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Le Grand Farini

William Leonard Hunt (alias Le Grand Farini), artiste, imprésario de cirque, inventeur (né le 10 juin 1838 à Lockport, à New York; décédé le 17 janvier 1929 à Port Hope, en Ontario). Il s’est fait connaître pour ses cascades de haute voltige, notamment pour sa traversée des chutes Niagara sur une corde raide. On lui attribue également l’invention du canon humain, un numéro de cirque.

Funambulisme

Enfance

À la fin de 1843, les parents du jeune William Hunt, Thomas Hunt et Hannah Hunt (née Soper), déménagent la famille dans le canton de Hope, en Ontario où ils démarrent une ferme. Les parents de William Hunt sont stricts et celui-ci préfère la natation aux corvées. Environ deux ans plus tard, la famille déménage à Bowmanville où Thomas Hunt ouvre un magasin général. Fasciné par le cirque dès son plus jeune âge, William Hunt s’entraîne à l’acrobatie. Il installe des chevilles sur les murs de l’étable familiale pour les escalader.

Début de carrière

La première grande cascade de William Hunt, en 1859, est un numéro de funambulisme au-dessus de la rivière Ganaraska, qui traverse Port Hope, en Ontario. Il prend le nom de Signor Guillermo Antonio Farini, pour que ce soit plus théâtral, et attire une foule de milliers de spectateurs qui le regarde marcher et faire des acrobaties sur un fil entre deux bâtiments au-dessus de la rivière. Cette cascade déçoit grandement son père et crée un froid entre les deux.

Rivalité avec le Grand Blondin

Après un bref passage au cirque, Farini vise les chutes Niagara, célèbres pour avoir été franchies par le funambule français Charles Blondin, connu sous le nom de « Grand Blondin ». En 1860, Farini décide de contester la suprématie de Charles Blondin en installant, depuis le côté américain de la gorge, un câble de plus du double de la longueur de celui de son adversaire. Lors de sa première représentation, Farini descend du câble au moyen d’une corde jusqu’au Maid of the Mist, où il boit un verre de vin avec les passagers du bateau. Puis il remonte et termine sa traversée. Il se livre à une série de cascades cette année-là dans le but de surpasser Charles Blondin. Un jour, ce dernier apporte un petit réchaud sur sa corde et prépare une omelette qu’il descend servir aux passagers du Maid of the Mist. Farini surenchérit en transportant sur son dos une machine à laver. Il descend un seau dans la rivière, puise de l’eau qu’il remonte et lave plusieurs mouchoirs.

Cascade de la machine à laver

Relation avec Mary Osborne

Après avoir parcouru certaines régions des États-Unis avec son numéro de haute voltige pendant une grande partie de 1861, Farini retourne en Ontario et renoue une étroite amitié avec une femme nommée Mary Osborne. Certaines sources la décrivent comme son épouse, tandis que d’autres affirment qu’ils ne se sont jamais mariés. Ils se produisent ensemble, Farini sur le fil de fer, Mary Osborne sur ses épaules.

À la fin de 1861, Farini décide de partir pour les États‑Unis, et s’engage dans l’armée de l’Union quelques mois après le début de la guerre de Sécession. En novembre de l’année suivante, Farini et Mary Osborne partent à Cuba. Tragiquement, lors d’une représentation dans l’arène Plaza del Toros à La Havane, Mary Osborne sur le dos de Farini perd l’équilibre et tombe. Bien qu’il l’attrape par ses vêtements, sa robe se déchire et elle chute. Elle aurait subi une grave blessure à la tête et meurt quelques jours plus tard.

The Flying Farinis

Bien qu’il tente à quelques reprises de se produire après la mort de Mary Osborne, Farini prend finalement le temps de voyager en Amérique du Nord. Au début des années 1860, il part en tournée aux États-Unis en tant que trapéziste. En Angleterre, en 1866, il commence à se produire sous le nom de The Flying Farinis aux côtés d’un garçon de dix ans surnommé El Niño, qu’il prétend avoir adopté. Certaines sources identifient le garçon comme étant Samuel Wasgatt (ou Wasgate) du Maine, bien que l’on ne sache pas comment il a été confié aux soins de Farini. El Niño impressionne les foules grâce à des figures avancées au trapèze, comme jouer du tambour suspendu par la nuque.

D’artiste à promoteur

À 31 ans, Farini passe du rôle d’artiste à celui d’impresario de cirque. Le premier numéro qu’il promeut est celui de Lulu Farini, la fille voltigeuse, qui apparaît en 1870. Lulu, connue pour sa beauté et son habileté au trapèze, s’avère très populaire. Après un accident de trapèze en 1876 à Dublin, on apprend que Lulu est en réalité El Niño, vêtu en femme. Lulu continue à se produire pendant un certain temps en tant que jeune homme.

Farini commence à bricoler des inventions et on lui attribue souvent des innovations telles que le siège de théâtre pliant et le parachute moderne. Il brevette le numéro d’homme canon qui consiste à projeter un artiste dans les airs à l’aide d’un dispositif ressemblant à un canon. Ce numéro devient par la suite un élément incontournable du cirque. En 1871, Farini épouse Alice Carpenter de Portsmouth, en Angleterre. Le couple a deux fils, mais le mariage se solde par un divorce en 1880.

Farini et Lulu

Spectacles de bêtes de foire et zoos humains

Dans les années 1870, Farini organise une exposition de curiosités humaines, dont une jeune fille qu’il surnomme « Krao, le chaînon manquant ». On dit de Krao qu’elle est laotienne ou siamoise et qu’une maladie fait en sorte que son visage et son corps sont couverts de poils. Farini prétend que Krao est le « chaînon manquant » entre « l’homme et le singe » qui prouve la théorie de l’évolution de Darwin. À l’époque, les spectacles de bêtes de foire mettent souvent en vedette de soi-disant « femmes à barbe » et de telles démonstrations renforcent parfois le racisme. Les artistes blancs sont généralement présentés comme des humains dotés de caractéristiques peu communes à leur sexe, tandis que les « femmes à barbe » non blanches, comme Krao, sont présentées comme des animaux.

Pendant la guerre anglo-zouloue qui oppose en 1879 les Britanniques et les Zoulous d’Afrique du Sud, Farini joue sur les sentiments racistes en exhibant des guerriers zoulous. De telles expositions, connues aujourd’hui sous le nom de zoos humains, sont courantes à l’époque, présentant parfois des autochtones aux côtés d’animaux lors d’expositions spéciales et de foires. (Voir aussi Abraham Ulrikab.)

La cité perdue du Kalahari

En 1885, Farini entreprend un voyage en Afrique aux côtés de Lulu Farini, photographe de l’expédition. Après avoir traversé le désert du Kalahari, Farini publie un livre dans lequel il affirme avoir découvert une cité perdue. De nombreux aventuriers et chercheurs tentent de localiser et d’identifier la supposée cité perdue de Farini dans le Kalahari, sans jamais la trouver.

Vie ultérieure

En 1886, Farini épouse Anna Müller, la fille d’un aristocrate allemand. Il se consacre, par la suite, davantage aux affaires, notamment aux investissements en bourse, aux transports et à l’exploitation minière, bien qu’il continue à s’occuper de la gestion d’entreprises de spectacles. Après la Première Guerre mondiale, Farini déménage avec Anna Müller à Port Hope, en Ontario, près de l’endroit où il a grandi, et se met à peindre. Il meurt de la grippe à Port Hope en 1929, à l’âge de 90 ans.