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Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle Norman Beanland. J’ai aujourd’hui 77 ans [entretien réalisé en 2003]. Lorsque j’étais dans l’armée, j’étais mineur, j’avais 16 ans. J’étais dans l’infanterie. J’appartenais au Royal Canadian Regiment de London, en Ontario. Nous nous battions en Italie sur la côte Adriatique, près de l’aéroport de Rimini. Il y avait toujours deux compagnies à l’avant et une compagnie en réserve au cas où l’une d’entre elles aurait des ennuis. Nous marchions le long de la route et il faisait nuit noire. Tout d’un coup, à environ deux ou trois cents mètres sur la route, l’enfer s’est déchaîné. Il faisait nuit noire, je répète. Les mitrailleuses se sont mises en marche. Des tirs provenaient d’armes allemandes, d’autres d’armes canadiennes. On le savait par le son qu’elles faisaient. Nous nous sommes demandé ce que nous faisions là. Nous étions dans la réserve, après tout. Les balles volaient autour de nous. Nous nous sommes couchés sur le ventre, à l’écart. Quelques minutes plus tard, les tirs se sont arrêtés Tout est devenu silencieux. On pouvait sentir l’odeur de la cordite des balles tirées qui nous remontait dans le nez.
Nous sommes restés là et personne ne savait ce qui s’était passé. Quelques minutes plus tard, il y a eu des bruits de pas. Quelqu’un courait sur la route vers nous. J’étais celui à l’avant. Je crois que le sergent ou quelqu’un d’autre m’a dit d’arrêter le type qui arrivait sur la route et de chercher à savoir à quel camp il appartenait. C’est ce que j’ai fait, mais on voyait à peine. J’ai regardé, je ne voyais qu’une forme. Je lui ai demandé dans quel camp il était. Il est juste passé. Un autre est arrivé. Même résultat. Je lui ai demandé dans quel camp il était, il n’a fait que passer. Le sergent s’est énervé un peu et m’a dit que je devais me lever et attraper le prochain pour savoir dans quel camp il était. J’ai donc déposé mon arme, enlevé mon casque en acier et me suis accroupi comme un footballeur. Je pouvais à peine distinguer une forme, mais j’ai sauté et je l’ai attrapé par le devant de sa tunique. Je lui ai crié en plein visage, lui demandant dans quel camp il était. Il s’est mis à crier en allemand de ne pas lui tirer dessus. C’était un soldat allemand. Le sergent m’a demandé ce qu’était tout ce vacarme, ce qu’il faisait et dans quel camp il était. J’ai répondu que c’était un maudit Allemand [rires]. Le pauvre gars a dû avoir la peur de sa vie. Il a été remis entre les mains d’une autre personne et ramené dans une cage de prisonniers de guerre. En y repensant, je me suis dit que le pauvre homme ne faisait pas si pitié que ça. Il serait de retour au Canada avant moi. C’est la fin de l’histoire. Je me demande combien de fois il a raconté cette histoire. J’aimerais le rencontrer.