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Requin-pèlerin

Le requin-pèlerin (Cetorhinus maximus) est un grand requin migrateur qui vit dans les océans tempérés du monde entier. Le requin-pèlerin habite de façon saisonnière les côtes canadiennes de l’Atlantique et du Pacifique. On estime que la population de requins-pèlerin en Atlantique s’élève à 10 000 requins; on les voit rarement dans l’océan Pacifique du Canada. La Loi canadienne sur les espèces en péril désigne la population du Pacifique comme étant en voie de disparition. En comparaison, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada considère la population de l’Atlantique comme « préoccupante ». (Voir aussi Animaux en voie de disparition au Canada.)

Requin-pèlerin (Cetorhinus maximus)

Description physique

Le requin-pèlerin est le plus gros poisson que l’on peut trouver dans les eaux canadiennes, atteignant jusqu’à 12 m de longueur et pesant jusqu’à 4 tonnes. À l’échelle mondiale, sa taille n’est surpassée que par celle du requin-baleine. Le pèlerin est de couleur noir foncé à gris brunâtre, souvent avec un motif de couleur pommelé. Son grand museau en forme de cône est flanqué de cinq paires de branchies allongées, qui s’étendent du sommet de la tête jusqu’à la gorge. Chaque fente des branchies est densément garnie de fines soies en forme de peigne, appelées « branchiospine ». Sa bouche extrêmement grande contient environ 1500 dents en forme de crochet, chacune mesurant environ un demi-centimètre de long.

Distribution et habitat

Les requins-pèlerin se trouvent principalement dans les régions tempérées des océans Atlantique et Pacifique, et dans certaines parties de l’océan Indien près du sud de l’Australie, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud. Les pèlerins migrent en fonction de l’abondance des proies. Ils se nourrissent et s’accouplent le long de la côte atlantique canadienne au printemps et en été, lorsque les eaux regorgent de zooplancton, la principale proie de ces requins. Bien qu’ils soient le plus souvent observés dans les eaux côtières peu profondes, les pèlerins sont de bons plongeurs. Ils ont été vus au large à des profondeurs de plus de 1 km sous la surface. On sait peu de choses sur leurs itinéraires de migration, mais des scientifiques ont déjà suivi une femelle marquée qui a traversé l’Atlantique des îles britanniques jusqu’à Terre-Neuve, soit une distance totale de 9589 km.

Reproduction

Les scientifiques connaissent peu le cycle de vie du requin-pèlerin, mais on estime qu’il peut vivre jusqu’à 50 ans. Les mâles atteignent la maturité sexuelle entre 12 et 16 ans, et les femelles, entre 16 et 20 ans. Après une gestation estimée de 2 à 3,5 ans, les femelles donnent naissance à des petits. Les nouveau-nés mesurent de 1,5 à 2 m de long et nagent instinctivement vers la surface pour se nourrir.

Bouche du requin-pèlerin

Comportement

Les requins-pèlerin sont baptisés ainsi en raison de leur tendance à se déplacer lentement à la surface de l’océan, ce que les naturalistes du 18e siècle ont interprété comme une manière de se prélasser au soleil. En réalité, c’est ainsi que les requins-pèlerin se nourrissent.

Lorsqu’ils avancent, l’eau de mer s’écoule continuellement dans leur bouche ouverte et à travers leurs branchies. Les petites proies, y compris le zooplancton et les œufs de poisson, sont piégées dans les branchiospines au cours d’un processus appelé « alimentation par filtration ». Il n’existe que deux autres espèces de requins-filtreurs, le rare requin-grande-gueule et le requin-baleine. Malgré leur taille impressionnante, les réquins-pèlerin ne présentent aucun danger pour l’homme car leur régime alimentaire est composé de plancton.

Les pèlerins n’utilisent pas leurs nombreuses rangées de dents pour se nourrir. Par contre, les scientifiques pensent plutôt que les mâles mordent les femelles pendant l’accouplement. En vue de cet événement, les requins-pèlerin se rassemblent en groupes de jusqu’à 50 individus, les mâles nageant en cercle et suivant de près les femelles pendant plusieurs heures. Lors des interactions sociales, les requins-pèlerin font également des bonds hors de l’eau, un comportement connu sous le nom de « breaching » (percée). Les scientifiques supposent que les grands requins mâles affichent ce comportement pour rivaliser entre eux et attirer l’attention de femelles, tandis que les femelles matures font de même pour signaler leur réceptivité à l’accouplement.

