Saviez-vous que depuis le XIXe siècle des Canadiennes, comme l’écrivaine et suffragette Emily Murphy, écrivent et travaillent pour des journaux? Parmi les 20 journalistes canadiennes suivantes figurent la première femme noire en Amérique du Nord à publier et à diriger un journal, la première correspondante de guerre en Amérique du Nord et la première journaliste canadienne-française. D’autres étaient des critiques littéraires et de théâtre, des journalistes sportives, des rédactrices et des directrices de publications agricoles. Nombre d’entre elles ont écrit ou édité des « pages féminines », qui traitaient non seulement de recettes, de mode et de conseils ménagers, mais aussi, entre autres, de mouvement de femmes. Plusieurs étaient membres fondatrices du Canadian Women’s Press Club (1904).
Mary Ann Shadd
Mary Ann Camberton Shadd Cary (née le 9 octobre 1823 à Wilmington, au Delaware; décédée le 5 juin 1893 à Washington, D.C.). Mary Ann Shadd devient la première femme noire en Amérique du Nord à publier et à diriger un journal, The Provincial Freeman. En tant que l’une des premières femmes noires journalistes en Amérique du Nord, Mary Ann Shadd fait la promotion de l’abolition de l’asservissement et de l’émigration des Afro-Américains au Canada (voir Communautés noires au Canada; Esclavage des Noirs au Canada; Abolition de l’esclavage, loi de 1833). Elle se porte également à la défense des droits des femmes (voir Mouvements de femmes au Canada).
Sarah Anne Curzon
Sarah Anne Curzon (née vers 1833 à Birmingham, en Angleterre; décédée en 1898 à Toronto, en Ontario). Sarah Anne Curzon est une membre fondatrice de la première organisation féministe canadienne, le Toronto Women’s Literary Club, et est secrétaire rédactrice de la Dominion Women’s Enfranchisement Association. Elle est corédactrice de l’hebdomadaire torontois en faveur de la tempérance The Canada Citizen, qui s’enorgueillit d’offrir la première « page féminine » couvrant les sujets de l’émancipation des femmes et de leur accès aux études universitaires.
Kathleen Blake « Kit » Coleman
Kathleen Blake « Kit » Coleman (née le 20 février 1856 à Castleblakeney, en Irlande; décédée le 16 mai 1915 à Hamilton, en Ontario). Kathleen Coleman est la première femme journaliste au Canada à diriger son propre cahier dans un journal canadien, rédigeant et éditant la section féminine du Toronto Daily Mail. Elle est également la première correspondante de guerre accréditée en Amérique du Nord, la première présidente du Canadian Women’s Press Club et la première Canadienne à signer une chronique à droit d’auteur.
Kate Simpson Hayes
Kate Simpson Hayes (pseudonyme Mary Markwell) (née en 1856 à Dalhousie, au Nouveau-Brunswick; décédée le 15 janvier 1945 à l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique). Kate Simpson Hayes est journaliste et publie également plusieurs pièces de théâtre, saynètes, nouvelles, chansons et poèmes. En 1899, elle devient rédactrice de la page féminine du quotidien Manitoba Free Press. Elle est également cofondatrice du Canadian Women’s Press Club (CWPC), dont elle est présidente de 1906 à 1907. Elle devient plus tard directrice des pages féminines du quotidien Ottawa Free Press.
Sara Jeannette Duncan
Sara Jeannette Duncan (née le 22 décembre 1861 à Brantford, au Canada-Ouest; décédée le 22 juillet 1922 à Ashtead, en Angleterre). Sa remarquable carrière de journaliste dans les années 1880 témoigne de son talent et de sa détermination. Elle est la première femme employée à temps plein au Toronto Globe (1886‑1887) et travaille aussi au Montreal Star (1887‑1888). Au cours d’un voyage en Inde, elle rencontre son futur époux, le fonctionnaire britannique Everard Charles Cotes. Après son mariage, elle partage son temps entre l’Angleterre et l’Inde. Sara Jeannette Duncan écrit 22 romans au cours de sa carrière, dont deux, The Imperialist (1904) et Cousin Cinderella (1908), traitent de la société canadienne.
Robertine Barry
Robertine Barry (pseudonyme Françoise) (née le 26 février 1863 à L’Isle-Verte, au Canada-Est; décédée le 7 janvier 1910 à Montréal, au Québec). Première femme journaliste canadienne-française, elle est notamment une membre fondatrice de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et la première vice-présidente du Canadian Women’s Press Club. Robertine Barry signe une chronique hebdomadaire, Chroniques du lundi, dans La Patrie. Sous le pseudonyme Françoise, elle y aborde toutes les grandes questions du jour, y compris le droit de vote des femmes, la justice sociale, la violence familiale et le travail des enfants.
