Anne, reine d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande de 1702 à 1707, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande de 1707 à 1714 (née le 6 février 1665; décédée le 1er août 1714 à Londres au Royaume-Uni). Le règne d’Anne a été dominé par la guerre de Succession d’Espagne (aussi connue sous le nom de guerre de la reine Anne), au terme de laquelle la France a cédé le bassin de la baie d’Hudson, l’Acadie (Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse) et Terre-Neuve à la Grande-Bretagne en vertu du Traité d’Utrecht. En 1710, Anne a reçu des dirigeants autochtones connus sous le nom de Quatre Rois du Canada, créant ainsi des précédents pour les relations modernes entre les peuples autochtones et la Couronne. Le décès du dernier enfant survivant d’Anne, Guillaume, a entraîné l’adoption du Act of Settlement de 1701, qui détermine la ligne de succession royale au Royaume-Uni, au Canada et dans les treize autres royaumes du Commonwealth jusqu’à nos jours.
Jeunesse et éducation
Anne naît au Palais Saint-James, et elle est la quatrième enfant d’Anne Hyde (1637-1671) et de Jacques, duc d’York et futur roi Jacques II (1633-1701) et frère cadet du roi Charles II. Anne et sa sœur aînée, la future reine Mary II (1662-1694), sont les deux seules des huit enfants du duc et de la duchesse d’York à survivre jusqu’à l’âge adulte. En tant que gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, Charles II insiste pour que ses deux nièces soient élevées dans la religion protestante, bien que leurs parents soient catholiques.
Mary et Anne sont toutes deux directement en lice pour le trône, car Charles II n’a pas d’enfants légitimes. Malgré cela, elles ne reçoivent pas d’éducation au-delà de l’alphabétisation, de l’arithmétique de base, de la religion, de la broderie, de la musique et de la danse. Anne parle couramment le français puisqu’elle a passé sa petite enfance avec de la parenté en France alors qu’elle y recevait un traitement pour une maladie oculaire.
Après la mort de la mère d’Anne en 1673, son père épouse une princesse italienne catholique romaine de 14 ans, Marie Béatrice de Modène. En tant que fervente protestante qui décrit la doctrine catholique comme « malfaisante et dangereuse », Anne entretient une relation tendue avec son père et sa belle-mère.
Mariage et enfants
En 1683, Anne épouse le prince Georges du Danemark, le fils cadet du roi Frederik III du Danemark. George et Anne vivent à Londres dans une suite de pièces près du palais de Whitehall. Anne a 17 grossesses, mais la plupart se soldent par des fausses couches ou par des enfants mort-nés. Ses filles Mary (née en 1685) et Anne Sophia (née en 1686) meurent de la variole à moins d’une semaine d’intervalle en février 1687. Le seul enfant d’Anne à survivre à l’enfance est le prince William, duc de Gloucester (1689-1700), qui souffre d’hydrocéphalie. La mort de William en 1700 incite le parlement anglais à adopter le Act of Settlement de 1701, qui établit la succession d’Anne à la cousine de son père, Sophie de Hanovre, et aux descendants protestants de Sophie.
Sarah Churchill et Abigail Masham
Anne est très proche de ses dames de maison et elle les décrit comme sa « famille ». Sarah Jennings devient demoiselle d’honneur en 1673, puis elle épouse John Churchill en 1677 ou 1678. Anne écrit à Sarah en 1692 : « Je préfère vivre dans une chaumière avec vous plutôt que de régner en tant qu’impératrice du monde entier sans vous. » Après qu’Anne soit devenue reine en 1702, elle nomme Sarah aux prestigieux postes de maîtresse de la robe, première gente dame de la chambre de la reine et gardienne de la bourse privée.
