Ben Scamen a servi dans l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On nous a envoyés, le 610ème escadron, au sud de l’Angleterre, pour intercepter les bombes robots V1 parce que notre avion était le plus rapide à l’époque. Une bombe volante V1 faisait du 640 kilomètres/heure en vitesse de croisière. Nos Spitfire pouvait les attraper et la première qu’on a interceptée, on l’a descendue et elle a explosée. On avait dû toucher le détonateur et elle a explosé juste sous notre nez. On a heurté le mur, l’onde de choc quand elle a explosé et ça a rendu notre avion – nos deux avions – hors d’état de fonctionner, en perçant les radiateurs et aussi le fuselage. On a atterri et à ce moment-là, j’ai pensé que c’était dangereux ; vous pouviez vous faire tuer en détruisant ces choses là. Alors je suis allé voir l’officier du renseignement et j’ai recueilli toutes les informations que la RAF détenait sur ces bombes robot et j’ai appris qu’elles étaient dirigées uniquement par deux gyroscopes, un horizontal et un directionnel, des gyroscopes. Et comme nous aussi on avait des gyroscopes dans l’avion sur lequel on volait, ils basculaient continuellement quand on faisait une opération brusque. Alors j’ai réfléchi à la possibilité de faire basculer les bombes volantes avec une violente opération. Alors la fois suivante où on était là-haut, on s’est radioguidés en fonction d’une bombe volante, j’ai volé en formation avec elle, avec mon aile en dessous de la sienne et j’ai donné aux ailerons un coup violent, soulevant son aile avec la mienne, en la retournant. Et ça a fait basculer les gyroscopes et ils sont descendus en vrille. Et à partir de là, chaque fois que j’étais sur la même trajectoire qu’une bombe volante, je les faisais basculer. Je pensais que c’était bien plus sûr. J’étais au dessus de la mer du Nord, avait été descendu et mon moteur s’est grippé au dessus de la mer du Nord et je pouvais juste apercevoir la côte anglaise. Et c’était un moment un peu mouvementé. Je ne savais pas si j’avais assez d’altitude pour arriver jusqu’à la terre ferme ou pas. Alors je l’ai mis en vol plané et je l’ai maintenu dans le meilleur taux de vol plané possible et j’ai juste réussi à rejoindre la côte et à ce moment-là, l’Angleterre avait peur d’être envahie par l’Allemagne et ils avaient planté des poteaux de téléphone d’un mètre de hauteur environ dans tous les champs sur la côte ou près de la côte. Ils en avaient plantés partout dans les champs alors quand je suis arrivé pour atterrir, il y avait ici un champ plein de ces petits poteaux de téléphone qui sortaient de terre. Et alors je l’ai gardé en position de vol, peut-être 1,60 mètres au dessus des ces poteaux. Ce qui était bien avec le Spitfire, c’est qu’ils vous disaient quand ils allaient décrocher. Un Spitfire disait au pilote quand il allait décrocher. Alors j’ai maintenu cet avion juste au dessus de ces poteaux jusqu’à ce que le Spitfire me dise qu’il allait décrocher et j’ai repris le manche vivement pour le décrocher. Et il est descendu juste à plat, entre les poteaux, a basculé, le nez, il s’était retourné sur le nez, sur son dos. Et j’étais suspendu la tête en bas dans le cockpit. Et puis j’ai entendu tous les craquements, et sur le moment j’ai pensé que c’était le carburant qui se répandait sur le moteur brûlant. Et j’étais, j’avais peur. Et comme j’étais comme ça la tête en bas, j’ai libéré mon harnais et je suis tombé sur la tête. Heureusement, le cockpit était ouvert ; j’ai commencé à creuser dans ce champ avec mes ongles et je me suis arraché les ongles. Mais je suis sorti et plus tard j’ai découvert que c’était le glycol qui se répandait au dessus des tuyaux d’échappement brûlants qui faisait tous les craquements et pas l’essence. Alors j’ai survécu à cet accident. Mais c’était effrayant, c’est le moins qu’on puisse dire.