Helen Gregory MacGill
Helen Gregory MacGill (née le 7 janvier 1864 à Hamilton, au Canada-Ouest; décédée le 27 février 1947 à Chicago, en Illinois). Helen Gregory MacGill est une précurseure comme journaliste, comme féministe et comme juge. La journaliste publie des articles dans de nombreux journaux et magazines tout au long de sa vie. Elle prend la responsabilité du courrier des lecteurs au St. Paul Globe (Minnesota). Elle est également membre fondatrice du Vancouver Women’s Press Club (1909).
Victoria Grace Blackburn
Victoria Grace Blackburn (née le 17 avril 1865 à Québec, au Canada-Est; décédée le 4 mars 1928 à London, en Ontario). Après avoir travaillé dans le milieu de l’éducation au Minnesota et à Indianapolis, Victoria Grace Blackburn déménage à New York pour étudier le journalisme, le théâtre et la critique de théâtre. En 1896, elle retourne au Canada et travaille en tant que critique littéraire et de théâtre pour le London Free Press. Elle devient rédactrice en chef adjointe en 1918 et travaille au Free Press jusqu’à sa mort en 1928.
Flora MacDonald Denison
Flora MacDonald Denison (née Merrill) (née en février 1867 à North Hastings County, au Canada-Ouest; décédée le 23 mai 1921 à Toronto, en Ontario). Flora MacDonald Denison, qui dirige un atelier de confection tout en menant une carrière d’écrivaine, joue un rôle actif dans le mouvement des suffragettes à Toronto à partir de 1906. Les opinions sur la religion, le mariage, la régulation des naissances et les classes sociales, qu’elle exprime dans ses chroniques régulières du Toronto Sunday World de 1909 à 1913, sont plus radicales que celles de la plupart des suffragettes canadiennes.
Constance Lindsay Skinner
Constance Lindsay Skinner (née le 7 décembre 1877 à Quesnel, en Colombie-Britannique; décédée le 27 mars 1939 à New York). Née dans une région rurale de la Colombie‑Britannique, Constance Lindsay Skinner déménage à Vancouver en 1891. Deux ans plus tard, elle s’installe chez une tante en Californie. Elle y travaille comme journaliste pour le Los Angeles Times et le San Francisco Examiner, où elle est critique de théâtre et de musique et rédige des commentaires politiques. Elle déménage ensuite à New York, où elle publie de nombreux ouvrages jusqu’à sa mort en 1939.
Éva Circé‑Côté
Marie Arzélie Éva Circé-Côté (née le 31 janvier 1871 à Montréal, au Québec; décédée le 4 mai 1949 à Montréal). Poète et dramaturge, Éva Circé‑Côté est la toute première bibliothécaire de la Ville de Montréal ainsi que la conservatrice de la prestigieuse collection Philéas Gagnon. Au cours de sa carrière journalistique, elle rédige plus de 1800 textes dans une douzaine de journaux, sous plusieurs pseudonymes. Libre penseuse, progressiste et laïque, elle milite pour l’éducation obligatoire et l’avancement de la condition des femmes.
Anne‑Marie Huguenin
Anne-Marie Huguenin (née Gleason, pseudonyme « Madeleine ») (née le 5 octobre 1875 à Rimouski, au Québec; décédée le 21 octobre 1943 à Montréal). En 1901, Joseph-Israël Tarte lui confie les pages féminines du journal La Patrie de Montréal. Pendant 19 ans, Anne‑Marie Huguenin, dorénavant « Madeleine » pour ses lectrices, s’occupe du Royaume des femmes. Puis elle fonde et dirige son propre magazine, La Revue moderne. Elle est l’une des fondatrices du Canadian Women’s Press Club.
Thaïs Lacoste‑Frémont
Thaïs Lacoste-Frémont (née le 18 octobre 1886 à Montréal, au Québec; décédée le 6 avril 1963 à Montréal). Thaïs Lacoste‑Frémont fait de la promotion des droits des femmes le dossier de sa vie. En 1933, elle devient chroniqueuse au journal La Patrie de Montréal. Pendant trois ans, elle publie une ou deux chroniques par semaine, ayant déjà collaboré avec Le Journal et, sporadiquement, avec d’autres journaux comme L’Événement de Québec.
