Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Ida Lackey dans son uniforme de combat du Corps des Femmes de l'Armée Canadienne, Londres, Angleterre, 1944.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Ida May Lackey)
"Quand la bombe a frappé, j’étais en plein milieu du bâtiment entre deux portes. Alors ça m’a juste fait tournoyer l’explosion, mais je n’ai pas été blessée."
Transcription
Je me suis engagée à Winnipeg en 1941. J’ai bien rejoint le Corps auxiliaire féminin de l’armée canadienne. Je crois qu’à l’époque ça s’appelait le CWAC. Et il a été incorporé à l’armée régulière en 1941. Je me suis engagée en septembre et suis devenue un membre de l’armée en octobre 1941 à Winnipeg.
Je travaillais chez Woolworth dans l’avenue Portage à Winnipeg. Je m’occupais des stocks et du contrôle des stocks, des registres. Quand je me suis engagée dans l’armée, je crois que, les 100 premières femmes qui venaient du corps ont été mises immédiatement au travail en fonction de leur spécialité. On n’a pas fait le moindre entrainement de base parce qu’on avait déjà eu notre entrainement.
Je suis allée à ce moment-là travailler dans le service du matériel, à dresser l’inventaire de tout les équipements militaires. Et je suis restée là jusqu’à ce que je sois affectée outre-mer. Et je pense que c’était en 1943 parce que je n’ai pas été envoyée là-bas directement de Winnipeg, je suis allée au camp Shilo, depuis Winnipeg, et j’ai travaillé là-bas pendant un bon moment.
Donc j’ai été affectée au RCEME, le Génie électrique et mécanique royal canadien en tant que dactylo à la Fairfax House à Londres. Et j’étais l’assistante du commis en chef, qui était un sergent d’état-major ; et je n’ai pas, je n’avais pas à compter, à faire l’inventaire, je faisais un travail de bureau, oui.
Je faisais, bon, c’était surtout des dossiers top secrets, dont je ne pouvais pas parler et je crois que je ne peux toujours pas. C’était une zone de guerre parce qu’il nous fallait supporter les bombes volantes (V1) et les V2 (missile à longue portée). Le bâtiment à la Fairfax House qui était juste la porte à côté d’un immeuble qui a été heurté par une V2 et la moitié d’un pan de notre immeuble a sauté dans l’explosion. Mon bureau était tout près de cette fenêtre, mais j’étais sortie dans le couloir pour aller porter une lettre aux sténos. Quand la bombe a frappé, j’étais en plein milieu du bâtiment entre deux portes. Alors ça m’a juste fait tournoyer l’explosion, mais je n’ai pas été blessée. Je suis retournée dans la pièce et certaines de nos employées qui travaillaient là saignaient à case du verre cassé ; et de nombreux hommes étaient blessés, grièvement blessés. Alors ça a été celui qui m’a touchée de plus près.
La guerre s’est terminée en mai 1945, comme vous le savez, et j’ai été envoyée en Hollande en juin 1945. Je suis allée à Appledorn et j’ai travaillé sous la tente là-bas. J’ai fait le même travail pour le RCEME, mais on habitait dans des tentes parce que nous n’avions pas de caserne à ce moment-là jusqu’à ce qu’il fasse froid. Et ensuite nous sommes allées habiter dans un séminaire, c’était un bâtiment énorme et il avait été réquisitionné par l’armée.
L’armée avait un club pour les sous-officiers et les adjudants c’était notre club de loisirs où on allait pour manger et danser, et rencontrer tous les amis. Et je l’ai rencontré au club. Ça s’appelait le Club 99. Il était là avec quelques amis de son unité et j’étais là avec quelques amies à moi, et on s’est rencontrés là. On s’est revu là-bas un certain nombre de fois. On s’est fiancés avec le projet de se marier en septembre ; et on a réalisé qu’on ne pouvait pas rentrer chez nous sans être mariés parce que j’habitais Winnipeg et lui vivait en Ontario. Alors on a fait une demande pour pouvoir se marier là-bas, ce qu’on a fait en décembre 1945.
On a fait un mariage militaire. On a loué des épées dans un des postes de police d’une des petites villes en Hollande et j’avais une garde d’honneur moitié femmes et la moitié c’était mes amies et l’autre moitié les amis de Fred. Je vous le dis, ce furent les plus belles années de ma vie, je pense. Les plus intéressantes. Et puis le fait d’avoir rencontrer mon mari là-bas aussi, ça en faisait partie.