Robert « Bob » Alexander Mundell, C.C., économiste, professeur (né le 24 octobre 1932 à Kingston en Ontario; décédé le 4 avril 2021 à Sienne en Italie). Robert Mundell est communément connu comme étant le « père de l’euro » et il est reconnu pour son travail sur les zones monétaires optimales et les échanges de devises. (Voir aussi Dollar canadien.) En 1999, il a reçu le prix Nobel d’économie. (Voir aussi Les prix Nobel et le Canada.)
Robert Mundell
Robert Mundell, économiste et lauréat d’un prix Nobel, vers 2011.
(photo : Bloomberg/via Getty Images)
Jeunesse
Robert Mundell est l’un des quatre fils de William Cambell Mundell, alors sergent-major dans les Forces armées canadiennes, et de Lila Teresa (née Hamilton) Mundell, une héritière qui a cédé le château de sa famille en Grande-Bretagne après avoir été incapable de payer ses impôts.
La famille de Robert Mundell vit d’abord à Barriefield en Ontario, et déménage ensuite à Latimer en Ontario, lorsque Robert a six ans. Il fréquente une école à classe unique qui n’accueille qu’une douzaine d’autres enfants. Robert Mundell et son seul camarade de classe allument les foyers de l’école à 5 heures du matin, puis ils les balaient le soir pour 85 $ par an, partagés à parts égales. Robert Mundell travaille également dans une fromagerie de la ville, où il entend des agriculteurs livrant leur lait se plaindre du fait que les marchands intermédiaires réduisent leurs bénéfices, ce qui constitue sa première exposition aux concepts économiques.
En 1945, sa famille déménage dans le bâtiment de corps de garde du Collège militaire royal à Kingston en Ontario, où son père enseigne, et Robert Mundell fait sa troisième année du secondaire au Kingston Collegiate and Vocational Institute. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale cette année-là, son père prend sa retraite de l’enseignement et la famille déménage à Maple Ridge en Colombie-Britannique, où Robert Mundell termine son école secondaire.
Alors qu’il grandit en Colombie-Britannique, Robert Mundell s’intéresse aux concepts économiques. La province l’expose à ce qu’il appelle un « culte de l’individualité sauvage » qui façonne ses opinions économiques de laissez-faire (non interventionnistes) plus tard dans sa vie. C’est également là que ce domaine pique sa curiosité pour la première fois. En 1949, le Canada dévalue sa monnaie en réaction aux événements mondiaux, puis fait marche arrière un an plus tard. C’est ce qui suscite son intérêt pour les échanges de devises qui définissent éventuellement sa carrière. (Voir aussi Dollar canadien.)
Éducation
En 1949, Robert Mundell s’inscrit à l’Université de la Colombie-Britannique pour étudier l’économie et y suivre des études slaves, et il obtient son baccalauréat en 1953. Il reçoit ensuite une bourse de l’Université de Washington à Seattle, où il obtient sa maîtrise en 1954. Robert Mundell retourne ensuite dans l’est, où il fait son doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Tout en complétant sa thèse de doctorat, il se rend à Londres en Angleterre, pour étudier à la London School of Economics.
Faits saillants de carrière
Robert Mundell obtient son doctorat au MIT en 1956 et il retourne aux États-Unis pour étudier en tant que boursier postdoctoral en économie politique à l’Université de Chicago. Dirigé par l’économiste influent Milton Friedman, le département d’économie de l’université est un foyer du laissez-faire et de pensée axée sur le marché, un contraste frappant avec la tradition keynésienne plus orthodoxe. Les économistes de la Chicago School ont développé des modèles visant à expliquer les économies nationales, mais Robert Mundell s’intéresse aux économies ouvertes comme celle du Canada, qui dépendent des exportations et qui sont donc vulnérables aux variations des monnaies internationales, comme il l’observe en 1949.
Après avoir occupé divers postes d’enseignant à travers les États-Unis, Robert Mundell se joint au personnel du Fonds monétaire international à Washington DC. en 1961 en tant qu’économiste international. À cet endroit, il met à profit son intérêt pour les économies ouvertes. La même année, il publie un article intitulé « A Theory of Optimum Currency Area » dans lequel il affirme que tant que les travailleurs et les capitaux peuvent se déplacer relativement facilement, il pourrait être avantageux pour plusieurs pays d’adopter la même monnaie. Il écrit cet article 41 ans avant l’adoption de l’euro comme monnaie commune en Europe, et les recherches de Robert Mundell sur les zones monétaires optimales sont désormais considérées comme « presque prophétiques ».
Au cours du début des années 1960, Robert Mundell étudie également la relation entre deux concepts économiques : la politique monétaire et la politique budgétaire. La politique monétaire implique des actions du gouvernement qui influencent la quantité d’argent disponible dans l’économie, tandis que la politique budgétaire fait référence à la manière dont un gouvernement utilise la taxation et les dépenses pour influencer l’économie. Robert Mundell s’intéresse également à l’échange de devises. Différentes monnaies ont différentes valeurs : un dollar canadien n’a pas la même valeur qu’un dollar américain. Les gouvernements peuvent faire des choix sur la manière dont cela fonctionne; il est possible de déterminer des taux de change fixes, où la valeur d’un dollar canadien par rapport à un dollar américain est toujours la même. Les gouvernements peuvent également laisser ces taux « flotter », et la valeur de leur argent dans d’autres devises change en fonction de l’offre et de la demande.
