Jane Isabel Jacobs (née Butzner), O.C., O.Ont., autrice, activiste urbaine, économiste, écologiste, philosophe (née le 4 mai 1916 à Scranton en Pennsylvanie; décédée le 25 avril 2006 à Toronto en Ontario). Jane Jacobs s’est fait connaitre grâce à ses livres, dont le premier est The Death and Life of Great American Cities (1961; trad. Déclin et survie des grandes villes américaines, 2012). Dans ses écrits, elle utilisait des techniques d’exposé innovatrices, dont les dialogues, pour expliquer le fonctionnement des économies et les villes, ainsi que pour analyser les conditions qui leur permettent de prospérer.

Éducation et début de carrière
Après avoir obtenu son diplôme du secondaire et de l’école de secrétariat de Scranton en Pennsylvanie en 1933, Jane Jacobs travaille pendant un an comme journaliste au Scranton Tribune. Elle déménage ensuite à New York où elle occupe divers emplois et travaille comme pigiste pour des journaux et des magazines pendant quatre ans, avant d’entreprendre un programme d’études universitaires autodirigé. Plus intéressée par la diversité des champs d’intérêt que par l’obtention d’un diplôme, elle choisit des cours dans le programme d’études générales de l’Université de Columbia plutôt que de suivre le programme plus conventionnel du Bernard College, qui offre un diplôme. En 1940, la Columbia University Press publie un livre de Jane Jacobs, Constitutional Chaff: Rejected Suggestions of the Constitutional Convention of 1787, with Explanatory Argument, une compilation des propositions rejetées pour la Constitution des États-Unis.
Carrière
En 1940, Jane Jacobs devient adjointe à la rédaction, puis rédactrice pour le magazine spécialisé Iron Age (qui devient plus tard New Steel). En 1942, elle devient rédactrice de brochures pour le Office of War Information, puis rédactrice de brochures et de magazines pour le US State Department of Information. En 1952, lorsque le bureau déménage de New York à Washington, elle devient rédactrice en chef adjointe pour le magazine Architectural Forum.
En tant que citoyenne activiste dans les années 1960, Jane Jacobs est reconnue pour sa contribution à sauver West Greenwich Village et So-ho de la démolition pour un réaménagement urbain et la construction d’une autoroute. (Voir aussi Mouvements populaires urbains.) Une bourse de la Rockfeller Foundation lui permet d’écrire son célèbre livre The Death and Life of Great American Cities (trad. Déclin et survie des grandes villes américaines), qui est publié en 1961 après deux ans d’absence du Architectural Forum.
Vie au Canada
En 1968, pendant la guerre du Vietnam, Jane Jacobs quitte les États-Unis avec son mari et ses enfants pour s’établir à Toronto, où elle devient immédiatement impliquée dans une lutte pour arrêter l’expansion du réseau autoroutier. (Voir aussi À Toronto : la voie rapide de Spadina.) Grâce à son activisme communautaire, elle continue de faire sa marque dans son foyer d’adoption en faisant la promotion des quartiers sains et en faisant pression pour obtenir des conditions favorables à la diversité économique. (Voir aussi Mouvements populaires urbains.) À l’automne 1997, lors d’un mois d’hommage rendu à son œuvre et à sa réflexion commandité par l’urbaniste et philanthrope Alan Broadbent, Jane Jacobs surprend son auditoire en proposant que Toronto se sépare de l’Ontario, une proposition qui est conforme à sa conviction que la vitalité culturelle et économique des villes devrait s’accompagner d’un pouvoir politique accru. (Voir aussi Séparatisme au Canada.) Au printemps 2001, elle contribue à l’organisation d’une réunion des maires de cinq villes canadiennes, à laquelle elle participe également, afin de discuter des moyens de modifier l’équilibre des pouvoirs en faveur des gouvernements locaux.
