William Di Maurizio a servi pendant la Deuxième Guerre Mondiale avec la Marine marchande, de 1944 à 1950. Il décrit la vie quotidienne à bord un navire de la marine marchande, les dangers posés par les sous-marins allemands, et l'organisation des convois militaires. Il a aussi servi dans la Guerre de Corée avec le 2e battalion, royal 22e Régiment, et son témoignage sur cette experience est aussi disponible.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
(Le service dans la marine marchande canadienne)
On était pas mal inquiet. On surveillait aux alentours pour voir si on voyait quelque chose sortir de l‘eau, mais on n’a rien vu. Ils (les navires marchands) étaient distancés, tous d’une distance égale. Les plus lents, les navires les plus lents, ils étaient en arrière. S’ils étaient trop lents pour suivre le convoi, là ils disaient : « You’re on your own. ». Ils laissaient le navire, tout seul, puis c’est là qu’il se faisait couler. Le plus lent était en arrière et ils le laissaient aller. Puis ce sont les autres qui se faisaient couler. Oh la vitesse, ils faisaient à peu près dix nœuds, pas plus. Non, ce n’était pas des navires rapides. Un navire marchand, ce n’est pas rapide comme un gros bateau de passager là. Si on était en devoir, on restait à bord, mais si on n’était pas en devoir, on était libre de sortir et de circuler à l’entour des villes où on était.
Dans ce temps-là, c’était un gros changement du Canada en Angleterre parce qu’en Angleterre, surtout l’hiver, ils ont beaucoup de pluie. C’est un climat gris, oh franchement, ce n’était pas un climat pour moi. Non ce n’était pas comme l’armée ou l’aviation ou la marine. Non, non. Il y avait un respect pour les officiers. Puis j’ai trouvé que les officiers, c’était des bons navigateurs. Il y en avait qui avait vingt-cinq, trente ans d’expérience. Il y avait des capitaines qui étaient âgés, les autres, ils ont navigué toute leur vie. Non, je trouve qu’ils étaient bons.
En mer, il y a toutes sortes de choses à faire surtout si le navire est un peu vieux. Bien là, ils appellent ça « chipping ». C’est un petit marteau pointu, là où il y a de la rouille, il faut picoter ça et mettre un peu de peinture là-dessus. Ils font ça, après ça, mais ils font une heure et demie sur le pont et c’est eux autres qui dirigent le bateau. Ils appellent ça le « wheelhouse ». Ils font à peu près ça, une heure et demie et là ils changent. Là, c’est un autre gars qui prend ça (la relève). Il y a beaucoup de monde qui pensent que c’est le capitaine qui dirige le bateau. Non, le capitaine, lui, il se promène à l’entour pour voir si tout est correct. Mais pour diriger le navire, ce sont les marins qui font ça avec un officier. Puis là, il y a un officier qui est en charge de la « map » (carte géographique) pour savoir où on est. Ça marche de même, tous les jours, c’est la même chose.
En tout, on était quarante-deux. Quarante-deux marins, officiers marins, et là il y avait sept marins de la marine (militaire) canadienne parce qu’on était armé. On avait deux canons, l’un en avant et l’un en arrière et des mitrailleuses dans le milieu. Ça, c’était pour prendre les mesures pour savoir à quelle distance tirer. C’est eux autres (les marins militaires) qui dirigeaient le feu. Et dans ce temps-là, tout le monde aidait à passer les munitions et tout ça.
Si ce n’était pas de la marine marchande, les Allemands auraient pris toute l’Europe. Parce que c’est nous autres qui transportions munitions, véhicules, nourriture pour les troupes. C’était nous autres qui avons fait une grosse partie, mais ils n’ont a jamais été reconnu. Ce n’était pas correct. On aurait dû être récompensé, mais non, c’était fini. On dirait que, bon, la guerre est finie et n’ont pas pu besoin de vous autres!