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Simoneau, Léopold

Sa carrière prit une dimension internationale dès 1949 alors qu'il débuta à l'Opéra-Comique de Paris dans Mireille de Gounod.

Simoneau, Léopold

Léopold Simoneau. Ténor, professeur, administrateur (Saint-Flavien, près Québec, 3 mai 1916; Victoria, 24 août 2006). B.A. (Laval) 1941, D.Mus. h.c. (Ottawa) 1969, LL.D. h.c. (Brock) 1971, D.Mus. h.c (Laval) 1973. En 1939, il commença ses études de chant à Québec avec Émile Larochelle puis vint à Montréal au studio de Salvator Issaurel, de 1941 à 1944. Il y rencontra le soprano Pierrette Alarie qui allait devenir sa femme en 1946. Avec la troupe des Variétés lyriques, il débuta à la scène dans le rôle de Hadji de Lakmé (1941). Il tint ses premiers grands rôles avec les Variétés lyriques dans Mignon, La Fille du régiment, Mireille, La Traviata et Le Barbier de Séville, le plus souvent avec Pierrette Alarie comme partenaire. Il donna ses premiers récitals à la SRC et aborda en 1943 son premier rôle mozartien, Don Curzio dans Le Nozze di Figaro, pour les Festivals de Montréal sous la direction de Beecham. En 1944, il obtint le Prix Archambault qui lui permit de faire ses débuts avec l'Orchestre des CSM sous la direction de Wilfrid Pelletier. Il poursuivit entre-temps des études à New York avec Paul Althouse (1945-47) et, en mai 1945, il fut applaudi à Montréal dans les rôles de Ferrando (Così fan tutte), de Tamino (La Flûte enchantée) avec l'Opera Guild (création canadienne de ce dernier opéra) et dans le Te Deum de Berlioz. Il commença sa carrière lyrique aux É.-U. à Central City, Col., et à la Nouvelle-Orléans.

Sa carrière prit une dimension internationale dès 1949 alors qu'il débuta à l'Opéra-Comique de Paris dans Mireille de Gounod. À Paris, il prépara ses rôles avec Berl Lilienfeld et, à Vienne, avec Erik Werba, tout en restant lié à l'Opéra et à l'Opéra-Comique de Paris jusqu'en 1954, interprétant plusieurs rôles de répertoire et, en juin 1953, celui de Tom lors de la création en France de The Rake's Progress (Le Libertin) de Stravinsky. La critique le compara à Edmond Clément et sa réputation internationale comme spécialiste de Mozart se confirma dès 1950 alors qu'il fut invité par les festivals d'Aix-en-Provence et de Glyndebourne où, dans les années suivantes, il chanta Ottavio, Ferrando, Tamino et Idamante (Idomeneo) et Belmonte. On l'entendit aussi dans Iphigénie en Tauride (Pylade), Il Matrimonio segreto (Paolino) et Orphée et Eurydice (Orphée, version ténor).

En 1952, à Paris, lors du Festival du XXe siècle, il participa à une exécution historique d' Oedipus Rex de Stravinsky, sous la direction du compositeur, et avec Jean Cocteau comme récitant. En 1953, il chanta Don Giovanni à la Scala de Milan, sous la direction de von Karajan et, en 1954, participa à des représentations de l'Opéra de Vienne au Royal Festival Hall de Londres. Il se rendit également au Teatro Colón de Buenos Aires et au Festival de Salzbourg ainsi qu'à celui d'Édimbourg.

Aux États-Unis et au Canada, Simoneau fut l'invité des grands orchestres et effectua de nombreuses tournées de récitals, fréquemment avec sa femme ou comme membre du Bel Canto Trio dont faisait partie le baryton Theodor Uppman. À l'Opéra de Chicago (Lyric Opera), il tint plusieurs rôles dont Alfredo dans La Traviata aux côtés de Maria Callas. À Toronto, il chanta avec la COCDon Giovanni en 1956 et L'Enlèvement au sérail en 1957. Il reprit ces mêmes rôles pour les Festivals de Montréal : 10 représentations de Don Giovanni (1957) et 8 de L'Enlèvement au sérail (1960). En 1958, il interpréta le rôle d'Ottavio au Festival international de Vancouver avec George London (Don Giovanni) et Joan Sutherland dans le rôle de Donna Anna - ses débuts en Amérique du Nord. Au Festival de Stratford, il donna un récital avec Glenn Gould en 1962 et chanta en concert L'Enlèvement au sérail en 1969. Don Ottavio fut le rôle de ses débuts au Metropolitan Opera le 18 octobre 1963. Il le chanta avec « intelligence et beauté sonore tout à la fois », selon Theodore Strongin (New York Times, 20 octobre 1963). En avril 1964, il reprit ce rôle à Montréal, à la PDA pour l'Opera Guild, deux représentations qui furent ses adieux à la scène lyrique. Il aura interprété Ottavio 185 fois au cours de sa carrière. Il poursuivit cependant sa carrière au concert, interprétant notamment Le Messie (1967) et un mémorable Requiem de Berlioz (1969) avec le Choeur Mendelssohn de Toronto. Il chanta en public pour la dernière fois le 24 novembre 1970, dans Le Messie avec l'OSM.

Nommé professeur au CMM en 1963, Simoneau entra au MACQ en 1967, comme adjoint à la direction de la musique. À la demande du ministère, il prépara un rapport sur la situation de l'opéra au Québec qui amena la création de l'Opéra du Québec au début de 1971. Nommé dir. artistique de la compagnie, il démissionna à la fin de la même année à la suite d'un conflit d'ordre artistique. En 1972, il emménagea en Californie avec sa femme et ses deux filles où il enseigna au San Francisco Cons., ainsi qu'à l'ÉBA Banff (CA Banff) de 1973 à 1976, avant de s'établir à Victoria, C.-B., en 1982. Il y fonda et dirigea avec sa femme le Canada Opera Piccola.

Léopold Simoneau compte parmi les chanteurs canadiens les plus prestigieux de son époque. Sa réputation en tant qu'interprète de Mozart est universelle, comme l'attestent sa participation aux plus grands festivals et manifestations réservés à ce compositeur, ainsi que ses enregistrements. Il se distingue aussi comme interprète de la musique française, à la scène comme au concert. Grâce à une imposante discographie, la postérité pourra connaître sous tous ses aspects l'art de ce chanteur exceptionnel. En 1961, un de ses enregistrements (arias de concert et duos de Mozart avec Pierrette Alarie et l'Orchestre philharmonique d'Amsterdam) remporta le Grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros de Paris. Lui et sa femme furent les premiers titulaires du Prix de musique Calixa-Lavallée (1959). En 1971, Simoneau fut nommé officier de l'Ordre du Canada, et en 1983, la CCA lui remit son Diplôme d'honneur. Plus récemment, il fut reçu officier de l'Ordre des arts et des lettres de France (1990). Il fut membre de la Régie de la PDA (1968-71) ainsi que juge au Concours international de Montréal en 1977 et au festival Glory of Mozart tenu à Toronto en 1991. Il a signé deux articles « De la futilité des traductions des oeuvres lyriques » dans Le Devoir de Montréal (1er et 8 décembre 1962) ainsi que l'article « Voice of classicism » dans Mozart Metropolitan Opera (Jane L. Poole, dir., New York 1991). Il a également traduit l'ouvrage Du Chant de Reynaldo Hahn sous le titre On Singers and Singing (Portland, Ore. 1990). À partir de 1991, il a rédigé des surtitres d'opéras en langues française et anglaise.