Article

La Liberté, Alfred

(Joseph-François) Alfred La Liberté. Compositeur, pianiste, professeur, conférencier (Saint-Jean, Québec, 10 février 1882 - Montréal, 7 mai 1952). Il commença assez tardivement l'étude du piano avec une Miss Malsberg, J.-B. Denys, R.-O. Pelletier, Dominique Ducharme et Émiliano Renaud.

La Liberté, Alfred

(Joseph-François) Alfred La Liberté. Compositeur, pianiste, professeur, conférencier (Saint-Jean, Québec, 10 février 1882 - Montréal, 7 mai 1952). Il commença assez tardivement l'étude du piano avec une Miss Malsberg, J.-B. Denys, R.-O. Pelletier, Dominique Ducharme et Émiliano Renaud. Dès 1902, Le Passe-Temps publiait son chant patriotique « Le Canada » sur un texte d'Octave Crémazie (26 avril). La même année, il partit pour Berlin et y séjourna quatre ans comme élève du Cons. Stern, étudiant le piano avec Paul Lutzenko, l'harmonie avec Ernst Baeker, le contrepoint et la composition avec Wilhelm Klatte. Ses succès à divers concours lui assurèrent le renouvellement de ses bourses de la part du gouvernement allemand. Il se fit entendre à la cour ducale de Cobourg ainsi qu'à la cour impériale de Berlin, devant Guillaume II. De retour au Canada, il donna un récital couronné de succès au Monument national, le 22 novembre 1906, et il enseigna au Cons. national de Montréal ainsi qu'à l'Ottawa Cons. Ayant appris la venue à New York d'Alexandre Scriabine, un compositeur dont il admirait déjà les oeuvres, il lui écrivit en février 1907 et se rendit dans la métropole américaine à l'invitation du musicien russe. Sur les conseils de ce dernier, il repartit ensuite pour l'Europe, séjourna d'abord à Berlin où il travailla avec Teresa Carreño, puis il rejoignit Scriabine à Bruxelles et devint son élève et disciple. Il donna des récitals à Londres, sous les auspices d'Emma Albani et de lord Strathcona, et en Allemagne. Son retour définitif à Montréal date de 1911; il ouvrit alors un studio, et s'employa à faire connaître l'oeuvre de Scriabine. À New York, il ouvrit aussi un studio en 1913 et donna des cours et conférences, mais cette expérience fut interrompue par la Guerre. À Montréal, il enseigna également (1926-35) à la maison-mère des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (École Vincent-d'Indy). Au nombre de ses élèves, on remarque Hélène Baillargeon, Morris Davis, Gérald Desmarais, Hector Gratton, Djane Lavoie-Herz, Antonio Létourneau, Marie-Thérèse Paquin, Wilfrid Pelletier et Bernard Pinsonneault. L'amitié entre Scriabine et son disciple canadien s'intensifia au point où le compositeur lui confia les manuscrits de quelques-unes de ses oeuvres dont le Poème de l'extase et la Sonate n 5. Montréal garda ses précieux manuscrits jusqu'en 1972, année du centenaire de la naissance de Scriabine, alors que la veuve de La Liberté les rendit elle-même au musée Scriabine de Moscou. Nicolas Medtner et Marcel Dupré étaient aussi des musiciens que La Liberté admirait profondément. Le premier lui dédia sa Sonate minacciosa, op. 53 n 2, et sa mélodie The Captive, op. 52 n 7; le second, ses Variations, op. 22, pour piano.

Peu d'oeuvres majeures de La Liberté furent complètement achevées. La plus ambitieuse, l'opéra en trois actes Soeur Béatrice, sur le texte de Maeterlinck, n'existe que dans sa version chant et piano et n'a jamais été montée. Des extraits en ont été chantés en concert, notamment par le ténor Rodolphe Plamondon. Sa Passacaille et choeur final pour piano, orgue, orchestre et choeur sans paroles est également incomplète. Un cycle de 15 mélodies avec orchestre ou piano sur des poèmes de La Chanson d'E/ve de Charles van Lerberghe est à peu près complet. Trois extraits sont parus chez Eschig à Paris et ont été fréquemment entendus en concert. On compte également des pièces pour piano, violon, quatuor à cordes et un nombre considérable d'harmonisations de chansons du folklore de plusieurs origines - canadien-français, écossais, anglais, américain, indien et inuit. Un certain nombre sont parues chez Eschig sous le titre Recueil de chants populaires du Canada (Paris 1925) et dans la revue Le Passe-Temps. La Liberté y signa quelques articles, dont un sur Scriabine (mai 1946).

Le Centre de musique canadienne lui a accordé le statut de compositeur agréé à titre posthume. L'avenue Alfred-Laliberté de même qu'un studio de l'UQAM portant ce nom n'honorent cependant pas le musicien mais un sculpteur portant les mêmes nom et prénom (1878-1953).