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Quatre insectes nuisibles majeurs des forêts canadiennes

De nombreux insectes sont considérés comme étant nuisibles aux forêts canadiennes, ce qui signifie qu’ils causent d’importants dommages écologiques et économiques aux écosystèmes forestiers. Ces espèces peuvent endommager les arbres de différentes manières, notamment en y creusant le bois, en en mangeant les feuilles et en y introduisant des agents pathogènes. Ces facteurs de stress peuvent causer des dommages économiques en réduisant la quantité de fibre de bois pouvant être récoltée et peuvent parfois nuire à l’écosystème. Bien que certains de ces insectes nuisibles provenant de différentes régions du monde aient été récemment introduits dans les forêts canadiennes, la majorité des insectes ravageurs des forêts au Canada sont des espèces indigènes. Dans des conditions normales, ces espèces constituent des sources naturelles de perturbation et de diversité qui peuvent contribuer au maintien de la santé des forêts sur de longues périodes. Toutefois, des facteurs anthropiques comme le changement climatique, l’introduction d’espèces non indigènes et la perte de la biodiversité ont récemment aggravé les effets que certaines espèces peuvent avoir sur les forêts canadiennes. Vous trouverez ci-dessous une liste de certains des nombreux insectes qui ont une incidence sur les forêts canadiennes, ainsi qu’une estimation de la superficie forestière, en hectares, qu’une pullulation a défoliée ou tuée, ainsi que l’année de l’infestation.

1. Agrile du frêne — propagation active (2023)

L’agrile du frêne (Agrilus planipennis; emerald ash borer) est un coléoptère vert irisé, au corps étroit mesurant de 8,5 à 14 mm. Cette espèce, originaire des forêts de feuillus d’Extrême-Orient, a été détectée pour la première fois au Canada en 2002, lorsque des frênes à Windsor, en Ontario ont été infestés. Le coléoptère se propage en volant et, davantage encore, par le déplacement du bois. Les produits du bois les plus communément infectés sont le bois de chauffage, le matériel de pépinière, les billes, les branches, les copeaux et le matériel d’emballage en bois. Depuis 2023, on trouve le coléoptère au Manitoba, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Les femelles volent pour localiser leur hôte préféré, le genre Fraxinus, et pondent leurs œufs dans les crevasses de l’écorce. Les larves se frayent un chemin à travers l’écorce et se nourrissent du phloème, une couche de tissu que l’arbre utilise pour transporter les nutriments et l’eau. Le phloème finit par être suffisamment détruit pour que l’arbre ne puisse plus survivre. Dans le cadre de plusieurs éclosions en Amérique du Nord, on constate que jusqu’à 99 % des arbres infectés sont tués. Une espèce d’arbre particulièrement préoccupante est le frêne noir, Fraxinus nigra, qui revêt une importance culturelle pour de nombreux peuples autochtones, notamment les Anichinabés, les Haudenosaunee, les Abénakis, les Ho-Chunk et les Menominee. Les peuples autochtones utilisent le frêne noir depuis des milliers d’années à des fins matérielles, médicinales et spirituelles, notamment pour la création de magnifiques paniers en frêne noir.

L’agrile du frêne est un coléoptère vert irisé, au corps étroit mesurant de 8,5 à 14 mm.

2. Tordeuse des bourgeons de l’épinette — 10 millions d’hectares (1991)

La tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana; spruce budworm) est une espèce indigène de papillon nocturne largement considéré comme le plus grand ravageur de l’épinette et du sapin en Amérique du Nord. Du milieu du printemps au début de l’été, les chenilles de cette espèce se nourrissent des aiguilles, des bourgeons et des structures reproductrices des résineux. Des pullulations ont lieu tous les 30 à 40 ans, durent plusieurs années et provoquent une importante défoliation pouvant atteindre des dizaines de millions d’hectares d’arbres. Une telle défoliation est susceptible d’entraîner une réduction de la croissance, voire une destruction massive des arbres. Cette perturbation naturelle accroît la complexité structurelle de la forêt, ce qui contribue à favoriser la diversité des arbres en plus de fournir un habitat précieux pour de nombreuses espèces. Cependant, les pullulations peuvent également entraîner une perte de ressources ligneuses susceptibles d’être récoltées par l’industrie forestière. On s’attend à ce que les changements apportés à la composition des forêts par l’activité humaine et par le changement climatique exacerbent l’étendue et la gravité des infestations dans l’avenir.