Toutefois, la relation entre les deux femmes se détériore en raison de leurs différences politiques et de la défiance de Sarah envers l’autorité d’Anne. En 1711, Anne remplace Sarah comme gardienne de la bourse privée par sa cousine Abigail Masham. Sarah écrit une furieuse lettre à Anne, l’accusant « de s’être découvert une si grande passion pour une telle femme » et de « n’avoir de penchant que pour son propre sexe ». La relation mouvementée entre la reine Anne et Sarah Churchill inspire le film de 2018, The Favorite (v.f. La favorite).
La Glorieuse révolution
En 1685, l’oncle d’Anne, Charles II, meurt et le père d’Anne accède au trône d’Angleterre en tant que roi Jacques II, et au trône d’Écosse en tant que roi Jacques VII. Il n’est pas populaire auprès des protestants en raison de son catholicisme et de son règne arbitraire. Le mariage en 1677 de Mary, la sœur aînée d’Anne, avec le prince protestant néerlandais Guillaume d’Orange semble assurer une succession protestante. Cependant, en 1688, la naissance d’un fils de la deuxième épouse du roi Jacques, Marie de Modène, modifie la ligne de succession, étant donné que les frères cadets ont alors préséance sur leurs sœurs aînées. Anne quitte Londres au moment de la naissance et elle répand des rumeurs selon lesquelles le bébé n’est pas l’enfant de la reine.
En 1688, Guillaume d’Orange envahit l’Angleterre sous l’invitation de nobles anglais dirigeants. Le roi Jacques s’enfuit en Irlande où Guillaume finit par vaincre son beau-père lors de la bataille de la Boyne en 1690. Guillaume et Mary acceptent la Déclaration des droits, promettant de gouverner sur l’avis du Parlement, et ils sont couronnés conjointement en tant que roi Guillaume III et reine Mary II à l’abbaye de Westminster en 1689. Anne soutient le renversement de son père, écrivant à Guillaume tout juste avant son invasion de l’Angleterre pour lui souhaiter « votre bon succès dans cette entreprise si juste ». Cependant, la relation d’Anne avec Guillaume et Mary durant leurs règnes est souvent tendue parce qu’Anne a le sentiment de ne pas recevoir le respect et les revenus qu’elle mérite.
Accession au trône
Anne accède aux trônes de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande à la mort de son beau-frère Guillaume III en 1702. Bien qu’elle ait perdu tous ses enfants au moment de son accession, elle se présente comme une mère pour son peuple. Anne est l’un des premiers monarques constitutionnels dont les pouvoirs sont limités par la Déclaration des droits, mais elle exerce une influence politique significative tout au long de son règne. Alors que les partis politiques se développent au début du 18e siècle, elle favorise d’abord le parti whig, et ensuite le parti conservateur. Anne est le dernier monarque à refuser la sanction royale à un texte législatif adopté par le Parlement, rejetant le projet de loi sur la milice écossaise de 1708. Elle craint qu’une milice écossaise armée ne soutienne une invasion française destinée à placer son demi-frère catholique sur le trône.
Le Statute of Anne de 1710 est le premier texte législatif gouvernemental qui donne aux auteurs le droit d’auteur sur leurs œuvres au lieu de le donner aux éditeurs. La loi accorde aux auteurs une durée de droit d’auteur de 14 ans avec une disposition de renouvellement. Le Statute of Anne est soutenu par d’éminents auteurs durant le règne d’Anne, comme Jonathan Swift et Daniel Defoe.
L’Acte d’Union
Depuis 1603, l’Angleterre et l’Écosse partagent un monarque. En 1707, ils deviennent une seule entité politique avec l’adoption de l’Acte d’Union. Anne est donc la dernière reine d’Angleterre et d’Écosse et le premier monarque britannique. L’Acte d’Union est précipité par la crainte que l’Écosse n’accepte la succession hanovrienne et qu’elle soutienne plutôt le demi-frère catholique d’Anne. L’Acte d’Union demeure controversé en Écosse jusqu’à aujourd’hui.
