Kenneth Eric Money, astronaute, pilote de la Force aérienne, physiologiste, inventeur, conférencier, auteur, olympien (né le 4 janvier 1935 à Toronto, en Ontario; décédé le 6 mars 2023 à Toronto). Dr Ken Money a été l’un des six premiers Canadiens sélectionnés pour faire partie du Groupe des astronautes canadiens en 1983 (voir Agence spatiale canadienne). Il était un pionnier dans l’étude des effets des voyages dans l’espace sur le corps humain. Il a publié de nombreux articles scientifiques et contribué à la World Book Encyclopedia. En plus de ses importantes contributions à la recherche, Ken Money s’est distingué en tant qu’athlète et a participé aux Jeux olympiques d’été de 1956.
Jeunesse et formation
Ses parents étant divorcés, Ken Money est élevé par sa mère. Son grand-père maternel, William Bate, est un modèle qui exerce sur lui une forte influence. Le jeune Money fréquente la Whitney Public School à Toronto puis le North Toronto Collegiate Institute. Lorsque sa famille déménage à Noranda, Québec, il étudie à la Noranda School. Il retourne à Toronto et s’inscrit à l’Université de Toronto où il obtient un baccalauréat ès sciences en chimie et en physiologie en 1958, une maîtrise en science avec spécialisation en physiologie en 1959 et un doctorat en physiologie en 1961. (Voir aussi Biologie.)
Athlétisme et jeux olympiques
Ken Money participe à des compétitions sportives intercollégiales avec les Varsity Blues de l’Université de Toronto de 1954 à 1959, remportant deux médailles d’or en natation et quatre en saut en hauteur en athlétisme (voir Université de Toronto). En 1955, il reçoit le trophée Hec Phillips, un prix décerné à un athlète exceptionnel lors de la compétition annuelle d’athlétisme du Sports Universitaires de l’Ontario.
Ken Money représente le Canada aux Jeux olympiques d’été de 1956 à Melbourne, en Australie. Il se classe cinquième avec un saut en hauteur de 2,03 m, soit 0,05 m de moins que le médaillé d’or Charles Everett Dumas, des États-Unis. L’athlète est également un joueur de badminton de classe mondiale, participant à des compétitions nationales et internationales. Il remporte des titres aux championnats des maîtres (É.‑U., 1986, 1989) et continue de faire de la compétition dans la catégorie des plus de 60 ans, remportant le tournoi américain en 1999.
Pilote de la Force aérienne
Alors qu’il étudie toujours à l’Université de Toronto, Ken Money commence sa formation de pilote et s’enrôle dans la Réserve de l’Aviation royale canadienne. (Voir aussi Forces armées canadiennes; Aviation royale canadienne; Force de réserve du Canada.) Il obtient son diplôme du Collège national de la Défense en 1972. Ken Money apprend à piloter toutes sortes d’aéronefs, comme des chasseurs à réaction, des hélicoptères et des avions de brousse (voir Aviation de brousse). À deux reprises, il pilote des hydravions à flotteurs dans le cadre de missions de recherche et de sauvetage dans la nature sauvage du Nord canadien. Il est doué pour la voltige aérienne et, en 1989, il réussit le cours de progression accélérée en chute (PAC) au Spaceland Parachute Center de Houston, au Texas.
Ministère de la Défense nationale et NASA
En 1961, Ken Money décroche une poste dans une direction générale du ministère de la Défense nationale, l’Institut de médecine environnementale pour la défense (IMED), maintenant appelé Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC). Il devient un expert de renommée internationale du système vestibulaire, la partie de l’oreille interne qui permet au corps de conserver son sens de l’équilibre lorsqu’il est en mouvement. Étant donné que 60 à 80 % des astronautes souffrent du mal des transports en microgravité et que les pilotes peuvent ressentir une désorientation spatiale en vol, les travaux de Ken Money attirent l’attention de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) aux États-Unis. La NASA prend des dispositions particulières pour engager le scientifique, car elle n’est pas autorisée à embaucher des ressortissants étrangers qui travaillaient pour la défense nationale de leur propre pays.
