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Israel Halperin

Israel Halperin, C.M., mathématicien et militant pour les droits de la personne (né le 5 janvier 1911 à Montréal, au Québec; décédé le 8 mars 2007 à Toronto, en Ontario). Israel Halperin a fait progresser les connaissances en mathématiques dans les domaines de l’algèbre d’opérateurs et de la théorie des opérateurs. (Voir aussi Mathématiques.) Il s’est retrouvé mêlé à l’affaire Gouzenko en 1946, lorsqu’on l’a accusé d’être un informateur auprès de l’Union soviétique. Après cette épreuve, Israel Halperin a repris ses fonctions de professeur à l’Université Queen’s, enseignant également à l’Université de Toronto quelques années plus tard. À partir des années 1970, il a lancé des campagnes d’envoi de lettres visant à mettre fin aux violations des droits de la personne et à libérer les prisonniers politiques.

Israel Halperin

Jeunesse

Israel Halperin est le fils de Solomon Halperin et Fanny Lundy, des immigrés russes de religion juive. (Voir aussi Immigration au Canada.) Son père est vendeur d’assurances. Les trois frères et sœurs d’Israel Halperin deviendront tous des professionnels accomplis. Sa sœur, Clara, devient l’une des premières femmes avocates au Canada. L’un de ses frères, Ben, joue du violon pour l’Orchestre symphonique de Toronto, tandis que l’autre, Bill, est mathématicien; ce dernier perd la vie pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Israel Halperin fait ses études secondaires au Malvern Collegiate Institute. À l’Université de Toronto, il décroche un baccalauréat ès arts, puis une maîtrise. Israel Halperin s’inscrit ensuite au doctorat à l’Université de Princeton. C’est le seul diplômé embauché par John von Neumann, considéré comme l’un des pères de l’informatique moderne. Israel Halperin obtient son doctorat en 1936, rédigeant une thèse intitulée Adjoints and Closures of Linear Differential Operators (Adjoints et fermetures d’opérateurs différentiels linéaires).

En 1939, Israel Halperin rentre au Canada et accepte un poste de professeur de mathématiques à l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario. De son union avec sa femme, Mary, naissent quatre enfants. Tous quatre aboutissent à des carrières impressionnantes. Son fils Steve devient doyen de l’Université du Maryland. Son autre fils, Bill, enseigne la physique à l’Université Northwestern. L’une de ses filles, Mary, devient médecin, tandis que l’autre, Connie, prend la tête du laboratoire Terry Fox de Vancouver.

Accusations d’espionnage et acquittement

En 1942, pendant la Deuxième Guerre mondiale, Israel Halperin s’enrôle dans l’Artillerie royale canadienne. Il aide à mettre au point des explosifs et des armes. En 1945, l’homme atteint le grade de major. À la fin du conflit, il reprend ses fonctions à l’Université Queen’s.

En septembre 1945, un officier du renseignement russe à l’ambassade soviétique à Ottawa, du nom d’Igor Gouzenko, fait défection. Il déclare aux autorités canadiennes que des espions soviétiques sont en activité en sols canadien et américain. Cette révélation choc conduit à la mise sur pied d’une Commission royale chargée d’enquêter sur ces allégations; la Gendarmerie royale du Canada (GRC) se met aussitôt à la recherche d’activités de trahison.

La Commission découvre une association entre Israel Halperin et Gordon Lunan. Ce dernier avait travaillé au Service de renseignement du Canada tout en dirigeant un réseau d’espionnage, le Groupe Lunan, qui rapportait à l’ambassade soviétique. Des documents secrets révèlent qu’Israel Halperin a pour nom de code Bacon. En 1946, Israel Halperin est mis en état d’arrestation et détenu pendant cinq semaines dans une caserne de la GRC, sans avoir accès à un avocat. On l’accuse d’avoir agi en infraction à la Loi sur les secrets officiels.

Lorsqu’il est traduit devant un tribunal, Israel Halperin refuse de prêter serment et refuse de parler. Même lorsqu’on l’autorise enfin à s’entretenir avec son avocat, il garde le silence. Le principal témoin dans cette affaire, Gordon Lunan, refuse de témoigner contre Israel Halperin. Cela mène à son acquittement.

