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Jubilé d’or de la reine Victoria – 1887

Le 20 juin 1887 marquait le 50e anniversaire de l’accession au trône de la reine Victoria. Dans ce cadre, des célébrations du jubilé d’or ont été organisées au Royaume‑Uni et dans l’ensemble de l’Empire britannique et des dominions, notamment au Canada. Le jubilé d’or a été l’occasion de la première conférence coloniale, un événement précurseur des réunions des chefs de gouvernement du Commonwealth de l’époque contemporaine.


La reine Victoria, en 1887

Célébrations au Royaume‑Uni

Les festivités du jubilé d’or se déroulent au Royaume‑Uni, ainsi que dans l’ensemble de l’Empire britannique et des dominions, en mai et en juin. Le 4 mai, la reine Victoria reçoit les premiers ministres et les gouverneurs de plus de 80 colonies de l’Empire britannique au château de Windsor, avec, à leur tête, sir Robert Thorburn, premier ministre de Terre‑Neuve, qui offre à la reine des « félicitations humbles, unies et sincères ». Le 20 juin, la journée marquant le 50e anniversaire de son accession au trône, la reine quitte Windsor et se rend à Londres pour une série de réceptions officielles. Le défilé du jubilé dans Londres, le service d’action de grâce à l’abbaye de Westminster et la reconstitution historique du couronnement de la reine Victoria en 1838 prennent place le lendemain. Le 22 juin, la reine participe à des célébrations à Hyde Park, dans le cadre desquelles, outre la présentation de fanfares militaires et de feux d’artifice, plus de 27 000 enfants reçoivent une tasse commémorative du jubilé. La tour ronde du château de Windsor est illuminée à l’électricité en l’honneur du jubilé d’or.

Médailles du jubilé

Le jubilé d’or de la reine Victoria est le premier jubilé royal commémoré avec des médailles du jubilé. L’historien Christopher McCreery écrit : « Des médailles en or, en argent et en bronze, d’une conception spéciale pour être portées, sont octroyées à des personnes participant à la procession du jubilé et à d’autres responsables gouvernementaux. Dans la plus pure tradition victorienne, le métal de la médaille attribuée à une personne dépend directement de son rang social. » Parmi les Canadiens et les Canadiennes ayant reçu des médailles du jubilé d’or de 1887, on compte le premier ministre John A. Macdonald et la soprano franco‑canadienne Emma Lajeunesse (Dame Emma Albani).

Grand‑mère de l’Europe

Les enfants et les petits‑enfants de la reine Victoria se sont mariés avec des membres des familles royales de toute l’Europe, les célébrations de son jubilé d’or mettant en exergue son rôle de « grand‑mère de l’Europe ». Le biographe royal, Theo Aronson, concluait : « Plus que toute autre chose, le jubilé d’or de la reine Victoria est une affaire de famille […] Elle sera acclamée comme reine‑impératrice d’un puissant empire [lors de son jubilé de diamant en 1897], mais, maintenant, elle est saluée comme une souveraine européenne à la tête d’une famille cosmopolite, comme la grand‑mère de l’Europe. » Lors du service d’action de grâce à l’abbaye de Westminster, les enfants et les petits enfants survivants de la reine, présents à la cérémonie, la serrent dans leurs bras ou embrassent sa main, alors qu’elle est assise sur le trône historique du roi Edward (connu sous le nom de trône du roi Edward ou de trône du couronnement). Tout au long du déroulement des célébrations, des déjeuners et des soupers sont organisés avec les membres des familles royales en visite.

