Mammuthus (les mammouths) est un genre éteint de proboscidiens étroitement apparentés aux éléphants actuels. Deux espèces de mammouths vivaient au Canada : le mammouth de Colomb (Mammuthus columbi) et le mammouth laineux (M. primigenius). La plus ancienne trace de Mammuthus remonte au Pléistocène (il y a entre 5,3 et 2,6 millions d’années). La plupart des populations de mammouths se sont éteintes à la fin du Pléistocène (il y a quelque 10 000 ans). Au Canada, on a trouvé des fossiles de mammouths au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Des traces plus récentes de mammouths en Alberta sont contemporaines des traces archéologiques de populations autochtones. Toutefois, s’il existe des preuves que des gens ont chassé les mammouths ailleurs en Amérique du Nord, de telles confirmations n’ont pas encore été trouvées au Canada.
Traces fossiles au Canada
Durant la période glaciaire, des glaciers se sont déplacés sur la plus grande partie du territoire canadien. Ce mouvement semble avoir effacé la plus grande partie des traces fossiles des grands mammifères éteints, incluant les mammouths. Pour cette raison, les traces de mammouths au Canada consistent principalement en pièces de squelettes isolées trouvées dans des dépôts profondément enterrés, ou dans des régions épargnées par le mouvement des glaciers. Des os isolés, des dents et des défenses sont souvent trouvés dans le sable et des gravières de l’ouest du Canada et dans les mines de placer du Yukon, où de grandes parties du territoire sont demeurées libres de glace. De rares traces de squelettes partiels de mammouths trouvées près de Kyle, en Saskatchewan, et de Muirkirk, en Ontario – deux des squelettes de mammouths les plus complets trouvés au Canada – ont été trouvées dans des sédiments qui ont été épargnés par le mouvement des glaces durant la période glaciaire. En outre, les paléontologues ont trouvé de rares empreintes de pas de mammouths dans le sud de l’Alberta. Les empreintes de pas remontent à une époque proche de celle de la disparition des mammouths en Amérique du Nord.
Les caractéristiques des dents permettent aux paléontologiques d’identifier chaque espèce. Par exemple, les molaires de mammouths de Colomb comportent des plaques d’émail plus épaisses et plus étendues que celles des mammouths laineux.
Sur les deux espèces trouvées au Canada, les traces de mammouths laineux sont de loin les plus nombreuses. La littérature scientifique rapporte que d’autres espèces de mammouths ont été trouvées au Canada (notamment M. meridionalis et M. imperator), mais ces spécimens pourraient avoir été mal identifiés, ou le nom de l’espèce pourrait être invalide. Le nombre reconnu d’espèces de mammouths identifiées en Amérique du Nord a varié au fil du temps entre 4 et 16.
Description
Le mammouth laineux avait une hauteur de 2,7 à 3,4 mètres à l’épaule et pouvait peser jusqu’à 5,4 tonnes, des mensurations comparables à celles des éléphants africains actuels. Des peintures rupestres découvertes en Eurasie et des tissus mous de carcasses préservées dans le pergélisol en Russie ont fourni des détails très précis sur le corps des mammouths laineux. Ils avaient une toison épaisse, dont les poils pouvaient atteindre une longueur de 90 cm, et un duvet très dense qui leur permettait de survivre à des environnements froids. Ils avaient aussi le dessus de la tête bombé, le dos arrondi, une queue courte, de petites oreilles, des défenses très courbées et une trompe se terminant par deux « doigts » à l’extrémité. Le mammouth laineux est doté d’une extension de peau caractéristique, près du tiers de la trompe, qui est inexistante chez les éléphants actuels. Il pourrait s’agir d’une autre adaptation aux climats froids. L’extension aurait permis au mammouth laineux d’enrober le bout de sa trompe dans les replis, la gardant au chaud, un peu comme dans une mitaine.
Les mammouths de Colomb étaient plus grands que les mammouths laineux. Ils atteignaient de 3,6 à 4,0 mètres à l’épaule et pesaient jusqu’à 9 tonnes. On en sait moins sur les caractéristiques des tissus mous du corps des mammouths de Colomb.
