Les lucioles, également connues sous le nom de mouches à feu, sont des coléoptères qui appartiennent à la famille des lampyres (Lampyridae) et qui sont surtout connus pour leur capacité à produire de la lumière. Il existe plus de 2200 espèces de lucioles dans le monde, dont 32 espèces sont trouvées au Canada, et de nouvelles espèces sont découvertes chaque année. Parmi ces espèces, certaines des plus couramment rencontrées au Canada sont la lampyride à bordure orange (Ellychnia corrusca), la luciole noire (Lucidota atra), et la photinus pyralis.
Description
La luciole est un coléoptère qui a un corps relativement mou qui mesure de 5 mm à 25 mm de longueur. Comparée aux autres coléoptères, la luciole adulte a des élytres mous, ou ailes antérieures, qui recouvrent et protègent les ailes postérieures repliées. Elle possède également un pronotum (la structure en forme de plaque qui recouvre le thorax) particulièrement large qui agit comme une couverture protectrice pour sa tête et qui donne à la luciole une silhouette ovale au repos. Ses organes producteurs de lumière sont situés à l’extrémité de son abdomen. La luciole est généralement noire ou brune et elle peut avoir des marques jaunes, orange ou rouges sur ses élytres et sur son pronotum.
La luciole présente un dimorphisme sexuel, ce qui veut dire que le mâle et la femelle ont souvent une apparence différente. Plusieurs espèces comprennent des femelles non volantes qui ressemblent davantage aux larves, un phénomène appelé néoténie féminine. Les larves elles-mêmes sont allongées et ressemblent à des asticots, et elles ont six pattes, des mandibules proéminentes et des plaques durcies le long du dos.
Les œufs ronds, qui peuvent être blancs, jaunes ou orange selon les espèces, peuvent être pondus seuls ou en grappes. De nombreux œufs de lucioles sont très faiblement bioluminescents, bien qu’il puisse être difficile de les détecter à l’œil nu. Durant la phase nymphale de la luciole, elle demeure pratiquement immobile alors qu’elle se métamorphose en adulte. Lorsqu’elle est au stade de pupe, ses pattes, ses yeux, ses antennes et ses ailes en développement sont visibles, et elle peut se remuer et allumer son abdomen si elle est dérangée.
Bioluminescence
Les organes lumineux de la luciole adulte peuvent produire une lumière jaune, verte ou même rouge pâle. La lumière est produite lorsqu’une enzyme appelée luciférase agit sur un substrat, la luciférine, en présence d’oxygène et d’une source d’énergie.
La fonction principale de production de lumière de la luciole adulte est l’affichage reproductif, les mâles et les femelles se manifestant les uns aux autres à l’aide d’éclairs lumineux ou d’une lueur constante. Les manifestations lumineuses des différentes espèces varient considérablement en matière de couleur, de durée, de moment, de modèle de vol et même de synchronisation. Dans certains cas, les mâles se réunissent en grand nombre et ils synchronisent ensemble leurs éclairs lumineux, créant des spectacles époustouflants lorsque les vagues de lumière traversent les insectes rassemblés.
Bien que ce ne soient pas toutes les lucioles adultes qui émettent de la lumière, toutes les espèces connues de lucioles ont des larves bioluminescentes, communément appelées vers luisants, qui utilisent leur bioluminescence pour signaler aux prédateurs qu’elles sont répugnantes.
Reproduction et développement
De nombreuses espèces de lucioles utilisent la bioluminescence pour se reproduire, les mâles et les femelles signalant leur présence les uns aux autres afin de trouver des partenaires appropriés de la même espèce. D’autres espèces sont actives pendant la journée et utilisent plutôt des phéromones, ou des signaux chimiques, pour localiser des partenaires potentiels; ces espèces sont parfois connues sous le nom de lampyrides à bordure orange.
Comme tous les coléoptères, la luciole subit une métamorphose complète, en passant par quatre stades; l’œuf, la larve, la pupe et le stade adulte. Ce cycle de vie peut durer de quelques mois à trois ans selon l’espèce et le climat, et la majorité de la vie de l’insecte se passe généralement au stade larvaire.
