Terrance (Terry) J. Paul, C.M., chef, homme d’affaires, administrateur de bande, président-directeur général (né le 30 décembre 1951 dans la Première Nation de Membertou en Nouvelle-Écosse). Terry Paul est un dirigeant mi’kmaq qui participe depuis plusieurs années à l’administration et à la gouvernance de la Première Nation Membertou sur l’île du Cap-Breton. Il est chef depuis 40 ans et a été réélu à chaque élection depuis 1984. Sous la direction de Terry Paul, Membertou est devenue l’une des communautés autochtones les plus progressistes, les mieux organisées et les plus durables du Canada.
Jeunesse et éducation
Terry Paul est le fils de Philomena et de Phillip MacEwan. Il a trois frères et six sœurs. Terry Paul grandit dans des familles d’accueil pendant une partie de son enfance, passant d’une Première Nation rurale à une autre. Il fréquente plusieurs écoles primaires de l’île du Cap-Breton, dont trois externats indiens. Il est également élève au pensionnat indien de Shubenacadie, le seul du genre dans les provinces maritimes (voir aussi Pensionnats indiens au Canada).
Terry Paul termine ses études de premier cycle du secondaire dans trois écoles différentes, dont deux à Sydney en Nouvelle-Écosse. Il termine ses études secondaires à la Sydney Academy. Plus tard, Terry Paul fréquente l’Institut Coady de l’Université St. Francis Xavier, à Antigonish en Nouvelle-Écosse. En 1991, il épouse Tracey Moore. Ils ont dix enfants : sept garçons et trois filles.
Premiers emplois
Terry Paul occupe divers emplois avant d’être élu chef. Au début des années 1970, il s’installe à Boston pour chercher du travail. Terry Paul se tourne vers le Boston Indian Council (renommé North American Indian Center of Boston en 1991). L’endroit sert de centre pour des activités en matière de droits sociaux et civiques pour la communauté autochtone urbaine de Boston. Terry Paul suit des cours de commerce et de finance qui sont parrainés par le centre.
Au milieu des années 1970, Terry Paul est embauché comme agent de placement. Il est rapidement promu directeur des finances et devient éventuellement président. Durant la période où il vit à Boston, Terry Paul acquiert une vaste connaissance de l’administration et de la gestion financière.
Terry Paul retourne au Cap-Breton et il travaille dans le département des ventes du Micmac News, un journal créé par Roy Gould, un membre de la Première Nation Membertou âgé de 19 ans. Le journal est publié de 1965 à 1991 et il se répand rapidement dans les communautés autochtones Mi’kmaki, le territoire traditionnel Mi’kmaq des provinces maritimes et de l’est du Québec.
Première Nation de Membertou
Terry Paul devient ensuite agent de développement économique et administrateur de bande pour la Première Nation de Membertou où il y travaille toujours depuis. Lorsque Terry Paul est élu chef pour la première fois en 1984, et il hérite d’un déficit annuel d’un million de dollars sur un budget annuel de quatre millions de dollars. La majeure partie du budget, soit environ 99 %, provient de transferts gouvernementaux. C’est alors que Terry Paul décide de mettre de l’ordre dans les finances de la communauté et de la rendre autonome.
Sous sa direction, Membertou devient une Première Nation très prospère. Sa superficie double et le taux d’emploi atteint près de 80 %. La Première Nation de Membertou ouvre brièvement un bureau corporatif à Halifax, suivi d’un deuxième à Membertou. Finalement, le bureau de Halifax ferme ses portes et le personnel est transféré au bureau de Membertou. Le bureau constitue la base du développement économique de Membertou.
L’introduction d’une mentalité d’entreprise permet à Membertou de faire son entrée dans l’économie mondiale. Au début des années 2000, Membertou devient la première communauté autochtone au monde à obtenir la certification ISO 9000, qui établit des normes de performance reconnues à l’échelle internationale pour les entreprises.
