John Amagoalik, O.C., ONu, leader, activiste, homme politique, écrivain (né le 26 novembre 1947 à Tasialuk au Québec). John Amagoalik est un leader inuit parfois connu sous le nom de John A., le Père du Nunavut (voir aussi Pères de la Confédération; Le Nunavut et la Confédération). Son leadership et son engagement ont contribué à la création du territoire du Nunavut, le 1er avril 1999. Il a joué un rôle déterminant dans la signature de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut en 1993, et il a contribué à la planification de la structure gouvernementale du Nunavut. Il a également fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il offre des excuses et des indemnités aux Inuits pour les dommages causés par la réinstallation forcée des familles dans l’Extrême-Arctique et pour le massacre de chiens de traîneau (voir Réinstallations d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada).
Jeunesse
John Amagoalik naît au nord d’Inukjuak, dans la région du Nunavik au Québec, dans un environnement suivant le mode de vie traditionnel inuit de chasse et de cueillette. En 1953, alors qu’il a cinq ans, la Gendarmerie royale du Canada persuade ses parents de déménager. On leur dit que le gibier est plus abondant au nouvel endroit. Sept familles de la région d’Inukjuak sont déplacées à 2000 km au nord dans l’Extrême-Arctique (voir Réinstallations d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada). Trois familles de Mittimatalik (également connu sous le nom de Pond Inlet), dans le nord de l’île de Baffin, sont également relocalisées. Le gouvernement fédéral croit que ces familles pourront aider les familles d’Inukjuak à apprendre à vivre dans l’Extrême-Arctique.
Le gouvernement leur promet qu’ils resteront ensemble. Cependant, le groupe est divisé en deux. La moitié des familles sont déposées dans le sud de l’île d’Ellesmere. La famille de John Amagoalik fait partie du groupe qui est déposé sur une plage de gravier près de Resolute Bay sur l’île Cornwallis.
C’est un endroit de désolation. Le climat est plus froid et plus rigoureux qu’à Inukjuak et Mittimatalik. Dans ce nord extrême, les mois d’hiver sont caractérisés par une obscurité de 24 heures. On ne leur a pas fourni d’abris et ils vivent donc dans les tentes qu’ils ont apportées. De plus, les animaux ne sont pas aussi nombreux que ce que les responsables gouvernementaux leur ont dit.
Le gouvernement revient également sur sa promesse de laisser les personnes retourner sur leurs terres natales après deux ans si elles choisissent de partir. Les familles sont contraintes de vivre dans l’Extrême-Arctique. Les gens meurent de faim et les conditions de vie sont extrêmement difficiles.
John Amagoalik fréquente l’école de Resolute Bay. En 1964, il est envoyé au pensionnat indien de Churchill au Manitoba. Lorsque son père reçoit un diagnostic de tuberculose, John Amagoalik quitte l’école pour soutenir sa mère.
Vie politique
De 1971 à 1974, John Amagoalik travaille comme agent d’information régional de Baffin pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Il est partisan de l’autonomie gouvernementale des Inuits sur leur propre territoire. De 1977 à 1979, il dirige la Commission des revendications territoriales des Inuits des Territoires du Nord-Ouest. À ce poste, il se porte activement à la défense de la création d’un territoire inuit appelé Nunavut. Nunavut signifie « notre terre » en inuktitut.
En 1979, John Amagoalik est vice-président et directeur des revendications territoriales de l’Inuit Tapirisat du Canada (maintenant l’Inuit Tapiriit Kanatami [ITK]) basé à Ottawa. Cet organisme protège et fait progresser les droits et les intérêts des Inuits. John Amagoalik exerce ensuite deux mandats à titre de président de l’ITK, de 1981 à 1985 et de 1988 à 1991. De 1980 à 1983, il est membre du conseil exécutif de la Conférence circumpolaire inuite. Il est également coprésident du Comité inuit sur les questions nationales de 1982 à 1985. De 1986 à 1987, il préside le Forum constitutionnel du Nunavut, une association qui représente tous les Inuits du Canada dans les affaires constitutionnelles.
