Michel Cadotte | l'Encyclopédie Canadienne

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Michel Cadotte

Michel Cadotte, pionnier et négociant de fourrures, interprète, médiateur (né le 22 juillet 1764 à Sault Sainte-Marie, Michigan; décédé le 8 juillet 1837 à La Pointe, Wisconsin). Michel Cadotte a établi sur la rive sud du lac Supérieur un vaste et prospère réseau de traite de fourrures, couvrant le nord de l’actuel État du Wisconsin et s’étendant jusqu’au nord du Minnesota. D’origine canadienne-française et ojibwée, il a noué une relation privilégiée avec les peuples autochtones grâce à son mariage avec Ikwesewe, la fille d’un chef ojibwé, et à sa compréhension bienveillante des mœurs autochtones. Ces facteurs lui ont permis d’obtenir un monopole de la traite des fourrures avec les peuples autochtones de la région.

Jeunesse

Le père et le grand-père de Michel Cadotte étaient tous deux des négociants de fourrures établis à Sault Sainte-Marie, un poste de traite faisant partie de l’Empire français d’Amérique du Nord. Le père de Michel, Jean-Baptiste Cadot (le nom deviendra Cadotte par la suite), épouse Athanasie, une femme ojibwée appartenant à la famille du chef Madjeckewiss. Athanasie accompagne souvent son mari dans ses longs voyages de traite dans la région. Jean-Baptiste et Athanasie ont deux filles et deux garçons, Jean-Baptiste fils et Michel.

Michel Cadotte passe ses premières années à Sault Sainte-Marie et dans la région, où il commence son éducation. Comme son grand frère, il est ensuite envoyé à Montréal, où il reçoit une éducation libérale. De retour à Sault Sainte-Marie, il assiste son père dans la traite des fourrures. Jusqu’à l’âge de 20 ans, Michel passe ses hivers dans sa parenté autochtone à la source de la rivière Chippewa. En 1784, il fonde un poste de traite sur la rivière Namekagon et pratique le commerce avec les peuples autochtones du Haut-Mississippi.

C’est peut-être dans ce poste de traite que Michel Cadotte rencontre sa future épouse, Ikwesewe (« femme qui voyage »), de quatre ans son aînée. Ikwesewe est la fille d’un chef ojibwé, White Crane (grue blanche), aussi appelé Waubujejack. En 1787, Michel et Ikwesewe vivent ensemble en tant que mari et femme selon les coutumes ojibwées. Leur premier enfant naît en septembre de la même année.

Michel Cadotte et Ikwesewe continuent à vivre et à pratiquer la traite sur la rivière Chippewa. Quelques années plus tard, leur existence est menacée par des guerriers Sauk et Fox du sud du Wisconsin. Les guerriers tentent d’enlever aux Cadotte et à leurs partenaires de traite ojibwés le contrôle de cette région riche en fourrures. Après un dur affrontement, les Cadotte et leurs alliés parviennent à chasser les envahisseurs, qui ne reviendront jamais dans cette partie du nord du Wisconsin.

Négociant de fourrure indépendant

Vers le tournant du 19e siècle, Michel et Ikwesewe installent un poste de traite permanent ainsi que leur résidence familiale dans un nouveau site, à l’extrémité sud de Moningwunakauning, une petite île de 109 km carrés (à peu près 22,5 km de longueur par 5 km de largeur). L’île est située près de la rive sud du lac Supérieur, près de son extrémité ouest. Elle est la plus grande des 22 îles composant l’archipel des îles Apostle. Le père d’Ikwesewe, White Crane, est le chef héréditaire des Ojibwés de l’île et dans la région immédiate. Finalement, la famille de White Crane transfère la terre à Michel et Ikwesewe afin qu’elle devienne propriété des Cadotte. Vers la moitié du 19e siècle, l’île sera rebaptisée Madeline, le nom chrétien d’Ikwesewe.

Grâce à la situation stratégique de l’île et à sa relation avec Ikwesewe, Michel Cadotte établit un réseau de traite de fourrures dans une vaste zone. Il fonde plusieurs postes de traite à l’intérieur des terres, qui sont administrés par ses employés et les membres de sa famille. Il devient un des négociants de fourrures les plus prospères de la région. Toutefois, son succès est compromis par l’entrée en scène des négociants de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO), et il commence à faire affaire exclusivement avec cette compagnie en 1798. Michel Cadotte demeure un négociant indépendant, mais il s’engage à vendre ses fourrures uniquement à la CNO, à s’approvisionner uniquement auprès d’elle, et à limiter ses activités aux secteurs que la compagnie lui a assignés.

En 1806, une nouvelle compagnie de traite de fourrures, la compagnie Michilimackinac, conclut avec la CNO un accord établissant les limites d’activité de chaque entreprise. La plus grande partie du territoire de Michel Cadotte se trouvant dans la zone réservée à la compagnie Michilimackinac, une clause de l’accord exige que la nouvelle compagnie assume son contrat avec la CNO.

American Fur Company

En 1811, le premier multimillionnaire d’Amérique, John Jacob Astor, négocie avec la compagnie Michilimackinac pour créer une nouvelle compagnie qui sera active aux États-Unis. La guerre de 1812 interrompt ces négociations, mais lorsqu’elles se terminent en 1814, John Astor réussit à convaincre le gouvernement d’interdire la pratique de la traite de fourrures aux États-Unis par les non-citoyens américains. Michel Cadotte achète la citoyenneté américaine pour 5 $ et commence à faire affaire avec l’American Fur Company.

En 1823, Michel Cadotte cède ses intérêts dans la traite de fourrures sur l’île Madeline à deux de ses beaux-fils et prend sa retraite, bien qu’il conserve son permis de traite de fourrure. En 1830, Michel et Ikwesewe se marient devant l’Église catholique, plus de 40 ans après avoir été unis selon les rites traditionnels ojibwés, probablement parce que les autorités locales ont décidé d’invalider juridiquement les mariages conclus selon les rites autochtones.

Décès

Michel Cadotte meurt dans la pauvreté à La Pointe, Wisconsin, en 1837. Ikwesewe lui survit jusqu’à un âge avancé (dans les 80 ou 90 ans). Elle est enterrée à LaPointe.

Le saviez-vous?
L’ancien édifice de l’American Fur Company à LaPointe abrite aujourd’hui le Musée de l’île Madeline. Les visiteurs peuvent encore visiter le poste de traite situé à l’extrémité sud de l’île Madeline.


Reconnaissance

Au cours de sa vie, Michel Cadotte a été beaucoup aimé et respecté par les peuples autochtones de la région et a été baptisé Kechemeshane, c’est-à-dire le « Grand Michel ». On a souvent fait appel à lui pour résoudre des conflits et il jouait le rôle d’une cour suprême. On l’a aussi surnommé « Michel Cadotte au cœur aimable ».

En 1865, Robert Marriner construit un barrage et une scierie à Cadotte Falls, sur la rivière Yellow, au Wisconsin, et fonde un établissement qui prendra le nom de Cadott en hommage à la famille de négociants de fourrures. En 1974, le club Lions de Cadott érige une stèle historique à la mémoire des « négociants de fourrures Cadotte » à Cadott. Elle rend hommage à Jean-Baptiste Cadotte ses fils, Jean-Baptiste fils et Michel, qui sont devenus « importants en tant que marchands, interprètes et médiateurs » et « étaient considérés par les Ojibwés comme des chefs ». Un an plus tard, une autre plaque est érigée près de la statue, marquant le site du poste de traite construit par Michel Cadotte.