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Peter Maloney

Peter Maloney, avocat, entrepreneur, politicien, défenseur (né en 1944 ou 1945 à Toronto en Ontario). Peter Maloney est reconnu comme étant la première personnalité politique ouvertement homosexuelle au Canada. Il s’est présenté sans succès à l’Assemblée législative de l’Ontario en 1971 et à la commission scolaire de Toronto en 1972. Il a publiquement révélé son homosexualité lors d’un congrès du Parti libéral en février 1972. Il est ensuite devenu un propriétaire prospère de saunas et il a été décrit par le magazine Toronto Life en 1976 comme étant « le premier millionnaire gai reconnu du Canada ». À la fin des années 1970 et au début des années 1980, de nombreuses descentes de police dans les saunas ont ramené Peter Maloney sous les feux de la scène juridique et politique. En 1980, il a été à la tête d’un groupe qui plaidait pour que la Charte canadienne des droits et libertés protège les gens contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.

Débuts de carrière

Peter Maloney grandit à Montréal. Il devient impliqué avec le Parti libéral après la décriminalisation de l’homosexualité en 1969 par le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau. En 1970, il déménage à Toronto pour travailler comme économiste à la Bourse de Toronto. L’année suivante, il se présente aux élections législatives provinciales. Il perd contre le député progressiste-conservateur sortant et procureur général Allan Lawrence. Ce dernier a tenté de nuire à Peter Maloney en révélant son homosexualité de manière cachée à la presse.

Après sa défaite, Peter Maloney maintient une relation active, quoique critique, avec l’establishment libéral. Lors d’un congrès politique à Ottawa en février 1972, il révèle publiquement son homosexualité et fustige les membres du cabinet fédéral pour avoir interdit aux personnes homosexuelles d’immigrer au Canada.

Sa candidature a également des conséquences personnelles. Peter Maloney avait mené une campagne conventionnelle, mais sans soutien financier significatif. Finalement, il finance lui-même une grande partie de sa campagne et s’endette donc lourdement. Malgré cela, il se porte candidat au conseil scolaire de Toronto en 1972 en réponse à une pétition visant à interdire aux activistes homosexuels de parler aux élèves du secondaire. À nouveau, sa candidature n’a pas de succès.

Propriétaire de saunas

Comme il cherche à récupérer ses pertes financières, Peter Maloney se lance en affaires avec une entreprise américaine, Club Baths, pour établir un nouveau sauna gai à Toronto. L’endroit attire une large clientèle. Peter Maloney ouvre rapidement d’autres saunas à Ottawa et à Montréal. En 1974, lui et George Hislop ouvrent une autre entreprise à Toronto appelée The Barracks. L’endroit s’adresse à une clientèle sadomasochiste et comprend un magasin de godemichés, de fouets, de chaînes et d’autres jouets sexuels.

Ces entreprises améliorent considérablement la fortune de Peter Maloney. Un article du Toronto Life de 1976 le décrit comme « le premier millionnaire gai reconnu au Canada ». Mais les saunas comportent également des risques importants. À la suite de la décriminalisation de l’homosexualité, la culture des saunas gais prospère dans les grandes villes du Canada. Mais la police n’en est pas moins autorisée à sanctionner les « actes indécents ». Ces deux facteurs combinés font de la fin des années 1970 et le début des années 1980 une période de fréquentes descentes dans les saunas. (Voir Descentes de police dans des saunas de Toronto [1981]; Raid du Sex Garage.)


Cette violence suscite des protestations au sein de la communauté gaie. Ceci place Peter Maloney au centre de certains des événements les plus tumultueux de la lutte pour la libération des homosexuels au Canada. Une descente a lieu au Club Baths de Montréal en janvier 1976 et de nouveau en mai, alors que la ville de Montréal tente de forcer toute activité commerciale gaie « visible » à être dissimulée avant les Jeux olympiques de Montréal. Une descente a également lieu au Club Baths d’Ottawa en mai 1976. Peter Maloney est accusé de tenir une « maison de débauche ». Lui et ses partisans font valoir que les accusations sont sans fondement étant donné que les activités dans les saunas ont été décriminalisées. Il plaide néanmoins coupable et est condamné à une amende de 500 $.

Après la descente au The Barracks en décembre 1978, Peter Maloney crée un fonds destiné à couvrir les frais juridiques des hommes qui sont inculpés. Ce projet se transforme en comité nommé Right to Privacy Committee. Le comité devient un groupe de défense central, en particulier après les vastes descentes dans les saunas en 1981. Peter Maloney est de nouveau inculpé lors de ces descentes. Mais il se défend lui-même et défend les autres avec succès. Les accusations sont abandonnées après que Peter Maloney accepte de ne pas poursuivre la police pour persécutions abusives.

Critique des services policiers

En plus de ces batailles juridiques, Peter Maloney commence à critiquer ouvertement le service de police de Toronto pour ce qu’il considère comme un manque de responsabilisation. « Je m’en prenais constamment au budget de la police », déclare-t-il plus tard lors d’une entrevue. « Combien dépensaient-ils? Pourquoi obtenaient-ils des augmentations? Pourquoi avaient-ils besoin de nouveaux officiers, et cetera, et cetera? »

Ces activités exaspèrent les services policiers au point qu’ils commencent à espionner Peter Maloney en faisant pression sur son agent des postes pour qu’il rende compte de ses correspondants. Ils recommencent une décennie plus tard. En 1991, l’amie de Peter Maloney, Susan Eng, devient présidente de la Commission des services policiers de Toronto, qui supervise les opérations policières. Les dossiers révèlent plus tard que la police de Toronto espionne illégalement Peter Maloney et Susan Eng en enregistrant leurs appels téléphoniques. La police affirme que c’est parce qu’elle soupçonne Peter Maloney de vendre de la drogue, bien qu’elle ne présente jamais de preuve de ce fait.

Retour en politique

Même si Peter Maloney s’oppose à l’establishment politique, il y est plus étroitement lié que la plupart des membres de la communauté gaie. À la fin des années 1970, il entre à la faculté de droit. (Il a besoin d’une autorisation spéciale du Barreau pour pouvoir s’inscrire malgré sa condamnation en 1976.)

Peter Maloney maintient également ses liens avec le Parti libéral en tant que vice-président de l’Association libérale du district de Toronto. En 1980, il dirige une délégation de membres de l’Association canadienne des lesbiennes et des hommes gais à Ottawa. La délégation soutient que la Charte canadienne des droits et libertés devrait protéger les Canadiens contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Peter Maloney tente également à nouveau de se faire élire à un poste provincial en 1981, mais il est critiqué comme étant un candidat à enjeu unique et il n’est pas inscrit sur la liste. En 1991, il se présente pour un siège au conseil municipal de Toronto, mais il perd contre Kyle Rae, qui devient le premier conseiller ouvertement gai de Toronto.

Peter Maloney déménage éventuellement à Kitchener en Ontario. Il préside l’Association libérale fédérale de la circonscription de Kitchener-South-Hespeler.

Legs

Comme d’autres mouvements anti-oppression fondés sur l’identité, le mouvement de libération gaie est souvent divisé à l’interne « entre les ‘‘libérationnistes’’ radicaux et les ‘‘assimilationnistes’’ libéraux », comme l’écrit Tim McCaskell. Peter Maloney fait partie intégrante du deuxième camp. Il se heurte parfois à d’autres membres de la communauté, qui sont pessimistes quant aux changements législatifs ou à l’acceptation culturelle par la société canadienne en général. Pourtant, à mesure que les deux camps réclament, et remportent, des victoires progressistes, cette division s’atténue avec le temps.