L’affaire
Tchanak de 1922 est le premier test de politique
étrangère important du premier
ministre William Lyon Mackenzie King. Les forces turques menaçaient
alors les troupes britanniques stationnées en Turquie après la Première Guerre mondiale. William Lyon Mackenzie King a refusé
d’offrir automatiquement aux Britanniques le soutien militaire du Canada. Cette
décision a été une autre étape sur la voie de l’indépendance du Canada sur la
scène internationale.
Tumultes en Turquie
Au début
des années 1920, les forces militaires britanniques, françaises et
grecques occupent une grande partie de l’ouest de la Turquie en vertu du Traité
de Sèvres. Ce traité avait été imposé à la Turquie après sa défaite lors de
la Première Guerre mondiale
. Les troupes britanniques sont
stationnées autour de Tchanak (aujourd’hui appelée Çanakkale), un petit port de
mer dans le détroit des Dardanelles, la route maritime internationale qui
sépare l’Europe et l’Asie.
À l’automne 1922,
les forces nationalistes turques, opposées à la présence de troupes étrangères,
ont réussi à chasser l’armée grecque hors du pays. Les Turcs menacent ensuite
les forces britanniques acculées à Tchanak.
Réponse de William Lyon Mackenzie King
Le 15 septembre,
la Grande-Bretagne envoie un télégramme appelant les dominions
(notamment le Canada,
l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud) à fournir des soldats
pour la crise, en guise de solidarité avec de l’Empire britannique contre les
Turcs.
À l’époque,
le Canada est un membre indépendant de la Société des Nations
nouvellement créée. Pourtant, le
Canada n’a pas de politique
étrangère distincte, ni même de ministre des Affaires étrangères. Le
premier ministre britannique David Lloyd George s’attend donc à ce que le
Canada se conforme aux désirs des Anglais.
À Ottawa
, cependant, le premier
ministre William Lyon Mackenzie King
refuse de s’engager à envoyer
des troupes du Canada. Le 18 septembre, le Cabinet
de William Lyon Mackenzie King
convient que seul le Parlement
peut prendre des décisions sur
de telles questions. Le chef
de l’opposition conservatrice Arthur Meighen
critique le gouvernement de King
pour son manque de loyauté envers la Grande-Bretagne. Cependant, la crise en
Turquie est déjà résolue lorsque le Parlement est enfin prêt à aborder la
question.
Une voix indépendante
En 1923,
les forces nationalistes turques contrôlent encore plus fermement leur pays. Toutes
les troupes étrangères se retirent. La gestion intransigeante que fait Lloyd
George de la crise de Tchanak mène à l’effondrement de son gouvernement
de coalition et à la fin de sa carrière politique en Grande-Bretagne.
Au Canada,
l’attitude détachée de William Lyon Mackenzie King à l’égard de la crise démontre
qu’il souhaite une plus grande indépendance pour le Canada en matière
d’affaires étrangères. La crise de Tchanak n’est pas une révolution dans les
affaires canadiennes : depuis John A. Macdonald
, les premiers ministres sont réticents
à impliquer le Canada dans des escarmouches impériales qui ne menace pas la
Grande-Bretagne elle-même. Cependant, la confiance croissante du Canada sur la
scène internationale, ainsi que son indépendance grandissante de la
Grande-Bretagne s’exprimeront davantage dans les années à venir, comme avec le Traité
du flétan en 1923. Les points culminants seront la déclaration Balfour
de 1926, et le Statut de Westminster
en 1931.
Voir
aussi Affaires
mondiales Canada (AMC)