Project Mémoire

Eleanor Barlow Cowburn (Source primaire)

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

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Personnel du Service canadien de l'armée féminine au 3e Centre d'entraînement (de base) du Service, Kitchener, Ontario.

Personnel du Service canadien de l'armée féminine au 3e Centre d'entraînement (de base) du Service, Kitchener, Ontario.

(Avec la permission du Projet Mémoire/Eleanor Barlow Cowburn)

Transcription

J’ai grandi à Ottawa [en Ontario]. J’ai étudié au Glebe Collegiate [Institute] puis au Ottawa Ladies’ College, et j’ai fait des études commerciales ici à Ottawa. Puis, le 17 décembre 1942, je me suis enrôlée dans le Service féminin de l'Armée canadienne [CWAC] sans que mes parents le sachent. 

Je travaillais pour le gouvernement avec mon amie Lois Todd, qui est maintenant Lois Hooper, elle vivait à […] près de Richmond, nous nous sommes enrôlées ensemble sans le dire à nos parents. Nous avions notre rapport médical, et nous nous sommes enrôlées et c’est devenu le Service féminin de l'Armée canadienne. Je travaillais pour la compagnie d’assurance-vie Métropolitaine, et je suis allée leur remettre ma démission et j’ai commencé ici à Ottawa en faisant du recrutement. Je suis allée à Kitchener [en Ontario] au mois de février 1943, où j’ai suivi ma formation de base. 

Je voulais faire quelque chose parce qu’il y avait beaucoup de garçons qui ne pouvaient pas aller outre-mer ou qui ne pouvaient pas s’enrôler, alors je me suis dit que si j’étais l’une des femmes, je pourrais libérer ces garçons afin de m’enrôler et de partir outre-mer. C’est donc ce que j’ai fait et je me suis mise à faire du recrutement à Ottawa. 

Je me suis enrôlée ici à Ottawa, j’ai fait mon examen médical ici au 60 rue Queen, puis je me suis rendue aux casernes Kildare sur la rue Laurier. Elles y sont encore, l’édifice y est encore, mais n’est plus utilisé comme caserne militaire. On a fait l’essayage pour nos uniformes, puis je suis devenue une des membres du CWAC.

Je suis restée là jusque’à ce que je quitte en octobre 1945, mais durant les mois d’été, j’ai été envoyée à l’extérieur d’Ottawa parce que je devais sortir et faire des  présentations pour essayer de convaincre les hommes de s’enrôler dans l’armée. On ne m’envoyait jamais parler aux femmes. Je faisais toujours des présentations aux hommes d’Ottawa, de Kingston, de Deep River, de Renfrew et de Pembroke, et je leur disais pourquoi c’était dans leur intérêt de s’enrôler dans l’armée, qu’ils rendraient service à leur pays. 

Le chauffeur du Jeep venait me chercher. Je vivais dans les casernes jusqu’à ce qu’il soit décidé, comme l’a dit mon colonel: « Tu pars à toute heure du jour ou de la nuit. Je veux que tu vives avec une allocation de subsistance ». Alors je suis retournée chez mes parents et le chauffeur venait me chercher. Nous partions soit très tôt le matin, durant l’après-midi, ou à l’heure du souper. La plupart du temps, c’était vers des usines militaires ou des endroits où ils travaillaient pour l’effort de guerre, et parfois dans les écoles secondaires, mais pas très souvent. Je me présentais, j’expliquais que j’étais là pour essayer de les convaincre de s’enrôler dans l’armée et de faire leur part pour le pays. Certains venaient me voir par la suite pour me demander « Où devons-nous aller? Comment pouvons-nous nous inscrire? ». Et je leur donnais l’adresse. Parfois il y avait une unité de recrutement dans le coin, mais la plupart du temps ces garçons devaient venir à Ottawa.

Parfois je devais coucher à l’hôtel parce que j’allais arriver trop tard. Et nous devions revenir le jour suivant. Or si j’avais deux ou trois engagements dans la même région, le colonel décidait qu’il ne servait à rien de faire un aller-retour en voiture le jour suivant, vous savez, particulièrement pour des endroits comme  Deep River, Pembroke et ces environs. Ils étaient si près, ça ne servait à rien de partir et revenir. 

Trois des femmes qui étaient avec moi faisaient partie du CWAC. Elles vivaient à la maison avec ma mère, mon père et moi, alors nous étions toutes de bonnes amies. Le soir, il y avait des black-out, et un inspecteur assigné aux black-out passait, et si les rideaux n’étaient pas fermés, nous recevions une amende. Tout le monde devait donc avoir les rideaux fermés alors peut-être que les soirs où… je crois qu’ils ne faisaient que tester les alarmes, les alarmes sonnaient dans toute la ville, et on savait alors qu’il fallait fermer les rideaux. Alors, peut-être que les soirées où j’étais à la maison, ou celles où mon père ou ma mère étaient à la maison, nous devions fermer les rideaux dans le salon.

Les gens venaient sonner à la porte de ma mère à midi pour demander de la nourriture. Ou ils offraient de couper le gazon ou de couper du bois. Nous n’avions pas besoin de ces choses. Ma mère leur disait: «  Je vais vous nourrir, venez dans la cuisine ». Et ils disaient: «  Non, nous allons rester ici sur le perron ». Ma mère devait être la seule à le faire dans le voisinage et le mot s’est passé, puisqu’il y avait des gens qui venaient au moins trois fois par semaine, et m’a mère n’a jamais refusé personne. Je ne me rappelle pas, j’imagine qu’ils étaient débrouillards et qu’ils avaient toujours des rations à offrir aux gens, mais m’a mère avait toujours des gens à la maison. Elle savait bien recevoir et aimait les gens. En effet, mon père disait: « Je crois que tu en fais trop ». Mais elle était issue d’une famille de douze enfants en Angleterre, six garçons et six filles, donc j’imagine qu’elle a été élevée en prenant toujours soin des autres, comme c’est le cas pour les grandes familles. Elle n’a jamais refusé personne. Les filles qui habitaient là étaient très bien traitées, et nous n’avons manqué de rien. Et si ma mère savait que quelqu’un n’avait pas de nourriture, elle préparait un panier et allait leur en donner.

J’aimais faire partie du CWAC. Comme je l’ai dit, s’ils avaient gardé les femmes, je serais restée. J’y ai rencontré beaucoup de bons amis, hommes et femmes, et je suis encore amie avec beaucoup d’entre eux. Je n’ai aucune critique à faire, excepté concernant la nourriture dans les casernes. Bien sûr, c’était horrible, mais j’imagine que c’était toujours la même chose. Mais j’ai vraiment aimé vivre dans les casernes. Dans les casernes de Kildare, je crois que nous étions huit dans la chambre. Dans les lits à deux étage, et ça ne me dérangeait pas. C’était ma première expérience de l’entraînement de base, de la vie avec un groupe d’autres filles ou d’autres personnes, parce qu’en grandissant j’avais toujours été seule. J’étais le bébé, mais ça ne me dérangeait pas. J’ai eu la chance de rencontrer plein de filles sympathiques, et je suis triste d’avoir perdu la trace de certaines d’entre-elles. Certaines d’entre elles sont mortes.

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 TMP

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