Relations avec les humains

Des rapports du 19e siècle suggèrent que les peuples Nuu-chah-nulth (Nootkas) et Huu-ay-aht chassaient autrefois le requin-pèlerin au large de l'île de Vancouver. Contrairement aux mammifères marins tels que les phoques, les requins-pèlerin sont faciles à approcher et lents à fuir, ce qui en fait des cibles faciles pour le harponnage. À l’époque, les pèlerins étaient très abondants le long de la côte ouest canadienne. Ils étaient principalement chassés pour leurs grandes quantités d’huile de foie. Un ruisseau de la baie Clayoquot est connu sous le nom de « shark creek » (crique à requins), d'après le mot nuu-chah-nulth pour requin, mamach-aqtlnit.

La pêche au requin-pèlerin était une industrie lucrative dans l’Atlantique Nord-Est, autour de l’Écosse, de l’Irlande et de la Norvège. Là, les requins-pèlerin étaient également ciblés pour leur foie riche en huile et ont fait l’objet d’une pêche intensive du 18e au 20e siècle.

Dans les années 1950, les flottes de pêche de la Colombie-Britannique considéraient les requins-pèlerin comme une nuisance, car ils se prenaient dans les filets à saumon et les détruisaient. Ces plaintes ont incité le ministère des Pêches et des Océans à mener un programme d’éradication, qui consistait à foncer dans les animaux avec une grande lame placée à l’avant d’un navire.

La combinaison de l’exploitation commerciale, des prises accessoires (captures accidentelles lors de la pêche d’autres espèces) et des programmes d’éradication a fortement réduit le nombre de requins-pèlerin. Aujourd’hui, on pense que la population du Pacifique canadien a diminué de plus de 90 % par rapport aux chiffres historiques.

Requin-pèlerin en train de nager

Menaces et conservation

Bien que la capture de cette espèce soit aujourd’hui interdite dans de nombreux pays, il existe toujours un marché illégal actif pour les produits dérivés du requin-pèlerin. Les ailerons à eux seuls valent jusqu’à 57 000 dollars et sont commercialisés à Hong Kong, au Japon et aux États-Unis. Les requins-pèlerin restent vulnérables aux enchevêtrements dans les systèmes de pêche, aux collisions avec les navires, aux perturbations causées par les bateaux d’excursion, ainsi qu’à la destruction de l’habitat par les aménagements côtiers, car ils ont tendance à se nourrir et à se rencontrer près des côtes.

Un défi majeur pour leur conservation est le peu de connaissances que l’on a du cycle de vie de l’espèce et de son commerce illicite. Par exemple, l’estimation de l’abondance du requin-pèlerin est complexe, car les comptages de population ne peuvent être effectués qu’en surface, et le nombre d’individus remontant à la surface dépend de la densité des nutriments disponibles à un moment et un endroit donnés. Les scientifiques s’efforcent de combler ces lacunes et utilisent des outils tels que les balises satellites pour mieux comprendre les schémas de migration des requins, la façon dont ils utilisent les habitats en eaux profondes, les endroits où ils passent les mois d’hiver et ce qui constitue l’habitat critique pour leurs progénitures. Pour contrôler et combattre le braconnage, des méthodes d’analyse de l’ADN ont été mises au point pour aider à confirmer le commerce des produits dérivés du requin-pèlerin. Comme les animaux sont vendus en pièces détachées, il est presque impossible d’identifier visuellement les produits à base de requin-pèlerin sur le marché. Ces tests de laboratoire permettent d’identifier les espèces en faisant correspondre des séquences d’ADN (le code génétique) provenant de petits échantillons de tissus à des séquences connues propres aux requins-pèlerin.

Taxonomie du pèlerin

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classe

Chondrichthyes

Ordre

Lamniformes

Famille

Cetorhinidae

Genre

Cetorhinus

Espèce

Cetorhinus maximus