Des accords commerciaux suivent avec des compagnies comme Lockheed Martin, SNC-Lavalin (maintenant AtkinsRéalis), Grant Thornton et Sodexho Canada. Mais le partenariat le plus important est celui avec Clearwater Seafoods, un accord d’un milliard de dollars dont Terry Paul est l’architecte.
Clearwater Seafoods
Au début des années 1990, alors que Membertou tente toujours d’organiser ses finances, l’une des personnes à qui Terry Paul demande conseil est John Risley. Ce dernier est le cofondateur de Clearwater Seafoods, une entreprise de fruits de mer extrêmement prospère basée à Halifax et l’une des plus grandes compagnies en Amérique du Nord. John Risley fait une présentation au conseil de Membertou sur la préparation des états financiers et l’importance de leur transparence.
Au fil des années, Clearwater travaille avec Membertou sur diverses initiatives qui culminent le 25 janvier 2021 lorsqu’un accord d’un milliard de dollars pour l’achat de Clearwater devient officiel. L’achat est réalisé grâce à un partenariat avec Premium Brands Holding Corporation, une entreprise de la Colombie-Britannique, et avec une coalition de Premières Nations mi’kmaq.
Terry Paul est la force motrice de la coalition, qui est dirigée par les Premières Nations Membertou et Miawpukek à Terre-Neuve-et-Labrador et qui s’associe à cinq autres Premières Nations en Nouvelle-Écosse (voir aussi Premières Nations à Terre-Neuve-et-Labrador). La coalition fournit 250 millions de dollars pour cet accord grâce à un prêt de l’Administration financière des Premières Nations. La priorité de Terry Paul après l’acquisition est de créer plus d’emplois dans les Premières Nations qui sont impliquées, et de faire grandir la compagnie.
En 2023, les revenus annuels de Membertou dépassent les 85 millions de dollars, dont environ 20 millions de dollars sont sous forme de transferts gouvernementaux. La Première Nation exploite treize entreprises commerciales appartenant à la communauté, dont des entreprises d’hôtellerie, de tourisme, de magasinage, de divertissement et de pêche. Ensemble, elles emploient plus de 600 personnes.
Éducation à Membertou
L’accent mis par Terry Paul sur l’éducation permet de faire passer le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires de 30 % à 90 %, alors que la moyenne nationale autochtone est de 36 %. En mars 2022, il participe au renouvellement de l’accord original de 1998 sur l’éducation des Mi’kmaq avec le gouvernement fédéral (voir aussi Éducation des Autochtones au Canada). Ce contrat de dix ans, d’une valeur de 600 millions de dollars, poursuit l’objectif principal de l’accord, qui est de donner le contrôle de l’éducation aux Premières Nations locales de la Nouvelle-Écosse.
Sur les treize Premières Nations de la Nouvelle-Écosse, douze font partie de l’accord et administrent leurs propres écoles. L’une des clés du succès de cet accord est l’entente conclue avec l’Université St. Francis Xavier pour former des enseignants mi’kmaq pour les écoles des Premières Nations. Le programme connaît un succès retentissant.
Prix et distinctions
- Intronisé, Cape Breton Business Hall of Fame (2009)
- Doctorat honorifique en droit, Université du Cap-Breton (2010)
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)
- Intronisé, Temple de la renommée des affaires de la Nouvelle-Écosse (2012)
- Membre, Ordre du Canada (2017)
- Prix Frank McKenna Leadership (2018)
- Prix pour l’ensemble des entreprises autochtones, Conseil canadien (2020)
- Doctorat honorifique en droit, Université Mount Allison (2021)
- Médaille du jubilé de platine de la reine Elizabeth II (Nouvelle-Écosse) (2022)
- Doctorat honorifique en droit, Université Dalhousie (2022)
- PDG de l’année, Atlantic Business Magazine (2022)
- Prix One of Canada’s Most Admired CEOs (2023)