Tordeuse des bourgeons de l’épinette

3. Spongieuse — 580 000 hectares (2020)

La spongieuse (Lymantria dispar; spongy moth) est une espèce de papillon nocturne d’origine eurasienne. La première infestation au pays s’est produite en 1924 dans le sud-ouest du Québec. Depuis 2023, cette espèce est également établie en Ontario, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, et des populations éparses apparaissant occasionnellement en Colombie-Britannique. La spongieuse est dommageable pour les arbres parce que les chenilles se nourrissent de leurs feuilles et de leurs aiguilles. Lors d’une grave infestation, les arbres et les arbustes peuvent être complètement défoliés sur de grandes superficies, les chenilles se déplaçant d’arbre en arbre à mesure que les feuilles s’épuisent. Les chenilles accomplissent leur cycle de vie en seulement quelques mois, entre la fin du printemps et le milieu de l’été, se transformant en papillons nocturnes et pondant des œufs dans des masses spongieuses, d’où leur nom. Les arbres ont ainsi le temps de produire une nouvelle récolte de feuilles en été, bien que le stress causé par l’appétit des chenilles puisse réduire la croissance et introduire des facteurs de stress qui rendent les arbres vulnérables à d’autres menaces.

Spongieuse

4. Dendroctone du pin ponderosa — 10 millions d’hectares (2007)

Le dendroctone du pin ponderosa (Dendroctonus ponderosae; mountain pine beetle) est un petit coléoptère brun ou noir des forêts de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Les femelles creusent sous l’écorce des espaces vides appelés « galeries » afin d’y pondre leurs œufs. Lorsque les larves éclosent, elles creusent dans le phloème, la couche de bois remplie de nutriments. Les dommages causés par les seuls coléoptères ne suffisent généralement pas à tuer les arbres. Toutefois, lorsque les femelles creusent sous l’écorce, elles transportent les spores du champignon du bleuissement qui provoque une maladie fongique susceptible de tuer l’arbre et de détruire sa valeur en tant que bois d’œuvre.

Selon les connaissances autochtones de la région, des infestations occasionnelles se produisent dans les forêts de l’ouest depuis des générations, la population de coléoptères étant contrôlée par des prédateurs naturels et des hivers froids. Toutefois, le changement climatique entraînant des étés plus longs et des hivers plus doux, les coléoptères ont plus de temps pour se reproduire et sont plus susceptibles de survivre jusqu’au printemps.

Dendroctone du pin ponderosa

Autres cas

De nombreuses autres espèces d’insectes ont une incidence importante, et parfois croissante, sur les forêts canadiennes. Il s’agit notamment d’espèces indigènes, telles que la livrée des forêts (Malacosoma disstria) et la tordeuse de pin gris (Choristoneura pinus), et d’espèces non indigènes, telles que le longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis) et la petite mineuse du bouleau (Fenusa pusilla). Dans certains cas, les dommages causés par les insectes peuvent rendre les arbres plus vulnérables aux maladies et même y introduire directement des agents pathogènes, comme dans le cas de la maladie corticale du hêtre, un complexe pathologique formé par un insecte de la famille des cochenilles du hêtre et le champignon Nectria coccinea. Bien que la perturbation par les insectes soit un élément naturel et essentiel des écosystèmes forestiers, il est important de surveiller continuellement la santé des forêts canadiennes et d’étudier les répercussions de ces espèces nuisibles.

Livrée des forêts
Tordeuse de pin gris
Longicorne asiatique
Petite mineuse du bouleau
Champignon responsable de la maladie corticale du hêtre

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