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Malak Karsh

Malak Karsh (né le 1er mars 1915, à Mardin, dans l’Empire ottoman [aujourd’hui la Turquie]; décédé le 8 novembre 2001, à Ottawa, en Ontario). Photographe canadien d’origine arménienne, Malak Karsh était surtout connu pour ses photographies du Canada et plus particulièrement de la région d’Ottawa. Sa photographie de 1963 d’un remorqueur remontant à contre‑courant des billots sur la rivière des Outaouais, avec la bibliothèque du Parlement en arrière‑plan, figurait au verso du billet de 1 $ émis pour la première fois en 1974. Son œuvre constitue peut‑être les archives photographiques les plus complètes du Canada ayant jamais existé. Il a également fondé le Festival des tulipes d’Ottawa et a été le frère cadet du célèbre photographe Yousuf Karsh.

Jeunesse

Malak Karsh naît dans une famille arménienne dans la province ottomane (plus tard turque) de Mardin en 1915, peu avant le début du génocide arménien. Il immigre au Canada en octobre 1937, à la suite de son frère aîné, Yousuf Karsh, qui s’y était installé en 1924. Initialement, il avait prévu d’être l’assistant de son frère. Cependant, quelques jours après son arrivée au Canada, se promenant dans les collines de la Gatineau, il est tellement impressionné par la beauté et la richesse des couleurs dont se parent les arbres à l’automne qu’il décide, sur‑le‑champ, de devenir photographe à part entière. Ses œuvres privilégient l’éclat brut et naturel de son pays adoptif, au sujet duquel il a un jour déclaré, dans une entrevue : « Ici, en hiver, le givre et les arbres transforment notre paysage en une féerie. »

Le saviez‑vous?
Pour se distinguer de son frère Yousuf, Malak Karsh se faisait simplement appeler Malak, l’aîné étant, en revanche, connu professionnellement sous le nom de Karsh. Les deux frères se sont en outre distingués l’un de l’autre par leurs spécialisations, Yousuf étant surtout connu pour ses portraits de personnages célèbres, tandis que Malak privilégiait la photographie de paysage et les scènes de nature.


Début de carrière

Malak Karsh fait son apprentissage avec son frère, pendant environ trois ans, avant de se lancer seul. En 1941, il établit son propre studio à Ottawa sur la rue Sparks. Peu de temps après, il embauche une assistante nommée Barbara Holmes. Tombés amoureux, les deux jeunes gens se marient moins d’un an après et auront quatre enfants ensemble; leur union durera du 26 décembre 1942 jusqu’à la mort de Malak, le 8 décembre 2001.

Au début de sa carrière de photographe, Malak Karsh a du mal à s’imposer. Pendant plusieurs années, à compter du milieu des années 1940, il est contraint de vivre dans un centre de soins infirmiers à cause d’une mauvaise tuberculose, ce qui le met pratiquement en faillite; cependant, à mesure qu’il retrouve sa santé, il travaille et voyage d’un océan à l’autre, sa réputation et son entreprise allant croissant.

En tant que photographe, Malak Karsh est bien connu pour sa patience, son endurance et sa capacité à adopter les positions physiquement les plus exigeantes pour obtenir le cliché idéal, notamment en se tenant en équilibre sur des bûches flottantes, en attendant dans la neige ou en se tenant debout sur la rivière des Outaouais gelée, s’efforçant toujours de trouver le moment parfait à immortaliser avec son appareil photo. Il se rend également célèbre pour être toujours vêtu avec élégance, préférant travailler en costume‑cravate, quelle que soit la chaleur qu’il fait à l’extérieur.

Points saillants de carrière

La carrière de Malak Karsh s’étend sur à peu près 60 ans. Au cours de cette période, il prend plus d’un million de photographies, bon nombre d’entre elles représentant l’environnement naturel et bâti du Canada. Cette documentation de la nation canadienne constitue peut‑être les archives photographiques les plus complètes du pays ayant jamais existé. Il est également bien connu pour ses clichés de la ville d’Ottawa, des édifices du Parlement, du canal Rideau et de la région de la capitale nationale d’une manière générale. L’ancien maire d’Ottawa, Bob Chiarelli, a un jour dit de lui qu’il « avait contribué à faire connaître Ottawa ».

Malak Karsh est surtout célèbre pour sa photographie de 1963 intitulée Paper and Politics, qui figure au verso du billet de 1 $ émis en 1974 dans la série de billets de banque canadiens « Scènes du Canada ». Cette photographie montre la colline du Parlement, vue de l’autre côté de la rivière des Outaouais. Au premier plan, on y voit un remorqueur au milieu d’une drave, avec la bibliothèque du Parlement en arrière‑plan. Cette image a été réimprimée 3,5 milliards de fois entre 1974 et 1989. Le portrait de la reine Elizabeth II figurant au recto du billet a été pris par le frère de Malak, Yousuf.