En 1961, son livre The Death and Life of Great American Cities (trad. Déclin et survie des grandes villes américaines) devient un succès instantané auprès du grand public, malgré le désintérêt des responsables de l’urbanisme, et il demeure un succès à ce jour. Jusqu’à son décès, Jane Jacobs continue d’explorer le fonctionnement des sociétés dans plusieurs livres consacrés aux villes et leur économie. Sa capacité d’observer, puis de codifier les comportements et les événements rend les idées complexes facilement accessibles. Son intérêt et ses préoccupations concernant ce qui est local et pour les choses qui fonctionnent intelligemment et directement s’accompagnent d’une appréciation de la délicate complexité de tous les systèmes et d’une recherche des modèles de relations qui les régissent. La pensée non linéaire et l’application du paradigme écologique aux activités humaines ainsi qu’aux phénomènes naturels caractérisent son approche.

Vie personnelle
Le mari de Jane Jacobs, Robert Jacobs, meurt en 1996. Ensemble, ils sont trois enfants; James, Edward et Burgin.
Legs
Bien qu’elle soit critiquée par certains pour son raisonnement pragmatique et son rejet des grandes théories académiques, Jane Jacobs attire un large public composé de penseurs urbains et de praticiens civiques. En dehors de l’Amérique du Nord, elle est principalement reconnue en tant qu’économiste, observatrice de modèles et analyste de systèmes complexes. Ses livres sont fréquemment inclus dans les listes de lectures de cours postsecondaires dans des disciplines comme l’architecture, la science de la complexité, les sciences économiques et l’urbanisme (voir Aménagement urbain et régional).
Le prix Jane Jacobs est créé en 1997 à la suite d’une conférence organisée par la ville de Toronto intitulée Jane Jacobs: Ideas that Matter. Depuis 2014, le magazine Spacing décerne ce prix qui récompense des personnes pour leur contribution à la ville de Toronto.
En 2007, les Promenades de Jane sont fondées à Toronto. Cette marche annuelle, qui se déroule maintenant dans plusieurs villes durant la première fin de semaine du mois de mai, encourage les participants à marcher et à en apprendre davantage sur leur quartier.
Publications
- The Death and Life of Great American Cities (1961; trad. Déclin et survie des grandes villes américaines, 2012)
- The Economy of Cities (1969)
- The Question of Separatism: Quebec and the Struggle over Sovereignty (Massey Lecture, 1980; trad. La question du séparatisme : le combat du Québec pour la souveraineté, 2012)
- Cities and the Wealth of Nations: Principles of Economic Life (1984; trad. Les villes et la richesse des nations : réflexions sur la vie économique, 1992)
- Systems of Survival: A Dialogue on the Moral Foundations of Commerce and Politics (1992; trad. Systèmes de survie. Dialogue sur les fondements moraux de commerce et de la politique, 1995)
- A Schoolteacher in Old Alaska: The Story of Hannah Breece (1995)
- The Nature of Economies (2000; trad. La nature des économies, 2001 )
- Toronto: Considering Self-government (2000)
- Dark Age Ahead (2004; trad. Retour à l’âge des ténèbres, 2005)
- Vital Little Plans: The Short Works of Jane Jacobs (2016)
Prix et distinctions
Jane Jacobs est une célébrité réticente, et elle préfère sa machine à écrire aux projecteurs. Elle décline de nombreuses offres de doctorats honorifiques venant d’universités de partout dans le monde, parce qu’elle rejette les honneurs et elle se méfie du « diplômatisme ». En juin 1998, elle est nommée Officière de l’Ordre du Canada. En 2000, elle reçoit l’Ordre de l’Ontario. Également en 2000, elle reçoit le Vincent Scully Prize en architecture décerné par le National Building Museum de Washington DC. Pour son livre Dark Age Ahead (2004; trad. Retour à l’âge des ténèbres, 2005), Jane Jacobs reçoit le prix Shaughnessy Cohen pour écriture politique de la Société d’encouragement aux écrivains du Canada, en 2004.