Helen Kathleen Mussallem, C.C., infirmière enseignante, réformatrice et administratrice (née le 7 janvier 1915 à Prince Rupert, en Colombie-Britannique; décédée le 9 novembre 2012 à Ottawa, en Ontario). Helen Mussallem commence sa carrière en tant qu’infirmière à l’Hôpital général de Vancouver et est déployée outre-mer durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle contribue à la réforme du système d’éducation en soins infirmiers au Canada et à travers le monde. Durant ses 18 ans de services à titre de directrice générale de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, elle aide à transformer les soins infirmiers en une profession et fait la promotion du rôle des infirmières dans le système de santé du Canada.
Jeunesse et carrière
Helen Mussallem naît le 7 janvier 1915 à Prince Rupert, en Colombie-Britannique. Ses parents sont Salomon et Annie Mussallem, des immigrants du Liban. La famille s’établit à Maple Ridge, en Colombie-Britannique, où le père sert plusieurs mandats à titre de maire.
Helen s’intéresse aux soins infirmiers après sa rencontre avec des infirmières communautaires par l’entremise du programme de Canadian Girls in Training. À 19 ans, elle s’inscrit à l’école de soins infirmiers de l’Hôpital général de Vancouver. En 1937, aux termes d’une formation de trois ans, elle obtient son diplôme. Elle continue de travailler à l’Hôpital général de Vancouver dans les salles opératoires et dans les unités de chirurgie. Au début des années 1940, elle décroche un diplôme en enseignement et en administration de l’Université de Washington.
Service dans la Deuxième Guerre mondiale
Durant la Deuxième Guerre mondiale, un superviseur de salle d’opération de l’Hôpital général de Vancouver encourage Helen Mussallem à s’enrôler. En 1943, elle rejoint les rangs du 19e Corps médical de l’armée canadienne à titre de lieutenant. Son unité reçoit un entraînement de base au Nouveau-Brunswick avant d’être déployée outre-mer. Une fois arrivée au Royaume-Uni, son unité travaille à l’hôpital Marsden Green, à Liverpool, durant 10 mois. Bien qu’elle n’ait aucune expérience en gestion, Helen Mussallem est nommée responsable de la salle opératoire. Durant son service, elle travaille dans divers hôpitaux de campagne en France et en Allemagne, souvent sous les feux ennemis.
En 1945, Helen Mussallem retourne au Canada et se joint aux forces armées en Extrême-Orient. Cette affectation est annulée quand, en août, les États-Unis larguent deux bombes atomiques sur les villes japonaises Hiroshima et Nagasaki, mettant ainsi un terme à la guerre. Elle travaille dans un hôpital de Prince Rupert avant d’être libérée du service militaire en 1946. Helen Mussallem se voit décerner neuf médailles, ce qui fait d’elle l’infirmière canadienne la plus décorée à avoir servi dans les forces armées durant la Deuxième Guerre mondiale (voir aussi Infirmières militaires).
Helen Mussallem à son bureau à l’hôpital Marsden Green, à Liverpool, au Royaume-Uni, le 13 avril 1945. (avec la permission du Dr. Helen K. Mussallem Biography Project/drhkm.ca)
Formation complémentaire
Après la guerre, les vétérans reçoivent des crédits qui peuvent être utilisés pour acheter des terres, poursuivre des études supérieures, ou rénover et meubler leur maison (voir aussi Anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale). Helen Mussallem utilise ses crédits pour parfaire sa formation, décrochant un baccalauréat en soins infirmiers de l’Université McGill en 1947. Elle retourne à l’Hôpital général de Vancouver pour enseigner durant deux ans avant de terminer sa maîtrise en soins infirmiers du Teachers College de l’Université Columbia en 1950. Enfin, en 1962, elle obtient son doctorat en soins infirmiers de l’Université Columbia, devenant ainsi la première infirmière canadienne à obtenir un diplôme de doctorat dans le domaine. Pendant ses études doctorales, elle retourne travailler à l’Hôpital général de Vancouver à titre d’administratrice et de professeure.
Projet pilote pour l’évaluation des écoles en soins infirmiers
En 1957, Helen Mussallem accepte un contrat de l’Aassociation des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), celui de mener un sondage à l’échelle du pays intitulé A Pilot Project for Evaluation of Schools of Nursing (Projet pilote pour l’évaluation des écoles en soins infirmiers) (1958). L’objectif du sondage est de déterminer si les écoles canadiennes en soins infirmiers sont prêtes pour un système national d’accréditation. Ce sondage d’envergure couvre 90 000 km, près de 2000 entrevues et 25 écoles. Durant ses recherches, Helen Mussallem est horrifiée de constater les conditions et les normes des écoles en soins infirmiers, et affirme que les étudiantes doivent effectuer du « travail en servitude ».
Le rapport final, Spotlight on Nursing Education (1960), recommande une refonte complète du système. Une des recommandations est éventuellement implantée : on cesse de former les infirmières dans les hôpitaux ; la formation se fait désormais dans les principales institutions postsecondaires. Ce rapport réforme la formation en soins infirmiers et mène à la syndicalisation des infirmières au Canada.