Évolution
Les populations ancestrales de mammouths sont arrivées en Amérique du Nord de l’Eurasie en passant par l’isthme de Béring il y a au moins 1,3 à 1,5 million d’années. Ils se sont rapidement dispersés sur la plus grande partie du continent. Les mammouths de Colomb sont vraisemblablement les descendants de ces populations ancestrales, et n’ont connu aucune évolution en Amérique du Nord. Les mammouths laineux ont évolué en Béringie et se sont dispersés en Amérique du Nord ultérieurement. Le moment exact de l’arrivée des mammouths au Canada est inconnu, parce que le mouvement des glaciers de l’ère glaciaire et d’autres forces ont érodé et effacé les traces des fossiles les plus anciens. Les recherches sur l’ADN d’anciens mammouths préservés dans des fossiles au Canada et ailleurs révèlent des schémas d’évolution complexe. On a même trouvé des indications de cas d’hybridation entre les mammouths laineux et les mammouths de Colomb.
Distribution et habitat
Les mammouths étaient communs dans plusieurs régions de l’ouest du Canada. Les paléontologues ont découvert des traces dans de vastes zones de l’Alberta, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, de même que dans des parties de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan. Dans certaines régions de l’est du Canada, plus précisément au Manitoba et en Ontario, on trouve des traces de mammouths, mais elles sont beaucoup moins abondantes. Les fossiles de mammouths de Georges Bank, situé dans le golfe du Maine entre Cape Cod et la Nouvelle-Écosse, témoignent de la présence de mammouths sur la côte est du Canada et des États-Unis, mais les paléontologues n’ont découvert aucun fossile dans les provinces de l’Atlantique, au Québec et au Nunavut.
Ces disparités entre les régions du Canada pourraient être attribuables à la manière dont l’érosion s’y est produite. Elles peuvent aussi résulter des préférences d’habitat et de distribution des mammouths. Par exemple, les traces du mastodonte d’Amérique, un proboscidien plus communément associé aux habitats forestiers, sont plus communes dans l’est du Canada. Comparativement, dans l’Ouest et le Nord, les environnements de prairies, de steppe ou mixtes convenaient mieux aux mammouths.
Régime alimentaire
Le régime alimentaire des mammouths est connu directement par des contenus d’estomac, des bouses et des échantillons d’ADN préservés. Le mammouth de Colomb se nourrissait principalement de graminées et de carex, avec des composants ligneux. Les bouses de mammouths laineux trouvés près d’une carcasse gelée en Russie révèlent une composition principalement de graminées et de carex, avec un complément d’herbes, de buissons et de mousses. Considérant leur grande taille corporelle, les mammouths pourraient avoir consommé entre 136 et 227 kg de végétation par jour.
Vie et comportement
L’art rupestre et les fossiles révèlent que les mammouths, comme les éléphants actuels, vivaient en troupeaux matriarcaux. Les troupeaux étaient composés de vieilles femelles dominantes, de jeunes femelles et de mâles sexuellement immatures. Il semble que les mammouths vivaient longtemps. Les scientifiques estiment à 60 ans la durée de vie des mammouths laineux et à 80 ans celle des mammouths de Colomb. Bien que les mammouths aient beaucoup de similarités avec les éléphants vivants, il semble que les mammouths laineux vivant dans les latitudes nordiques du Canada sevraient leurs petits plus tard que les éléphants modernes. Il pourrait s’agir d’une adaptation aux longues heures d’obscurité de l’hiver, qui accroissaient le risque de prédation, et à la rareté du fourrage.
Extinction
La cause de l’extinction des mammouths et d’autres très grands animaux de l’époque glaciaire demeure un sujet d’investigation scientifique. Parmi les raisons évoquées, on retrouve le changement climatique et environnemental, la prédation humaine, une maladie et l’impact d’une météorite. Quelle que soit la cause, les mammouths sont disparus du Canada et de la plupart des zones où ils vivaient auparavant vers la fin du Pléistocène (il y a quelque 10 000 ans). De petites populations isolées ont survécu jusque vers le milieu de l’holocène (il y a entre 4 000 et 6 000 ans).