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Rivages vivant

Les rivages vivants, également appelés infrastructures vertes, sont une forme d’ingénierie environnementale douce conçue pour réduire l’érosion côtière et protéger les propriétés riveraines. Des graminées, des arbustes et d’autres végétaux indigènes plantés le long du littoral agissent comme une barrière naturelle contre les vagues et les tempêtes violentes et permettent aux rivages vivants d’absorber les impacts et de les empêcher d’éroder le sol. Ce faisant, ils créent également des habitats appropriés pour les oiseaux et diverses espèces aquatiques. Dans de nombreux cas, ils constituent une alternative viable aux ouvrages d’ingénierie lourde de prévention de l’érosion, comme les digues et les enrochements, qui peuvent endommager la bande côtière et l’écosystème environnant. Dans d’autres cas, les rivages vivants combinent des ouvrages d’ingénierie lourde et douce pour mieux se protéger contre des conditions climatiques intenses. Il peut s’avérer difficile de définir ce qu’est un véritable rivage vivant en raison de sa grande variété d’apparences et de méthodes. On trouve cette infrastructure verte le long des côtes atlantique et pacifique du Canada.

Rivage vivant en cours d’installation.
Rivage vivant un an après l’installation.

Avantages et répercussions

L’utilisation de matériaux naturels présents dans l’écosystème pour la construction des rivages vivants génère des retombées positives qui se répercutent en cascade, non seulement sur le rivage qui s’érode, mais également sur les espèces sauvages qui occupent le milieu.

Les rivages vivants servent d’écosystèmes pour l’alimentation et la nidification des oiseaux aquatiques, fournissent une voie migratoire plus fiable aux poissons et aux animaux sauvages et protègent les habitats de la flore sous-marine et des espèces estuariennes. Ils peuvent également agir comme un filtre à eau, car les broussailles empêchent l’eau d’emporter les sédiments, ce qui améliore la qualité de l’eau dans la région.

Comme la végétation dense absorbe l’impact des vagues et des tempêtes, elle réduit la quantité de sols déplacés et régularise le débit et l’écoulement de l’eau. Au fil du temps, à mesure que les plantes renforcent leur système racinaire, les rivages vivants deviennent plus résilients aux violentes tempêtes, ce qui en fait une solution à long terme à l’érosion côtière.

La mise en œuvre d’un rivage vivant est également plus rentable que les options de blindage, tant au plan de la construction que de l’entretien de l’infrastructure.

Côte du Pacifique

Pour prévenir l’érosion et les inondations, la Colombie-Britannique installe depuis longtemps le long de ses côtes des digues ayant la réputation d’être coûteuses et nocives pour les écosystèmes environnants. Lorsque le sable se retire du substratum rocheux, les espèces indigènes sont forcées de trouver un habitat plus approprié et les espèces envahissantes non indigènes s’installent (voir Espèces envahissantes au Canada : Plantes et Les espèces envahissantes au Canada : animaux). Les rivages vivants s’attaquent à ce problème en créant un écosystème plus viable pour les espèces indigènes.

En 2005, le Centre d’intendance de la Colombie-Britannique crée le programme Green Shores. Cette initiative sensibilise les propriétaires riverains et les administrations locales aux rivages vivants et les encourage à en ériger dans le but de réduire l’impact du développement résidentiel sur les côtes. Le centre propose des programmes de certification et des ateliers gratuits qui traitent des effets du changement climatique dans les zones côtières, encourageant les citoyens à mettre en place des rivages vivants sur leur propriété. En 2021, le centre, en collaboration avec l’Université Saint Mary’s, étend son programme à la côte atlantique grâce à un nouveau chapitre basé en Nouvelle-Écosse.

Figure montrant les conséquences des digues.

Côte de l’Atlantique

Les localités côtières le long de l’océan Atlantique sont gravement menacées par l’érosion causée par l’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête. Certaines parties de la côte est sont constituées d’un substratum de grès, qui s’érode rapidement sous l’effet des intempéries, d’où la pertinence d’adopter des méthodes adaptatives. En raison de la géologie de ces régions, les rivages vivants sont particulièrement bénéfiques, car les systèmes racinaires complexes des plantes indigènes aident à piéger les sédiments.

Bon nombre des rivages vivants qui composent la côte atlantique sont chapeautés par de petites organisations de base comme Helping Nature Heal et TransCoastal Adaptations. Leurs projets visent surtout les petites localités côtières menacées par l’érosion. Tout en aidant les localités à renforcer leurs rivages, ces organisations organisent également des ateliers de sensibilisation à l’approche écologique.

Même si les rivages vivants sont en progression le long de l’Atlantique ces dernières années, le blindage est encore largement utilisé. Cependant, face à l’inquiétude croissante concernant les effets du changement climatique sur les localités côtières, les entités gouvernementales travaillent davantage à mettre en œuvre des mesures novatrices et à réduire le développement côtier.

Inconvénients

Les inconvénients des rivages vivants sont minimes. Le principal problème concerne les environnements soumis à une énergie des vagues élevée, qui ne sont généralement pas adaptés à cette infrastructure verte. Étant donné que les rivages vivants sont plus fragiles au début de leur plantation, de fortes vagues peuvent les endommager dès le départ. Il est possible d’éviter ce problème en les associant à un blindage dur, comme une digue et un seuil rocheux.

Il peut également s’avérer complexe d’encourager les propriétaires côtiers à entretenir un rivage vivant sur leur propriété, car certaines personnes n’aiment pas l’aspect non entretenu de la végétation indigène. De plus, comme les digues sont plus connues du public, elles peuvent inspirer une plus grande sécurité.

Croissance et résistance

Malgré la croissance de l’intérêt pour des solutions naturelles ces dernières années, des décennies de méthodes traditionnelles d’ingénierie lourde entraînent une hésitation à mettre en œuvre des rivages vivants. Une sensibilisation accrue du public aux solutions de rechange naturelles et à la manière de les mettre en œuvre pourrait permettre aux rivages verts de gagner en popularité.

Divers organismes à vocation environnementale encouragent les propriétaires côtiers à adopter des méthodes d’ingénierie douce pour protéger leurs maisons plutôt que d’utiliser des digues ou des enrochements. Grâce à la réussite de projets plus modestes comme ceux-ci, ces mêmes organismes convainquent les gouvernements de mettre en œuvre des politiques sur les rivages vivants pour aider à protéger les côtes du Canada.

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