Lillian Beynon Thomas
Lillian Kathleen Thomas (née Beynon) (née le 4 septembre 1874 dans le comté de King, au Canada-Ouest; décédée le 2 septembre 1961 à Winnipeg, au Manitoba). Lillian Beynon Thomas est journaliste et auteure. En 1906, elle devient rédactrice en chef adjointe du Weekly Free Press and Prairie Farmer (Manitoba) et signe la chronique « Home Loving Hearts » sous le pseudonyme Lillian Laurie. Sa « page féminine » propose des recettes, des articles sur la mode et divers conseils pour les ménagères, mais elle présente également des reportages sur le mouvement des femmes.
Francis Marion Beynon
Francis (née Frances) Marion Beynon (née le 26 mai 1884 à Streetsville, en Ontario; décédée le 5 octobre 1951 à Winnipeg, au Manitoba). Francis Marion Beynon reçoit une formation d’enseignante, mais en 1908, elle abandonne sa carrière dans l’enseignement et déménage à Winnipeg où sa sœur Lillian Beynon Thomas (ci-dessus) travaille comme journaliste. En 1912, elle trouve un emploi de rédactrice et chroniqueuse pour le Grain Growers’ Guide. Durant les cinq années qu’elle passe dans ce journal, elle travaille pour les sections « The Country Homemakers » et « The Sunshine Guild ». La section « Country Homemakers » est une page destinée aux femmes, similaire à la rubrique que tient Lillian Beynon Thomas dans le Weekly Free Press and Prairie Farmer, qui traite aussi bien du féminisme et du radicalisme que de recettes de cuisine.
Ella Cora Hind
Ella Cora Hind (née le 18 septembre 1861 à Toronto, au Canada-Ouest; décédée le 6 octobre 1942 à Winnipeg, au Manitoba). Ella Cora Hind est une experte reconnue en matière de céréales, une championne des droits des femmes et une militante pour le droit de vote. En 1901, elle devient rédactrice agricole au Manitoba Free Press. À force de parcourir les champs pour examiner les récoltes, elle se forge une réputation internationale de journaliste agricole et est même surnommée « l’oracle du blé » pour ses prévisions précises sur le rendement des récoltes. Elle est aussi membre fondatrice de la branche winnipegoise du Canadian Women’s Press Club.
Violet Clara McNaughton
Violet Clara McNaughton (née Jackson) (née le 11 novembre 1879 à Borden, en Angleterre; décédée le 3 février 1968 à Saskatoon, en Saskatchewan). Violet Clara McNaughton est une figure de proue des mouvements coopératifs, agricoles, pacifistes et féministes au Canada. Membre influente de la Grain Growers’ Association en Saskatchewan, elle participe à la fondation du Western Producer, un journal alternatif destiné aux agriculteurs. En 1925, elle devient rédactrice en chef de la page féminine du Producer, dirigeant les cahiers « Mainly for Women » et « Young Co-operators ». Violet Clara McNaughton prend sa retraite en tant que rédactrice en 1950, mais signe une chronique dans le Producer pendant plusieurs années.
Myrtle Cook‑McGowan
Myrtle Cook-McGowan (née le 5 janvier 1902 à Elora, en Ontario; décédée le 18 mars 1985 à Elora). Myrtle Cook‑McGowan est une athlète et une journaliste qui participe aux Jeux olympiques d’été de 1928 en athlétisme. En 1929, elle déménage à Montréal lorsqu’elle épouse le journaliste Lloyd McGowan. Elle commence une carrière journalistique au Montreal Star pour lequel elle signe une chronique consacrée au sport féminin intitulée « In the Women’s Sport Light » pendant plus de 40 ans.
Fanny « Bobbie » Rosenfeld
Fanny « Bobbie » Rosenfeld (née le 28 décembre 1904 à Ekaterinoslav, en Russie [aujourd’hui Dnipro, en Ukraine]; décédée le 13 novembre 1969 à Toronto, en Ontario). Athlète exceptionnelle dans de nombreux sports, notamment le basketball, le hockey et le softball (balle molle), Fanny Rosenfeld est surtout connue pour ses exploits sur la piste lors des Jeux olympiques d’été de 1928 à Amsterdam. Devenue une rédactrice sportive réputée après avoir pris sa retraite de la compétition, sa chronique « Sports Reel » paraît pendant 20 ans dans le The Globe and Mail.
Carrie Mae Best
Carrie Mae Best (née Prevoe) (née le 4 mars 1903 à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse; décédée le 24 juillet 2001 à New Glasgow). Suite à des incidents de discrimination raciale, Carrie Best devient militante pour les droits civils. Elle est cofondatrice du journal The Clarion, un des premiers journaux de la Nouvelle‑Écosse détenus et publiés par des Canadiens noirs. Elle utilise cette plateforme pour défendre les droits des Noirs. En tant que rédactrice, elle soutient publiquement Viola Desmond lors de son procès contre le cinéma Roseland.