Les photographies de Malak Karsh ont également servi de base à au moins 11 timbres émis par Postes Canada. Il a un jour déclaré que le travail de toute sa vie avait comme objectif de mettre en évidence la splendeur du Canada auprès de la population canadienne et, plus particulièrement, celle de sa capitale nationale. Comme il se doit, ses dernières photographies, prises en 2001, montrent les édifices du Parlement, avec des érables aux feuilles rouges au premier plan. Au cours de sa carrière, ses photographies sont publiées, de son vivant, dans sept ouvrages, quatre autres recueils étant ensuite publiés à titre posthume.

Festival canadien des tulipes

Malak Karsh aime tout particulièrement les tulipes qui fleurissent chaque année à Ottawa. Il s’agit d’un cadeau de la famille royale néerlandaise et du gouvernement des Pays‑Bas, sous la forme de 20 000 bulbes remis chaque année à la Ville d’Ottawa depuis 1947, pour remercier le Canada d’avoir accueilli la princesse Juliana des Pays‑Bas pendant la Deuxième Guerre mondiale. (Voir aussi princesse Margriet des Pays‑Bas.) Les tulipes sont l’un des sujets de prédilection de Malak Karsh. Sa photographie de 1946 de tulipes entourant la tour de la Paix est devenue presque immédiatement emblématique. Il a un jour déclaré : « J’ai un amour illimité pour les tulipes! Chaque année, je me dis que j’ai assez photographié cette fleur et que je ne le ferai plus. Mais, systématiquement, ça ne marche pas et je recommence! »

Malak Karsh a l’idée de créer un festival centré sur les tulipes, estimant que cela pourrait devenir une attraction touristique majeure. Selon lui, puisque ces fleurs sont un cadeau adressé à l’ensemble de la population canadienne, un festival est nécessaire pour mieux rendre hommage à ce don des Pays‑Bas et le rendre accessible à toutes et à tous. En 1952, il se met en contact avec la Chambre de commerce d’Ottawa pour présenter son idée, le festival canadien des tulipes débutant dès l’année suivante. Considéré comme le fondateur du festival, il en était toujours président d’honneur au moment de son décès d’une leucémie en 2001. Un lit de tulipes traversant la rivière des Outaouais à partir de la colline du Parlement, planté chaque année avec sa variété préférée, lui est dédié.

Distinctions et récompenses

Malak Karsh est désigné maître des arts photographiques en 1968. Il est fait officier de l’Ordre du Canada, en 1996. Sa citation note que l’ensemble de son œuvre photographique constitue un « riche témoignage de son amour pour le Canada » et le qualifie de « modèle pour les photographes chevronnés et novices ». Il reçoit le prix Whitton en 1997 et se voit remettre la clé de la ville d’Ottawa en 2000. En 2003, la Ville d’Ottawa créée le prix Karsh, remis annuellement à un artiste à mi‑carrière ou établi d’Ottawa travaillant dans les arts photographiques, nommé en l’honneur de Malak et Yousuf Karsh « pour leur immense contribution au riche patrimoine culturel de notre ville ».

Le travail de Malak est exposé au Musée des beaux‑arts du Canada, au Musée canadien de la photographie contemporaine et à la Galerie d’art d’Ottawa. Outre une collection déjà importante de tirages noir et blanc, Bibliothèque et Archives Canada acquiert, en 2015, plus de 200 000 photographies de l’artiste canadien d’origine arménienne. L’institution a l’intention de numériser l’ensemble de la collection, qui compte environ 400 000 images, pour que le public puisse y avoir accès.

Livres de photographie

  • Stones of History: Canada’s Houses of Parliament (1967; trad. Témoin d’un siècle: le Palais du Parlement canadien)
  • The Canadian Museum of Civilization (1990; trad. Musée canadien des civilisations)
  • Ottawa and the National Capital Region (1990; Ottawa et la région de la Capitale nationale)
  • The Gatineau (1994)
  • Canada: The Land That Shapes Us (1995)
  • Canada’s Capital Region ‑ A Capital of Tulips (1999; trad. La région de la capitale du Canada - une capitale de tulipes)
  • The Parliament Buildings (1999)
  • Tulips: Fact and Folklore about the World’s Most Planted Flower (2002)
  • Malak’s Canada (2002)
  • Celebrating Canada (2002)
  • Canada: The New Millennium Series (2003)

(Voir aussi Photographie au Canada).