La reine commande un tableau à Laurits Regner Tuxen, The Family of Queen Victoria in 1887, représentant Victoria entourée de ses enfants, de ses petits‑enfants et de ses arrière‑petits‑enfants, notamment sa fille, la princesse Louise, et son gendre, ancien gouverneur général du Canada, le marquis de Lorne (1878‑1883); son fils, le prince Arthur, duc de Connaught et de Strathearn, futur gouverneur général du Canada (1911‑1916); et sa petite fille, la princesse Alice, future comtesse d’Athlone et consort vice‑royale du Canada (1940‑1946). En dépit de la présence de cette importante famille élargie, dans son journal, la reine Victoria souligne, à propos du jubilé d’or, son sentiment de solitude du fait de la perte de son mari, le prince Albert, en 1861. À la date du 21 juin, elle écrit, à propos du service d’action de grâce : « J’étais assise, solitaire, sans mon mari bien‑aimé (pour lequel ce jour aurait été une telle fierté!) »

Célébrations au Canada

L’anniversaire de la reine Victoria, la fête de Victoria, est un jour férié officiel au Canada depuis 1845. En 1887, le jour férié canadien de l’Action de grâces est fixé au 21 juin, en l’honneur du « 50e anniversaire de l’accession de Sa Majesté au trône ». Le 22 juin 1887, le gouverneur général du Canada, le marquis de Lorne, accueille une réception du jubilé d’or à Rideau Hall, à Ottawa. L’Ottawa Journal raconte : « La Chambre des communes a suspendu ses travaux plus tôt et bon nombre de personnes, notamment des sénateurs, des députés et des ministres de la Couronne étaient présentes. »

Dans tout le Canada, des défilés, des fêtes de rue et des services d’action de grâce sont organisés en l’honneur du jubilé d’or. Le premier train de passagers, traversant le pays d’un océan à l’autre, sur le nouveau chemin de fer du Canadien Pacifique qui vient juste d’être achevé, arrive à Vancouver en 1887, décoré à l’extérieur de portraits de la reine, de fleurs et d’une couronne portant les mots « Jubilé de Victoria ».

Le jubilé d’or est l’occasion de construire de nouveaux bâtiments et parcs municipaux dans tout le pays, financés par les administrations locales et par des souscriptions publiques. À Victoria, en Colombie‑Britannique, une collecte de fonds est lancée pour le Royal Jubilee Hospital, qui sera inauguré par le duc de Connaught en 1890. À Montréal, Donald Smith, 1er baron Strathcona et George Stephen, 1er baron Mount Stephen achètent un site sur le mont Royal en vue d’y construire un hôpital public et font un don d’un montant d’un million de dollars pour l’érection de ce qui allait devenir le Royal Victoria Hospital. À Halifax, on commande de nouveaux kiosques à musique pour les jardins publics et Stratford, en Ontario, ouvre un nouveau palais de justice, dans le cadre des célébrations du jubilé.

Le train du jubilé

Conférence coloniale de 1887

Du 4 avril au 6 mai 1887, la reine Victoria accueille, à Londres, la première conférence coloniale, présidée par le premier ministre britannique, lord Salisbury. Il s’agit d’une initiative de l’Imperial Federation League, créée en 1884, en vue d’encourager l’autonomie gouvernementale locale et d’établir des liens plus étroits entre les différentes régions de l’Empire britannique et des dominions. Des personnalités éminentes canadiennes, y compris le futur premier ministre Charles Tupper et le futur ministre de la Milice et de la Défense Samuel Hughes, intègrent la nouvelle organisation en raison de leurs inquiétudes concernant le sentiment annexionniste aux États‑Unis.

Plus de 100 délégués participent à la première conférence coloniale de 1887. John A. Macdonald et Charles Tupper ne sont toutefois pas en mesure d’y assister, en raison d’un conflit de dates avec l’ouverture de la session de printemps du parlement du Canada. Le pays est plutôt représenté par le lieutenant‑gouverneur de l’Ontario sir Alexander Campbell et par l’ingénieur civil Sandford Fleming, qui s’expriment en faveur d’une liaison télégraphique entre Vancouver et l’Australie, une proposition qui sera approuvée lors de la conférence. Bien que toutes les régions de l’Empire britannique et des dominions n’aient pas été représentées lors de la conférence coloniale de 1887, l’événement fixe un certain nombre de précédents pour les futures conférences impériales et les futures réunions des chefs de gouvernement du Commonwealth, alors que l’Empire britannique évolue, progressivement, en un Commonwealth de nations égales.