Après l’accouplement, la femelle pond ses œufs dans un sol ou de la végétation humide. Les larves éclosent plusieurs semaines plus tard et se nourrissent jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment grandes pour se transformer en chrysalide, souvent sous terre ou dans de la matière organique en décomposition. La luciole adulte volante passe la plupart de son temps dans la végétation et on peut la trouver dans les prairies herbeuses ou dans la canopée des arbres. La majorité des espèces émergent en tant qu’adultes à la fin du printemps ou au début de l’été, bien que certaines, comme les lampyrides à bordure orange (Ellychnia corrusca), passent l’hiver à l’état adulte.
Répartition et habitat
On trouve des lucioles sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, dans les climats tempérés et tropicaux. Au Canada, on les trouve dans toutes les provinces, ainsi qu’au Yukon, les espèces voyantes et lumineuses étant particulièrement communes dans l’est du Canada. Dans l’Ouest canadien, les lucioles diurnes sont plus abondantes.
La luciole peut vivre dans divers habitats, à condition qu’il y ait suffisamment d’humidité. On la trouve souvent dans les terres humides, les prairies, les forêts et même les zones urbaines lorsqu’un habitat approprié est disponible. On peut généralement trouver les œufs, les larves, les pupes et les femelles qui sont incapables de voler dans la mousse, le sol humide, les feuilles mortes ou dans la matière organique en décomposition.
Alimentation et prédateurs
Les larves de la luciole sont des prédateurs qui chassent des invertébrés comme les escargots, les limaces, les vers de terre et d’autres larves d’insectes. Elles sont des prédateurs actifs, et elles utilisent des neurotoxines injectées par leurs mandibules pour paralyser leurs proies.
Certaines lucioles adultes ne mangent pas du tout, tandis que d’autres se nourrissent de nectar et de pollen. Notamment, la femelle de plusieurs espèces nord-américaines du genre Photuris chasse d’autres lucioles adultes. Pour ce faire, elle utilise de faux signaux qui simulent les modèles bioluminescents de la luciole femelle d’une espèce différente, puis elle mange les mâles qui s’approchent dans l’espoir de trouver une partenaire.
La luciole a un goût désagréable pour la plupart des prédateurs vertébrés en raison de la présence de composés de lucibufagine dans son organisme. Cependant, il semble que des invertébrés la mangent, comme les araignées et les punaises assassines.
Importance culturelle
Diverses cultures accordent de l’importance à la luciole et à ses jeux de lumière. Elle se retrouve couramment présente dans l’art, dans la littérature et les traditions culturelles. Diverses cultures autochtones du Canada, y compris les Anishinaabe, ont plusieurs histoires et traditions qui font référence aux lucioles. La luciole joue également un rôle important dans la recherche biomédicale. La luciférase, le composé électroluminescent qui est produit par les lucioles, constitue un outil précieux dans les études sur diverses maladies, notamment le VIH et le cancer.
Importance écologique
La luciole joue un rôle écologique important dans ses écosystèmes. Elle est souvent un important prédateur d’invertébrés comme les escargots et les limaces et de plus, elle sert de proie à divers prédateurs invertébrés. La luciole est également parfois utilisée comme espèce indicatrice, car sa présence ou son absence est visible et elle peut refléter des changements dans la qualité de l’habitat et dans les niveaux de pollution.
Conservation
Les populations de lucioles sont en déclin dans le monde entier. En 2021, la Liste rouge de l’UICN a évalué plus de 128 espèces de lucioles nord-américaines et en a identifié 14 comme étant menacées d’extinction. Les menaces qui pèsent sur la luciole comprennent la perte et la fragmentation de son habitat, l’utilisation de pesticides, ainsi que la pollution lumineuse qui peut interférer avec ses parades nuptiales. Les litières de feuilles sont un élément important de l’habitat de la luciole, car elles lui permettent d’hiverner et de pondre ses œufs. L’élimination de ces éléments dans les cours et dans les espaces verts réduit l’habitat de la luciole.
De nombreuses personnes aiment la luciole et elle est considérée comme une espèce phare. Sa beauté et sa popularité contribuent à une sensibilisation et une prise de conscience envers les problèmes qui menacent les habitats de la luciole. Elle est également utilisée pour contribuer aux efforts de conservation comme la restauration, la protection et l’intendance des habitats.