, décès le 3 décembre 1998 à Montréal). Il fait ses études musicales (1955-1957) au CMM avec Germaine Malépart (piano) et à l'Université de Montréal avec Jean Papineau-Couture (acoustique), Gabriel Cusson et Conrad Letendre (harmonie et contrepoint) ainsi que Jean Vallerand (histoire de la musique). Boursier du gouvernement du Québec, il séjourne ensuite à Paris (1958-1962) où il étudie avec Marcel Ciampi (piano) et Edouard Lindenberg (direction d'orchestre), puis au Conservatoire (1960-1962) avec Louis Fourestier. En 1961, il se classe premier sur 34 candidats au Concours international des jeunes chefs d'orchestre de Besançon, « section professionnels diplômés ». Il travaille ensuite la direction notamment avec Sergiu Celibidache à Sienne en Italie (étés 1959-1961), Charles Munch à Tanglewood (été 1962), Jean Martinon à Düsseldorf (été 1964) et Hans Swarowsky à Vienne (1964-1965). Avec Gail Grimstead (flûte) et Jacques Simard (hautbois), il fonde à Paris (1960) le Trio canadien qui effectue ensuite une tournée JMC (1962-1963) et crée Triptyque d'André Prévost.

Il fait ses débuts au Canada à la tête de l'OSM lors d'un concert organisé par les JMC (1963). Après cette première, Claude Gingras écrit : « On ne devient pas chef d'orchestre : on naît avec ces dispositions, et je crois que l'on peut dire que Pierre Hétu est un chef d'orchestre-né » (La Presse, Montréal, 6 mars 1963). Nommé adjoint de Zubin Mehta, dir. artistique de l'OSM, il se voit aussi confier la direction des Matinées symphoniques, poste qu'il conservera jusqu'en 1968. Il y crée Fantasmes d'André Prévost en novembre 1963 et Projection de Maurice Dela en 1967. Il dirige aussi Terre des hommes de Prévost lors de l'ouverture du Festival mondial d'Expo 67. Par la suite, il cumule les fonctions de dir. mus. de l'OS de Kalamazoo, Mich. (1968-1972), et de chef associé de l'OS de Detroit (1970-1973). Il est ensuite dir. artistique de l'Orchestre symphonique d'Edmonton (1973-1980). En 1977, suite à une crise cardiaque, il quitte la scène pour plusieurs mois.

Sa direction de la Symphonie no 10 de Chostakovitch, œuvre qui, selon Gilles Potvin, « ne peut être défendue que par un chef qui a l'autorité, le panache et l'intériorité », suscite de la part du même critique le commentaire suivant : « Hétu a littéralement propulsé l'OSM dans une exécution grandiose, spacieuse, animée d'un souffle qui ne s'est pas démenti un seul moment, rappelant un Kondrachine ou un Mravinski » (Le Devoir, Montréal, 30 janvier 1975).

Chef invité au Canada et à l'étranger, il est au pupitre de l'OMJM lors du concert d'ouverture des Jeux olympiques de 1976, un orchestre qu'il dirige aussi à Orford et à Québec. En 1977, il dirige le Nouvel orchestre philharmonique de Paris dans des œuvres de Jacques Hétu, Matton et Prévost (voir Musicanada). La même année il reçoit un prix du Conseil canadien de la musique pour sa direction de Salomé de Strauss. Il dirige également en Europe les orchestres de Bruxelles, Lausanne et Strasbourg, ainsi que de nombreux opéras, notamment pour le Théâtre lyrique de Nouvelle-France, la COC, l'Opéra du Québec, le Calgary Opera, l'Edmonton Opera et le Vancouver Opera.

Depuis 1980, Hétu dirige les principaux orchestres au Canada et participe à des enregistrements pour la radio et la télévision de la SRC. Il enseigne également la direction d'orchestre et est membre de jury dans des concours nationaux et internationaux. En 1988, il tente, sans succès, de se faire élire député. De 1991 à 1994, il enseigne la direction à l'Université de Toronto où il est également chef de l'orchestre symphonique. Au milieu des années 1990, il se retire peu à peu de la scène pour des raisons de santé. En octobre 1998, il dirige pour la dernière fois Samson et Dalila de Saint-Saëns pour la New Orleans Opera Association.

Discographie

Healey Arctic Images, J. Hétu Concerto : Vallecillo p, O de Louisville; 1979; Louisville LS-769, (Hétu) 4-ACM 31 (CD).

J. Hétu Symphonie n<sup>o</sup> 3, Borodine Symphonie n<sup>o</sup> 2 : orch SRC Mtl; 1976; RCI 436.

Moussorgsky Pictures at an Exhibition, R. Strauss Till Eulenspiegel, Dvořák Slavonic Dance op. 46 n<sup>o</sup> 8 : OMJM; 1976; 2-Musicus MS2-45101, (Strauss et Dvořák) 5-RCI 512.

Voir aussi Colas et Colinette et DISCOGRAPHIES de l'Orchestre symphonique d'Edmonton et de l'OSM.

Bibliographie

Claude GINGRAS, « Pierre Hétu : un métier exigeant », La Presse (Montréal, 17 janv. 1976).

Maryse ANGRIGNON SIROIS, « Pierre Hétu, chef d'orchestre », Aria, IX (été 1986).

Arthur KAPTAINIS, « From the podium to politics », The Gazette (Montréal, 28 mai 1988).

« Pierre Hétu, 62, conductor and teacher, » Montreal Gazette, 5 déc 1998.