En utilisant un modèle mathématique, Robert Mundell démontre que lorsque les taux de change « flottent » et que l’argent des investissements peut circuler librement à travers les frontières, la politique monétaire influence la production économique, ce qui n’est pas le cas de la politique budgétaire. Cependant, lorsque les taux de change sont fixes, il constate que l’inverse se produit; c’est la politique budgétaire qui influence l’économie contrairement à la politique monétaire. Selon lui, cela signifie qu’un gouvernement peut utiliser la politique budgétaire et monétaire pour atteindre différents objectifs. Marcus Fleming, un économiste écossais, a une idée semblable environ à la même époque, et ce modèle devient connu sous le nom de « Modèle de Mundell-Fleming ».
En 1970, Robert Mundell travaille comme consultant auprès du comité monétaire de la Commission économique européenne, avant de revenir soudainement au Canada pour diriger le département d’économie de l’Université de Waterloo en Ontario. Il y enseigne jusqu’en 1974, date à laquelle il redéménage aux États-Unis pour se joindre à l’Université Columbia à New York, où il enseigne jusqu’en 2014. En 2001, il obtient le grade le plus élevé de l’université, celui de professeur d’université.
Robert Mundell devient moins visible dans le monde économique au cours des années 1970 et 1980. Toutefois, il devient plus actif dans les années 1990 en tant que professeur d’économie AGIP au Johns Hopkins Bologna Center de la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies, de 1997 à 1998. En 1998, il écrit en faveur de l’euro lorsque cette monnaie est sur le point d’être adoptée par onze pays et il affirme que le Canada devrait fixer son taux de change avec le dollar américain.
Vie personnelle
Robert Mundell a été décrit comme « fièrement hargneux » et comme l’un des « personnages les plus vivants et les plus imprévisibles de toute l’économie ». Son premier mariage, avec Barbara Sheff en 1957, se termine par un divorce en 1972. Avec Barbara Sheff, il a deux fils, Bill et Paul, et une fille, Robyn. Paul meurt dans un accident de voiture en 2018.
En 1969, Robert Mundell achète un manoir italien en ruine, appelé communément palazzo, dans les collines au-dessus de Sienne en Italie, pour le montant de 10 000 dollars américains, afin de se prémunir contre la hausse de l’inflation. À l’époque, la structure du manoir est en ruines et il n’y a ni électricité ni eau courante. Au cours des 30 années suivantes, Robert Mundell dépense des dizaines de milliers de dollars pour le restaurer et, en 1999, il affirme qu’il vaut maintenant 100 fois ce qu’il a initialement payé.
En 1984, Robert Mundell commence à vivre avec la poète italienne Valérie Natsios, et le couple se marie peu après la naissance de leur fils Nicholas.
Robert Mundell meurt d’un cancer des voies biliaires le 4 avril 2021, dans son palazzo. Il a 88 ans.
Importance
Les premiers travaux de Robert Mundell sur les taux de change se révèlent pertinents pour l’introduction de l’euro comme monnaie commune de l’Europe, et lui valent le surnom de « père de l’euro ». En 1999, Robert Mundell reçoit le prix de la Banque de Suède en sciences économiques à la mémoire d’Alfred Nobel (également appelé le prix Nobel d’économie) pour « son analyse de la politique monétaire et budgétaire sous différents régimes de change et son analyse des zones monétaires optimales ». Le prix Nobel est accompagné d’un prix de 1,4 million de dollars. (Voir aussi Les prix Nobel et le Canada.)
Robert Mundell et le roi Carl XVI Gustaf
Robert Mundell (à gauche) reçoit le prix Nobel d’économie décerné par le roi Carl XVI Gustaf de Suède (à droite) à Stockholm en Suède, le 10 décembre 1999.
(photo : Jonas Ekstromer/via Getty Images)
Au cours de sa carrière, Robert Mundell sert de conseiller pour divers gouvernements, dont celui des États-Unis sous le président Ronald Reagan. Son travail fournit les bases intellectuelles des politiques visant à réduire les impôts des riches, un mouvement connu sous le nom « d’économie de l’offre » qui s’avère influent aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs dans les années 1980. Pour cette raison, Robert Mundell est également connu comme étant le « père des Reaganomics ».
Publications
Les écrits de Robert Mundell comprennent plus de 100 articles dans des revues scientifiques. Il est également l’auteur de trois livres et coéditeur de sept livres.
Prix et distinctions
En plus du prix de 1999 de la Banque de Suède en sciences économiques à la mémoire d’Alfred Nobel, Robert Mundell reçoit également :
- Bourse Guggenheim, Fondation John-Simon-Guggenheim (1971)
- Prix Jacques Rueff Memorial, Fondation Jacques Rueff et Lehrman Institute of New York (1983)
- Doctorat honorifique, Université de Paris (1992)
- Professeur honoraire, Université chinoise de Renmin (1995)
- Prix Distinguished Fellow, American Economic Association (1997)
- Membre, Académie américaine des arts et des sciences (1998)
- Compagnon, Ordre du Canada (2002)