Israel Halperin fait ensuite l’objet d’une audience interne à l’Université Queen’s. Certains de ses contemporains envoient des lettres de soutien, demandant à l’établissement de lui permettre de conserver son poste. Le chancelier de l’Université Queen’s craint que le renvoi du professeur ne mette son établissement dans l’embarras. En 1948, Israel Halperin est autorisé à reprendre son poste de professeur de mathématiques.

Jusqu’à la fin de sa vie, il refusera de parler de l’épreuve liée aux allégations d’espionnage, et de son poste à l’Université Queen’s.

Faire progresser le domaine des mathématiques

Israel Halperin est un brillant mathématicien. Il publie en carrière plus de 100 articles évalués par des pairs et est coauteur de plusieurs ouvrages qui améliorent la compréhension des mathématiques appliquées. Parmi ses travaux les plus importants, citons Introduction to the Theory of Distributions (Introduction à la théorie des distributions, 1952), Coordinates in Geometry (Coordonnées en géométrie, 1954) et On a Theorem of Frobenius (Étude du théorème de Frobenius, 1955). Au décès de John von Neumann en 1957, Israel Halperin termine l’écriture de deux de ses ouvrages inachevés et veille à ce que son mentor de Princeton soit cité comme auteur.

En 1966, Israel Halperin entre en fonction à l’Université de Toronto, où il poursuit son travail, désormais reconnu à l’international. Il met sur pied un groupe de chercheurs qui sera parmi les premiers à étudier l’algèbre d’opérateurs et la théorie des opérateurs. Il est également à l’origine d’une réunion nationale annuelle de mathématiciens, le Canadian Operator Symposium. Israel Halperin prend sa retraite de l’enseignement universitaire en 1976.

Faire progresser les droits de la personne

Israel Halperin œuvre à la libération des personnes emprisonnées par leur gouvernement en raison de leurs opinions politiques ou de leur militantisme. Lorsqu’il prend connaissance des détails d’un cas particulier, il écrit des lettres polies, mais fermes au chef du gouvernement du prisonnier en question, en envoyant également un exemplaire aux médias. Il espère ainsi sensibiliser le public à ces affaires, tout en lançant aux chefs de gouvernement un message clair : le monde entier regarde.

Israel Halperin met sur pied, à titre individuel, un organisme du nom d’International Campaigns for Human Rights. Au bout d’un certain temps, il profite du soutien d’universitaires du monde entier, dont plus de 100 lauréats du prix Nobel, qui cosignent ses lettres et écrivent aussi les leurs. Les efforts d’Israel Halperin mènent à la libération des scientifiques russes Youri Orlov et Anatoly (Natan) Sharansky, du scientifique uruguayen José Luis Massera et du prix Nobel de la paix du Myanmar, Aung San Suu Kyi.

Israel Halperin met sur la sellette les gouvernements qui violent sans vergogne les droits de la personne. Dans les années 1980, par exemple, Israel Halperin s’implique dans la lutte contre l’emprisonnement et la torture auxquels a recours le régime d’Augusto Pinochet au Chili. Il rallie le soutien de dizaines d’universitaires et de chefs religieux du monde entier, de maires canadiens ainsi que de représentants du gouvernement fédéral, et de nombreux autres. Dans une lettre de huit pages, il énumère les nombreuses personnes respectées qui sont consternées par ce qui se passe dans ce pays; il enverra ce message aux journaux, à Pinochet ainsi qu’à d’autres dirigeants politiques chiliens, exigeant que l’on mette fin immédiatement à ces violations flagrantes des droits de la personne.

Prix et distinctions

Israel Halperin reçoit pendant sa carrière de nombreuses récompenses et distinctions, notamment :


L’Université de Waterloo crée le prix Israel Halperin en 1979. Il est décerné tous les cinq ans à une personne ayant obtenu son doctorat dans les dix années précédentes et qui effectue un travail remarquable dans le domaine de l’algèbre d’opérateurs ou de la théorie des opérateurs.