Le sondage s’avère monumental pour la carrière d’Helen Mussallem ; elle s’impose comme une figure d’autorité en enseignement des soins infirmiers. Elle inclut les données récoltées à travers le sondage dans sa thèse doctorale sur l’enseignement infirmier. Le rapport de sondage est l’un des 40 textes qu’elle complète au cours de sa vie.
Travail auprès de la Commission Hall et de l’AIIC
En 1961, Helen Mussallem étend le projet pilote et mène un sondage sur l’enseignement infirmier pour la Commission royale d’enquête sur les services de santé (également appelé « Commission Hall », nommée ainsi en l’honneur de son président, le juge Emmett Hall). La Commission Hall est un rapport national portant sur tous les aspects du système canadien de soins de santé, rapport dont la recommandation ultime est la mise sur pied d’un système universel de soins de santé (voir Politique sur la santé). En réponse aux recommandations de la Commission quant à l’enseignement infirmier, de nouveaux programmes de baccalauréat en soins infirmiers sont mis sur pied partout au pays. C’est une étape concrète dans le déplacement de la formation des infirmières, une transition que prône Helen Mussallem.
En 1963, Helen Mussallem devient la directrice de l’AIIC. Ce qui devait être un court mandat se transforme en 18 ans de services, jusqu’à sa retraite de l’organisation, en 1981. Grâce à son leadership dans ce poste, les conditions de travail des infirmières s’améliorent ; par le biais d’une amélioration et d’une normalisation de la formation, la vocation devient une profession. En tant que directrice, elle met sur pied la National Nursing Library (bibliothèque nationale des soins infirmiers). En 1981, on la renomme Helen K. Mussallem Library en reconnaissance de son travail dans le domaine. Au sein de l’AIIC, elle contribue à mettre sur pied la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada, qui offre des bourses d’études aux étudiants en soins infirmiers. Sous la direction d’Helen Mussallem, l’AIIC devient de plus en plus active dans les commissions et les comités, améliorant ainsi son rayonnement et faisant la promotion du statut des soins infirmiers en général.
Travail international en soins infirmiers
L’influence d’Helen Mussallem en soins infirmiers et en santé s’étend au-delà des frontières du Canada. Elle travaille à titre de consultante et de conseillère dans quelque 40 pays, et se voit assigner plusieurs tâches, car elle possède le doctorat prérequis. L’Organisation mondiale de la santé l’engage à titre de « conseillère à court terme » durant près de 10 ans dans les années 1960 et 1970. Elle contribue à mettre sur pied et à améliorer les écoles en soins infirmiers en Afrique occidentale, à Cuba, dans les pays des Antilles membres du Commonwealth et dans d’autres régions. Elle enseigne et participe à des séminaires, à des colloques et à des comités partout dans le monde, représentant le Canada et mettant ses décennies d’expérience à contribution. Elle continue ses activités internationales bien au-delà de ses 70 ans.
Faisant référence à son travail dans les communautés internationales de soins infirmiers, le Royal College of Nursing, au Royaume-Uni, surnomme Helen Mussallem l’« infirmière du monde ». En 1976, il fait d’elle un membre honoraire. L’Ordre du Canada fait également référence à ce titre quand, en 1992, il lui décerne le titre de compagnon.
Honneurs et distinctions
- Doctorat honorifique en droit, Université du Nouveau-Brunswick (1968)
- Officier, Ordre du Canada (1969)
- Doctorat honorifique en sciences, Memorial University of Newfoundland (1969)
- Mention spéciale de reconnaissance, Croix-Rouge canadienne (1974)
- Membre honoraire, Royal College of Nursing, au Royaume-Uni (1976)
- Prix Jeanne-Mance, Association des infirmières et infirmiers du Canada (1980)
- Médaille Florence Nightingale, Comité international de la Croix-Rouge (1981)
- Dame de grâce, Ordre de Saint-Jean (1982)
- Doctorat honorifique en droit, Université Queen’s (1983)
- Prix du mérite, Registered Nurses Association of British Columbia (1983)
- Membre honorifique, Cuban Nurses Society (1984)
- Prix pour services, Conseil international des infirmières (1988)
- Doctorat honorifique en droit, Université McMaster (1989)
- Prix Ross honorant le leadership en soins infirmiers, Association des infirmières et infirmiers du Canada (1991)
- Compagnon, Ordre du Canada (1992)
- Doctorat honorifique en droit, Université de la Colombie-Britannique (1994)
- Dame de justice, Ordre de Saint-Jean (1997)
- Docteure honoraire, Université d’Ottawa (1998)
- Héraut Capilano extraordinaire, Autorité héraldique du Canada (2006)
- Doctorat honorifique en sciences, Université McGill (2006)
- Prix Lady Aberdeen, Infirmières de l’Ordre de Victoria du Canada (2007)