John Joe Sark, activiste mi’kmaq, chef spirituel, auteur, keptin (capitaine) (né en août 1945 sur Lennox Island, à l’Île-du-Prince-Édouard; décédé le 8 janvier 2023 à Johnstons River, à l’Île-du-Prince-Édouard). John Joe Sark était un ardent défenseur des droits des Autochtones qui a consacré ses énergies à lutter contre la discrimination et l’injustice.
Jeunesse
John Joe Sark est le fils de Dorothy Sark et de Joe Labode. Il est adopté par les parents de sa mère, Jacob Sark, chef d’Epekwitk (Île-du-Prince-Édouard) et Alma Cormier, qui l’élèvent. John Joe Sark a plusieurs frères et sœurs. En 1960, après avoir abandonné l’école en huitième année, il vit avec des proches à Boston dans le Massachusetts, où il travaille comme opérateur de machines et fabricant d’outils.
Éducation
John Joe Sark réalise qu’il doit poursuivre ses études s’il veut atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Il retourne à Lennox Island et termine ses études secondaires (voir aussi Premières Nations sur l’Île-du-Prince-Édouard). En 1979, John Joe Sark devient le premier Mi’kmaq à obtenir un diplôme de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard et un baccalauréat ès arts en sciences politiques. En 2005, l’université lui décerne un doctorat honorifique en droit.
Activisme
John Joe Sark est un chef spirituel pour son peuple, ainsi qu’un activiste qui faisait pression pour leurs droits et leur reconnaissance. En 1990, le Grand conseil mi’kmaq l’élut au poste de keptin à vie, et il est responsable des affaires culturelles et spirituelles des Mi’kmaq. Le Conseil le nomme ensuite ambassadeur mi’kmaq au Vatican, où il présente une lettre au pape Jean-Paul II demandant des excuses pour le système des pensionnats indiens.
En 1994, John Joe Sark est nommé ambassadeur Mi’kmaq auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Durant une période de 12 ans, il contribue à la rédaction de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, que l’ONU adopte en 2007. Le Canada n’adopte la déclaration qu’en 2021. John Joe Sark est également ambassadeur de la Société nationale acadienne à deux reprises : en 1999 (Nouvelle-Orléans) et en 2002 (France).
Pendant 15 ans, John Joe Sark est agent des ressources communautaires pour le gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard où il est responsable des affaires des Premières Nations. Il est également directeur de bande pour la Première Nation de Lennox Island.
En 2005, John Joe Sark reçoit le prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant le prix Indspire) pour le patrimoine et la spiritualité.
Controverse du Fort Amherst
À partir de 2008, John Joe Sark fait pression pour convaincre Parcs Canada de changer le nom du lieu historique national de Port-la-Joye-Fort Amherst situé de l’autre côté du port de Charlottetown (voir aussi Fort Amherst). Son objection à ce nom est fondée sur des allégations, qui sont éventuellement confirmées, selon lesquelles, au 18e siècle, l’officier britannique Jeffery Amherst aurait encouragé l’utilisation de couvertures imprégnées de variole pour tuer les Autochtones, ce qui constitue en fait une première forme de guerre biologique.
En 2016, John Joe Sark reçoit l’Ordre de l’Île-du-Prince-Édouard, la plus haute distinction de la province. Ce prix lui est décerné en reconnaissance de son rôle de gardien de l’intégrité spirituelle et culturelle des Mi’kmaq. Toutefois, en 2017, John Joe Sark démissionne de l’Ordre et rend sa médaille et son épinglette à l’Assemblée législative provinciale. Même si toute décision de renommer le site relève du gouvernement fédéral, John Joe Sark rend son ordre provincial parce que le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard refuse de s’impliquer et reste silencieux sur la question.
Bien que la Commission des lieux et monuments historiques examine la demande de John Joe Sark à deux reprises, elle décide qu’elle ne peut pas changer le nom, car il s’agit du « nom d’un lieu historique » choisi par les soldats britanniques qui l’ont construit (voir aussi Lieux historiques nationaux du Canada). Le conseil d’administration poursuit en expliquant que le site ne « commémore ni ne célèbre les actions » de Jeffery Amherst, et qu’il s’agit simplement de son nom rattaché au site. En 2018, Parcs Canada annonce que le nom mi’kmaq du lieu sera ajouté à son titre et que le lieu sera désormais connu sous le nom de « lieu historique national du Canada Skmaqn—Port-la-Joye-Fort Amherst ». Le terme Skmaqn signifie « lieu d’attente ». Bien que les chefs des deux Premières Nations mi’kmaq de l’Île-du-Prince-Édouard expriment leur satisfaction quant à la décision de Parcs Canada, John Joe Sark demeure opposé à tout changement qui ne supprime pas le nom de Jeffery Amherst.
Contributions créatives
En 1988, John Joe Sark publie Micmac Legends of Prince Edward Island (trad. Légendes micmacs de l’Île-du-Prince), et en 2000, il coédite Mi’kmaq and the Crown: Understanding Treaties in Maritime Canadian History. John Joe Sark publie son dernier livre, Epekwitk : Stories and Histories of the Mi’kmaq Nation, en 2022. Ce livre raconte des histoires historiques et contemporaines, entre autres sur les relations des Mi’kmaq avec les Français et les Britanniques, sur les héros de guerre, les anciens combattants, le racisme institutionnel et les pensionnats indiens. Le livre est illustré par Dozay Christmas, l’épouse du sénateur mi’kmaq Daniel Christmas.
John Joe Sark coédite également l’émission télévisée Spirit World — The Story of the Mi’kmaq, qui est diffusé sur la chaîne Vision TV en 2003.
Vie ultérieure
En janvier 2023, John Joe Sark meurt à son domicile après une longue bataille contre le diabète, l’insuffisance rénale et une maladie cardiaque. Avant son décès, il continue à défendre ses principes et à plaider en faveur du changement, même si sa santé se détériore.