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Ken Moore

Kenneth Strath Moore, joueur de hockey, entraîneur (né le 17 février 1910, à Balcarres, en Saskatchewan; décédé le 8 décembre 1981, à Winnipeg, au Manitoba). Ken Moore a joué dans des équipes ayant remporté des championnats nationaux et a entraîné de telles équipes. En tant que membre de l’équipe de hockey représentant le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 1932, il a été le premier athlète autochtone canadien à participer aux Jeux olympiques d’hiver et à remporter une médaille d’or olympique. (Voir aussi Athlètes olympiques autochtones.)

Jeunesse

Kenneth Moore naît à Balcarres, une petite ville du sud de la Saskatchewan. Il est membre de la Nation crie des Peepeekisis. Ses deux frères aînés sont enlevés à leur famille et forcés de fréquenter le pensionnat indien de Brandon, à plus de 330 km de chez eux. L’aîné, Oliver, est transféré dans un sanatorium où il meurt en 1922, après être tombé malade à l’école. Son autre frère, Chester, décède à l’école. Ses parents déménagent avec la famille de Peepeekisis à Regina en Saskatchewan, pour éviter que leurs autres enfants ne soient également contraints de fréquenter un pensionnat indien, le pensionnat de Regina ayant fermé avant que la famille Moore ne déménage dans la ville.

Passionné de sport dès son plus jeune âge, Ken Moore devient un athlète particulièrement doué. Alors qu’il excelle en patinage de vitesse, en athlétisme, à la crosse, au baseball, au rugby et au basketball, ses premières amours sont pour le hockey. Son caractère et ses capacités en tant qu’ailier droit puissant impressionnent tous ceux qui le voient jouer avec la Regina Junior Hockey Association. Il reçoit la médaille Eilers après avoir été choisi par les partisans au titre de « l’athlète le plus propre » et celui ayant fait preuve du meilleur esprit sportif.

Ken Moore obtient des bourses sportives dans un certain nombre d’universités américaines, mais il en accepte une pour fréquenter le Region College et le Campion College (Université de la Saskatchewan) à Regina. Ses résultats scolaires sont plutôt bons et il est élu capitaine des équipes universitaires de rugby et de hockey. On le décrit comme l’un des sportifs les plus polyvalents du collège. Tout ce qu’il réalise est d’autant plus impressionnant que très peu d’Autochtones sont à l’époque autorisés à fréquenter au Canada des établissements postsecondaires. À un moment de l’histoire canadienne, les Autochtones sont obligés d’abandonner leur statut d’Indien et d’obtenir l’autorisation de l’agent des Indiens local pour pouvoir s’inscrire dans un établissement postsecondaire. (Voir aussi Émancipation).

Carrière de joueur de hockey

Ken Moore signe pour jouer avec les Pats de Regina de la Western Hockey League, au niveau junior. À l’occasion du dernier match du championnat du hockey junior majeur canadien de 1930, il marque le but gagnant alors qu’il ne reste que 40 secondes à jouer, permettant ainsi aux Pats de remporter la Coupe Memorial. La saison suivante, il passe à une ligue amateur de niveau senior, dans le cadre de laquelle il joue avec le Winnipeg Hockey Club, plus connu sous le nom des « Winnipegs », qui remporte le championnat national de 1931, mettant ainsi la main sur la Coupe Allan.

Les Winnipegs sont choisis pour représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 1932 qui se tiennent à Lake Placid, dans l’État de New York, aux États‑Unis. Ken Moore est sur la glace à l’occasion de l’un des matchs du Canada, marquant un but lors du blanchissage de la Pologne sur la marque de 10 à 0, qui garantit une médaille d’or à l’équipe canadienne.

La participation de Ken Moore aux Jeux de Lake Placid fait de lui le premier athlète autochtone à représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver et le premier à remporter une médaille d’or olympique. Le Winnipeg Hockey Club sera, par la suite, intronisé au Manitoba Sports Hall of Fame et au Manitoba Hockey Hall of Fame.

Ken Moore poursuit sa brillante carrière dans le hockey amateur, jouant en Colombie‑Britannique avec les Dynamiters de Kimberley. En 1936, il remporte le championnat national et une deuxième Coupe Allan, à l’occasion d’une victoire contre Sudbury, adressant une passe décisive sur le but gagnant inscrit en prolongation. C’est la première fois qu’une équipe de la Colombie‑Britannique remporte la Coupe Allan, ce qui lui vaudra, ultérieurement, d’être intronisée au British Columbia Sports Hall of Fame.

Retraite

Après avoir pris sa retraite en tant que joueur, Ken Moore entraîne plusieurs équipes. Il est derrière le banc lorsque les Athletics de Saint‑Boniface remportent les championnats 1942 et 1943 de la division Nord junior de la Manitoba Amateur Hockey Association. En 1944, il entraîne les Canadiens de Saint‑James lorsque le club sort victorieux du championnat junior de la division Sud, avant de remporter le championnat provincial de hockey junior du Manitoba.

À partir des années 1950, Ken Moore continue à s’impliquer dans le hockey mineur, à titre de bénévole, tout en menant une longue carrière à la ville de Winnipeg, en tant qu’opérateur d’alarme incendie.

Vie personnelle et décès

Ken Moore épouse Edith Mae McDougall, avec laquelle il a une fille. Il aura également deux petites‑filles et un arrière‑petit‑fils. Malgré ses nombreuses réalisations, il mène une vie tranquille, n’évoquant jamais les championnats et la médaille d’or olympique qu’il a remportés. Il décède, à Winnipeg, à 71 ans, le 8 décembre 1981 et est enterré au cimetière Elmwood de la ville.

Controverse en lien avec le Panthéon des sports canadiens

Après le décès de Ken Moore, sa petite‑fille Jennifer Moore Rattray retrouve, parmi ses effets, la médaille d’or olympique de 1932 et son ancien maillot olympique. Après avoir mené des recherches et découvert qu’il avait été le premier Autochtone du Canada à avoir participé à des Jeux olympiques d’hiver et à avoir remporté une médaille d’or olympique, elle propose sa candidature, à deux reprises, à une intronisation au Panthéon des sports canadiens, échouant les deux fois.

En 2015, le Panthéon des sports canadiens intronise Shirley et Sharon Firth avec la mention qu’elles étaient les premières athlètes autochtones à représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Jennifer Rattray communique alors avec le Panthéon des sports canadiens pour indiquer qu’il s’agit d’une erreur; toutefois, plutôt que de rendre hommage à Ken Moore et de reconnaître qu’il avait été le premier autochtone à représenter le Canada aux Jeux olympiques, l’organisation se contente de préciser que les sœurs étaient les premières athlètes inuites à l’avoir fait (elles faisaient, en fait, partie de la communauté des Dinjii Zhuh [Gwich’in]).

Jennifer Rattray poursuit son travail pour faire reconnaître les réalisations de son grand‑père.

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