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Le Service aéronaval de la Marine royale du Canada

Le Service aéronaval de la Marine royale du Canada (Royal Canadian Naval Air Service ou RCNAS) a été établi dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale pour contribuer à faire face à la menace posée par les sous-marins allemands sur la côte est canadienne. Il est dissous après seulement trois mois. Il faudra attendre la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour qu’un nouveau service aéronaval soit créé au Canada.

Hydravion Curtiss HS-2L

Origines

En février 1917, l’Allemagne s’engage dans une lutte sous-marine sans restriction. Comme la menace posée par les sous-marins allemands se rapproche de la côte canadienne, le gouvernement commence à envisager officiellement la formation d’un service aéronaval canadien. Le 10 février, le comité interministériel des ministères de la Milice et du Service naval détermine « qu’un service aérien est nécessaire pour défendre adéquatement la côte atlantique. » Il recommande également la mise en place d’au moins deux stations hydro aériennes en Nouvelle-Écosse, dont une à Halifax et une à Sydney.

Le Canada demande à l’Amirauté britannique de l’aide et des conseils pour la création du service. L’Amirauté envoie alors une petite équipe de conseillers au Canada, qui estime que les coûts des deux stations, des aéronefs et du personnel s’élèveront à 1 500 000 $. Après réflexion, de hauts responsables politiques décident que ces coûts sont trop élevés et refusent de les couvrir.

Menace des sous-marins allemands

Cependant, les sous-marins allemands constituent toujours une menace. En janvier 1918, l’Amirauté avertit le Canada qu’il peut « probablement s’attendre à une attaque de la part d’un des nouveaux sous-marins ennemis en eaux canadiennes à un certain point après mars ». Elle lui recommande également d’établir des patrouilles aériennes au-dessus de l’océan. Ses ressources faisant l’objet d’une demande considérable, Ottawa sollicite l’aide des États-Unis, qui sont entrés en guerre en avril 1917.

Hydravion Curtiss

Stations aériennes en Nouvelle-Écosse

Le 20 avril, des représentants des Marines canadienne, britannique et américaine se rencontrent à Washington, D.C. pour créer des plans afin d’établir des stations aériennes à Baker’s Point, près d’Halifax, et à Kelly Beach, près de North Sydney. De façon intérimaire, des marines américains mettraient en place les stations et fourniraient l’équipement ainsi que les pilotes jusqu’à ce que des Canadiens soient entraînés et équipés pour les remplacer.

John T. Cull

Service aéronaval de la Marine royale du Canada (RCNAS)

Le 8 août 1918, pendant que les stations de la US Navy (Marine américaine) sont en train d’être établies, le recrutement pour le RCNAS débute avant même que le Service ait été officiellement approuvé, ce qui arrivera le 5 septembre. Ses effectifs sont établis à 500 officiers et hommes, et plus de 600 candidatures sont rapidement reçues.

Le lieutenant-colonel J.T. Cull, un officier de la Royal Air Force (RAF) britannique (anciennement connue sous le nom de Royal Naval Air Service), est nommé directeur du Service. En tout, 81 recrues se seront jointes au Service. Certaines sont envoyées aux États-Unis et en Grande-Bretagne pour être entraînées. La guerre prend fin avant qu’elles puissent entrer en service actif.

À la signature de l’armistice, le 11 novembre 1918, le processus de démobilisation devient une priorité absolue. Les Américains rentrent donc aux États-Unis. Ils emportent leurs fournitures, mais pas leurs 12 hydravions. Les autorités canadiennes envisagent initialement de conserver le RCNAS, mais ordonnent finalement son démantèlement le 5 décembre 1918.

Cadets du RCNAS

Héritage

Le RCNAS, malgré sa courte existence, démontre l’importance croissante de l’aéronavale et de la coopération internationale. La Marine royale canadienne continue de collaborer avec la Royal Navy britannique, la US Navy et d’autres Marines alliées après la Première Guerre mondiale. Le Canada affecte du personnel à deux porte-avions de la Royal Navy au cours de la Deuxième Guerre mondiale (Nabob et Puncher) et établit un service aéronaval en 1946 (qui est intégré à l’Aviation royale canadienne en 1975). De plus, il dispose successivement de trois porte-avions (Warrior, Magnificent et Bonaventure). Tout au long de la Guerre froide, les aviateurs de la Marine canadienne jouent un rôle important dans la lutte anti-sous-marine et la défense côtière et continentale.