Sytske Drijber Brandsma a servi avec la force territoriale hollandaise [Koninklijk Nederlands Indisch Leger (KNIL) (The Royal Netherlands East Indies Army)] pendant la Deuxième Guerre mondiale.
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Transcription
Je suis venue au Canada avec mes parents en 1926, quand j’avais six ans, et alors j’ai fait toutes mes études au Canada. Pendant la guerre, j’ai lu que les forces alliées aidaient les canadiens, et que toute personne qui était née dans un autre pays pouvait s’engager dans l’armée de ce pays là. Tout d’abord, j’ai décidé que j’allais m’engager dans la marine canadienne. Là-bas à nouveau la conseillère m’a fait part du fait que les hollandais étaient à la recherche de nouvelles recrues. Et elle a dit que ça se trouvait juste en bas de la rue au consulat et que je pouvais y aller. Donc les canadiens m’ont perdue et les hollandais (force territoriale hollandaise) m’ont gagnée. Et voilà comment ça s’est passé. Il avait été décidé que nous allions partir dans le Pacifique et nous battre contre les japonais. La seule chose dont je me souviens au sujet du voyage, ça a pris un mois et c’était parce qu’on évitait les sous-marins. Il faisait très beau ; la mer était calme, nous avons eu beaucoup de chance. Et quand nous sommes arrivés à Guadalcanal, je me souviens des nouvelles qu’on entendait, qu’il y avait beaucoup de combats, beaucoup de tuerie. C’était atroce. Et ça semblait tellement paisible. C’était le soir, Il pleuvait. Il tombait des cordes, et je pense qu’il n’y avait tout simplement personne dehors pour se battre. C’était peut-être de l’autre côté de l’île, je ne sais pas. C’était juste bizarre de se trouver là. Ça devait être en 1944, je suppose, à la fin de 1944. Et puis on a continué après avoir laissé ces hommes jusqu’à Brisbane en Australie Les hollandais avaient un accord avec les australiens d’en apprendre plus aux hollandais, de nous avoir basés en Australie jusqu’à ce qu’on soit prêts à aller dans nos colonies, qui étaient à côté de l’Australie. Ça s’appelle l’Indonésie maintenant. Alors on est restés là-bas jusqu’à l’explosion de la bombe atomique. Et c’était au mois d’août, et à la fin du mois de septembre, on était en route pour l’Indonésie. Je pense qu’ils ne savaient pas quoi faire d’une ancienne institutrice. Alors je n’avais pas grand-chose à faire au début. Mais ensuite j’ai travaillé au journal. Je faisais de la traduction pour la presse internationale qui voulait que tout soit en anglais. J’ai aussi travaillé avec les renseignements. Je devais identifier les zones où les avions allaient se rendre et repérer s’il y avait quelque chose de significatif, et il fallait que je découvre ce que c’était. Ensuite ils allaient bombarder l’endroit en question. Un jour dont je me souviens particulièrement c’était l’écrivain, Ernest Hemingway et son épouse sont venus là-bas, parce qu’il était correspondant de guerre. Il est venu au bureau. Et oui, c’était plutôt excitant. Autrement, c’était juste la routine : recevoir les nouvelles, les éplucher et les envoyer à la dactylo. Quand la période où j’étais au journal, j’écoutais tous les bulletins, parce que j’étais avec les renseignements, l’information n’était pas filtrée. J’étais au courant de tout et c’était très perturbant d’entendre toutes les atrocités. Je pense que les gens ici ne réalisent pas que les japonais eux aussi mettaient les gens dans des camps de concentration. Ils séparaient les femmes et leurs bébés, et les garçons étaient mis avec les hommes. Les garçons et les hommes. On entend bien parler de la rivière Kwaï en Thaïlande et le chemin de fer qui était en construction à travers la Birmanie pour les japonais. Et les femmes étaient mises à l’écart dans des enceintes ; ils avaient pris un pâté de maisons et l’avait entouré d’une clôture. Et toutes les femmes de la ville entière ont été envoyées de force dans ce petit quartier. C’était terrible. Parce que vous étiez dans l’armée, vous étiez protégée. Et c’était atroce comme impression de voir ces femmes qui avaient été maltraitées pendant quatre ou cinq ans, être dans un tel état de frayeur maintenant. Et si l’un des japonais qui les surveillait, regardait juste de l’autre côté, les femmes étaient massacrées à l’intérieur des murs, dans cette enceinte. Vous savez, vous vous sentez coupable. Il n’y avait pas de police. C’est un monde étrange quand il n’y a pas de police du tout, et que les gens peuvent tout simplement déambuler la nuit et tirer sur n’importe quelle maison ou si vous êtes dans la rue. Même en plein jour, quand j’étais dans la rue, en marchant de là où j’habitais jusqu’à mon lieu de travail, je passais près de magasins et les magasins étaient condamnés, mais il y avait des fentes entre les planches et il y avait des armes là-bas. Et ils vous tiraient dessus alors que vous marchiez dans la rue. Il n’y avait pas du tout de sentiment de sécurité. Sans police, les gens se déchainent tout simplement. Oui, vous commencez à comprendre combien il est important d’avoir des règles. Sans règles, c’est tout simplement tellement angoissant.