Ken Money réalise un travail révolutionnaire dans le cadre de sa mission visant à comprendre et à atténuer les effets des vols spatiaux sur le corps humain. Il invente une procédure chirurgicale expérimentale appelée obturation du canal semi-circulaire pour traiter un type spécifique de vertiges. Il étudie les subtilités du mal des transports et de la désorientation des pilotes, ainsi que les effets de l’alcool dans l’espace. Ses travaux donnent lieu à plus de 100 articles scientifiques. En plus de travailler comme conseiller scientifique à la NASA, il collabore fréquemment avec l’Agence spatiale européenne (ESA).
Le saviez-vous?
Ken Money a été cochercheur pour diverses expériences menées dans le cadre de six missions de la navette spatiale.
Astronaute canadien
En décembre 1983, avec Marc Garneau, Steve MacLean, Bjarni Tryggvason, Roberta Bondar et Robert Thirsk, Ken Money est choisi parmi plus de 4 000 candidats pour faire partie du premier corps d’astronautes canadiens, Canada Group 1, qui, en 1989, s’intègre à l’Agence spatiale canadienne (ASC). Il entame sa formation d’ astronaute en février 1984 et, plus tard la même année, il met sur pied les expériences médicales menées dans le cadre de la mission STS-41G. C’est au cours de cette mission que Marc Garneau devient le premier Canadien dans l’espace.
En 1990, Ken Money est désigné spécialiste de charge utile de relève (en remplacement de Roberta Bondar) pour la première mission du Laboratoire international de microgravité (IML-1), la mission STS-42 de la navette Discovery. Lors du lancement de Roberta Bondar et de l’équipage de la STS-42 en 1992, Ken Money coordonne les communications entre les astronautes et l’équipe de soutien au sol du centre spatial Marshall de la NASA, à Huntsville, en Alabama. Il participe également à l’élaboration de nombreuses expériences en physiologie spatiale pour la mission Spacelab IML-1, dont l’objectif était de découvrir les principales causes du mal de l’espace. Bien que Ken Money soit parfaitement formé aux vols spatiaux, il est, parmi les six premiers astronautes canadiens, le seul à n’être jamais allé dans l’espace. Ses contributions sont cependant essentielles au succès des missions auxquelles il participe. Dans un article paru en 2023 dans The Globe and Mail, Roberta Bondar aurait déclaré : « Même s’il n’était pas dans l’espace, c’est comme s’il y était. ».
Fin de carrière
Ken Money prend sa retraite de l’ASC en 1992. Il devient professeur de physiologie à temps partiel à l’Université de Toronto, et suit un cours pour améliorer ses compétences pédagogiques. Il enseigne également à l’Université York et donne des conférences dans d’autres universités au Canada, aux États-Unis, ainsi qu’au Royaume-Uni, en Italie, en France et au Japon. Il est membre bénévole du conseil d’administration de la National Space Society à Washington. Il siège au conseil d’administration d’Interquest Incorporated à Toronto, ainsi qu’au conseil consultatif des sciences de Lifetech Corporation, également à Toronto. Ken Money reprend ses travaux de recherche à RDDC, puis prend sa retraite comme scientifique principal en 1994.
Vie personnelle
En 1958, Ken Money épouse Sheila Mary Donnelly, professeure de sciences infirmières, avec qui il n’a qu’un seul enfant.
Prix et récompenses
- Conférencier de la Conférence W. Rupert Turnbull, Institut aéronautique et spatial du Canada (1981)
- Membre de l’Académie internationale d’astronautique (1984)
- Boursier de l’Aerospace Medical Association (1985)
- Prix Wilbur R. Franks de la Canadian Society of Aviation Medicine (1986)
- Prix des conférences en neurosciences de la Grass Foundation, Université de la Pennsylvanie (1989)
- Conférencier Wellmark de l’Association canadienne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (1992)
- Membre du Temple de la renommée de l’Université de Toronto (1992)
- Croix du service méritoire (division civile) (1994)
- Membre du Temple de la renommée des sports des FAC (1994)
- Prix Kent Gillingham de l’Aerospace Medical Association (2000)