Guerre de Succession d’Espagne
En politique étrangère, le règne d’Anne est dominé par la guerre de Succession d’Espagne (1702-1713), qui est également connue dans l’Amérique du Nord anglophone sous le nom de la guerre de la reine Anne. Anne et son gouvernement s’opposent aux efforts du roi Louis XIV de France qui visent à placer son petit-fils Philippe, le duc d’Anjou, sur le trône d’Espagne. L’armée britannique dirigée par John Churchill, le 1er duc de Marlborough, remporte une série de victoires en Europe, incluant la bataille de Blenheim en 1704, la bataille de Ramillies en 1706 et la bataille d’Audenarde en 1708. Anne préside les célébrations de victoire à la cathédrale Saint-Paul de Londres.
Anne exprime son soutien à la conquête du Canada français en 1708. Les Britanniques s’emparent de Port-Royal, la capitale de l’Acadie française, en 1710. La même année, Anne reçoit quatre dirigeants autochtones au Palais Saint-James. Ils deviennent connus sous le nom des Quatre Rois du Canada. Ils demandent à Anne de les soutenir dans leur guerre contre les Français et les Wendats (Hurons), et déclarent : « Grande reine… nous avons fait figure de mur solide pour la sécurité [des colons anglais], même au profit de la vie de nos meilleurs hommes. » Anne leur offre de nombreux cadeaux, notamment de l’argenterie de communion pour la chapelle royale des Mohawks de Sa Majesté. Le 25 mars 1711, la reine annonce une expédition au Canada et, en avril, une flotte britannique met le cap sur la Nouvelle-Angleterre avec l’intention de se coordonner avec les troupes sur place pour s’emparer du Québec. Cette expédition se solde par un échec, car les sept navires de guerre britanniques se perdent en mer. Le Québec ne tombe aux mains des Britanniques qu’en 1759. (Voir Conquête.)
Le Traité d’Utrecht, qui met fin à la guerre de Succession d’Espagne en 1713, façonne le développement du Canada moderne. Philippe devient le roi Felipe V d’Espagne, mais la France cède à la Grande-Bretagne d’importants territoires d’outre-mer, soit le bassin de la baie d’Hudson, l’Acadie (le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse à l’exception de l’île du Cap-Breton) et Terre-Neuve.
Décès
Le mari d’Anne, Georges du Danemark, meurt d’hydropisie en 1708. Anne pleure son décès, écrivant au roi Frederik IV du Danemark : « La perte d’un tel mari, qui m’aimait si tendrement et avec tant de dévouement, est trop écrasante pour que je puisse la supporter comme je le devrais. » La santé d’Anne se dégrade au cours de son veuvage. Le 30 juin 1714, le jour de l’anniversaire de la mort de son fils Guillaume, Anne subit un accident vasculaire cérébral et elle meurt deux jours plus tard. Sophie de Hanovre meurt sept semaines avant Anne. C’est donc le roi George Ier, cousin germain d’Anne et fils aîné de Sophia, qui devient le premier monarque britannique issu de la maison de Hanovre.
Réputation
Jusqu’à la fin du 20e siècle, la reine Anne est rarement créditée pour ses réalisations au cours de son règne et on se souvient plutôt de son obésité, de ses favorites et de ses 17 grossesses. La critique cinglante de l’intellect d’Anne dans les mémoires de Sarah Churchill incite des générations d’historiens à sous-estimer les capacités d’Anne. La réputation d’Anne s’améliore avec la publication de la biographie scientifique d’Edward Gregg, Queen Anne, en 1980. Les biographies subséquentes analysent des aspects de son règne jusqu’alors sous-explorés, notamment son influence politique et son mécénat culturel.
Legs au Canada
Lorsque les Britanniques s’emparent de Port-Royal en 1710, ils renomment la ville Annapolis Royal en l’honneur de la reine Anne. Les basses-terres d’Annapolis, la rivière Annapolis et le comté d’Annapolis en Nouvelle-Écosse sont tous nommés en son honneur. Le Fort du Port-Royal est renommé Fort Anne.