Project Mémoire

Ralph John Kennedy (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ralph John Kennedy a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous pouvez lire et écouter le témoignage de Ralph John Kennedy ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Ralph Kennedy
Ralph Kennedy
Ralph Kennedy (à 17 ans) peu de temps après s'être engagé dans la Marine Royale Canadienne, printemps 1941.
Ralph Kennedy
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Ralph Kennedy et son petit-fils, Adam, lors d'un pèlerinage de vétérans aux Pays-Bas en 2005.
Ralph Kennedy
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Ralph Kennedy posant avec deux officiers de la Gendarmerie Royale Canadienne à l'entrée du Cimetière de guerre canadien de Holten aux Pays-Bas en 2005.
Ralph Kennedy

Transcription

Un de mes amis et moi-même avions 17 ans et nous voulions rejoindre l’Aviation royale canadienne. Nous sommes donc allés voir la Force aérienne qui nous a dit de revenir dans deux ans. Mais nous étions impatients de nous enrôler et de gagner la guerre pour le Canada, alors nous avons marché quelques rues plus loin, là où se trouvait la caserne de la marine (NCSM Chippawa à Winnipeg, Manitoba). Nous y sommes allés et ils nous ont dit que nous avions de la chance, car le médecin militaire de la caserne de Fort Osborne était là et pouvait nous examiner. Soit la caserne de Fort Osborne avait beaucoup de malades, soit elle avait beaucoup de monde. Le médecin militaire, comme nous l’appelions, nous a emmenés dans une pièce et nous a examinés de la tête aux pieds. Il ne lui a fallu que cinq minutes. Puis il est sorti. Nous avons entendu l’officier de marine demander comment nous étions. Le médecin a répondu que nous respirions à peine. L’officier a renchéri que c’est qu’ils avaient eu de mieux cette semaine-là, donc qu’ils allaient nous prendre.

J’ai été affecté au NCSM St. Laurent, un destroyer. Tous les bateaux avaient des surnoms. C’était dans son cas la Sally Rand, du nom d’une célèbre danseuse burlesque des États-Unis. C’est là que la guerre a vraiment commencé pour moi. Nos cours n’étant pas encore ouverts, nous sommes simplement montés à bord. J’ai suivi une grande partie de mon instruction en tant qu’opérateur sonar du système de la Commission commune franco-britannique de lutte anti-sous-marine sur le St. Laurent. Vu que c’était un destroyer, il était rapide et toujours à la tête, le siège des problèmes! Il s’est fait un nom un peu partout. Nous sommes entrés dans un convoi à la fin de l’année 1942, je crois. On nous a dit qu’on allait nous envoyer au sud avec un convoi en provenance d’Angleterre, à cause du mauvais temps au milieu de l’Atlantique. Je ne pense pas qu’on se soit jamais inquiété du mauvais temps pour nous. Nous sommes descendus et avons participé à l’une des plus grandes batailles sous-marines de la guerre au sein du convoi ONS154, le 31 décembre 1942. Nous avons perdu 14 navires et coulé un sous-marin.

Les États-Unis n’étaient pas engagés à ce moment-là. Lorsque nous avons amené le convoi près de Terre-Neuve, le commandant de la flotte états-unienne est sorti et a dit qu’il allait prendre en charge notre convoi. Ils avaient essayé d’obtenir des navires pendant une semaine sans succès et ils s’étaient fait écraser. Le commandant états-unien a dit à notre capitaine, le commandant par intérim Guy Windeyer, un vieil homme très sympathique, qu’il était le capitaine Untel, qu’il avait passé tant d’années dans la marine des États-Unis et qu’il allait prendre en charge notre convoi. Guy Windeyer a répondu qu’il était le capitaine Windeyer, qu’il avait passé tant d’années à servir dans la marine royale canadienne et qu’il pouvait lui embrasser le pied. Il a été envoyé au poste pour ça.

J’ai quitté le navire à ce moment-là, mais nous sommes arrivés au port. Il y avait deux ennemis : les sous-marins et les conditions météorologiques. Le temps était absolument épouvantable. J’ai découvert ce que c’était vraiment quand il faisait mauvais. C’était comme des ouragans en permanence. Je me souviens qu’à un moment donné, nous avons été frappés par une tempête du nord et nous devions faire face au nord, sinon nous aurions été emportés. Nous devions faire tourner les moteurs et faire face à la tempête, car nous aurions été autrement poussés vers le sud. Il y avait de ces vagues, elles devaient faire trois étages de haut. On surfait une vague pour simplement être submergés par la suivante. C’était comme dans un tunnel, il y avait toujours de l’eau autour de nous.

L’hiver a été très rude. Les navires devenaient prisonniers des glaces et tous les canons aussi, et il fallait que tout le monde sorte pour décaper la peinture. Après cette bataille, j’ai été libéré et les cours de la Commission commune franco-britannique de lutte anti-sous-marine ont été ouverts; je les ai suivis et j’ai été envoyé sur la côte ouest. Une chose est sûre, nous étions mal préparés à la guerre. La marche au pas semblait plus importante que la compréhension du fonctionnement d’un navire. C’est clairement une grande lacune. Nous avons dû apprendre à nos dépens.