En 1991, John Amagoalik travaille comme conseiller constitutionnel et politique auprès de la Tunngavik Federation of Nunavut (maintenant Nunavut Tunngavik Incorporated). En 1993, il retourne à Iqaluit. L’association est créée pour négocier l’accord sur les revendications territoriales du Nunavut avec le gouvernement du Canada. Après la ratification de la Loi sur le Nunavut en 1993, John Amagoalik est nommé commissaire en chef de la Commission d’établissement du Nunavut, qui est composée de 10 membres. Cette commission supervise la création du Nunavut. Elle se concentre sur la planification détaillée et la conception de la structure gouvernementale du nouveau territoire. Le nouveau gouvernement doit être fondé sur la culture, et avoir l’inuktitut comme langue de travail.
John Amagoalik continue de faire progresser les droits des Inuits (voir aussi Droits des Autochtones au Canada). Il demande une indemnisation pour les familles inuites qui ont été réinstallées dans l’Extrême-Arctique comme la sienne (voir Réinstallations d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada). Les survivants de cette réinstallation inventent le terme d’exilés de l’Extrême-Arctique pour se représenter eux-mêmes. Dans le cadre de ce travail, John Amagoalik fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il reconnaisse la tragédie humaine causée par la réinstallation dans l’Extrême-Arctique.
Il déclare : « Pour que le pardon soit accordé, il doit y avoir vérité et reconnaissance de ce qui s’est passé. » Les recherches révèlent que l’intention derrière la réinstallation était de maintenir les exigences de souveraineté du Canada dans l’Arctique en matière d’occupation. Le gouvernement fédéral présente des excuses officielles en 2010. De plus, il verse une compensation financière aux familles déplacées.
John Amagoalik participe à l’enquête de la Commission de vérité Qikiqtani sur le massacre de qimmiit (chiens de traîneau). En août 2019, Carolyn Bennet, ministre des Relations Couronne-Autochtones, présente les excuses du gouvernement pour les actions coloniales néfastes survenues entre 1950 et 1975. Ces actions comprennent la relocalisation forcée des Inuits et le massacre des qimmiit. La compensation comprend un financement de 20 millions de dollars pour les programmes de la Qikiqtani Inuit Association (QIA). John Amagoalik travaille comme conseiller politique pour la QIA.
John Amagoalik écrit une chronique régulière intitulée « My Little Corner of Canada, » pour Nunatsiaq News, de 1995 à 2016. Il publie des articles dans le magazine Inuit Today. En 2007, il publie son autobiographie, Changing the Face of Canada: The Life Story of John Amagoalik (trad. Un nouveau visage pour le Canada), en anglais, en inuktitut et en français. Il figure dans des documentaires qui font la promotion des droits des Inuits, comme Qallunaat! Why White People Are Funny (2006), Martha of the North (2008; v.f. Martha qui vient du froid) et Arctic Defenders (2013).
John Amagoalik vit à Iqaluit. Sa femme et lui ont quatre fils ainsi que des petits-enfants.
Prix et distinctions
John Amagoalik reçoit de nombreuses distinctions pour son leadership et ses contributions au Nunavut. En l’honneur de son travail, la Qikiqtani Inuit Association offre la bourse John Amagoalik de 5000 $ aux étudiants inuits de Qikiqtani qui poursuivent des études postsecondaires. De plus, la QIA décerne à John Amagoalik un prix Special Recognition.
- 20 th Anniversary Award, pour contributions notables aux droits politiques des Inuits au Canada, Inuit Tapirisat of Canada (maintenant Inuit Tapiriit Kanatami) (1994)
- Doctorat honorifique, Université St Mary (1997)
- Prix National Aboriginal Achievement (maintenant prix Indspire) (1998)
- Chevalier, Légion d’honneur française (1999)
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth (2012)
- Ordre du Nunavut (2014)
- Officer, Ordre du Canada (2019)