William Pearly Oliver, C. M., pasteur, aumônier militaire et organisateur communautaire (né le 11 février 1912 à Wolfville, en Nouvelle-Écosse; mort le 26 mai 1989 à Lucasville). William Oliver était un militant social, éducateur et pasteur. Il a cofondé la Nova Scotia Association for the Advancement of Coloured People (NSAACP) et le Black United Front (BUF). Il a aussi joué un rôle essentiel dans la création de la Black Cultural Society et du Centre culturel noir de la Nouvelle-Écosse.
William Pearly Oliver a reçu son baccalauréat ès arts de l’Université Acadia en 1934 ; deux ans plus tard, il a obtenu sa maîtrise en théologie.
(Gracieuseté de l’Université Acadia/Wikimedia CC)
Jeunesse
William Pearly Oliver est le descendant de personnes réduites en esclavage qui ont été amenées de Virginie en Nouvelle-Écosse après la Guerre de 1812. À l’époque, l’asservissement est toujours légal dans la colonie britannique. Olivier naît en 1912 à Wolfville, en Nouvelle-Écosse. Son père travaille à l’Université Acadia comme surintendant des bâtiments et terrains.
Seul enfant noir de la ville, Oliver se fait beaucoup d’amis mais il est rejeté par certains. Parfois, il subit une discrimination ouverte, incluant des insultes raciales. Pendant une partie de hockey d’école secondaire, l’équipe en visite refuse de jouer s’il est présent. Alors qu’il étudie à l’Université Acadia, il est membre de l’équipe d’ athlétisme. Quand l’équipe voyage, il ne peut demeurer avec ses collègues de l’équipe dans les hôtels et manger avec eux dans les restaurants, dans des communautés pratiquant la ségrégation raciale.
Oliver obtient son baccalauréatèsarts de l’Université Acadia en 1934. Deux ans plus tard, il obtient sa maîtrise en théologie. Bien que des personnes noires vivent en Nouvelle-Écosse depuis plus de 200 ans, Oliver n’est que le troisième à obtenir un diplôme universitaire.
L’équipe de hockey de l’école secondaire de Wolfville (Nouvelle-Écosse). Dernière rangée : W. Oliver (centre), T. Baird (ailier droit), R.W. Johnson (vice-principal, entraîneur), M. Sanford (ailier droit), J. Roach (centre); rangée avant : L. Smith (ailier gauche), L. Hutchinson (défenseur gauche), C. Cohen (gardien), N. Sanford (défenseur droite, capitaine), L. Shaw (ailier gauche).
(avec la permission de l’Université Acadia)
Mariage
William Pearly Oliver épouse Althea « Pearleen » Borden. Ils élèvent ensemble cinq garçons. Pearleen souhaite devenir infirmière, mais les Noirs ne sont pas admis dans le programme en Nouvelle-Écosse. Cette expérience l’amène à militer pour l’égalité raciale, et elle devient une oratrice et auteure influente.
Prédicateur militant
En 1937, William Pearly Oliver entreprend un ministère de 25 ans à l’église baptiste de la rue Cornwallis à Halifax [aujourd’hui église baptiste NewHorizons], la seule église noire possédée et administrée par sa propre congrégation. La ville de Halifax pratique la ségrégation raciale.
Dans sa thèse de maîtrise en théologie, William Olivier soutient que la structure économique du Canada ne répond pas aux besoins des gens. Jésus, écrit-il, a demandé une juste distribution de la richesse et des possibilités. Il croit que sans estime de soi, sans possibilité économique et sans propriété, il ne peut y avoir d’avancement social ou d’égalité raciale.
En 1942, William Oliver devient aumônier dans l’Armée canadienne. Il est le seul aumônier militaire afro-canadien de la Deuxième Guerre mondiale. Il n’a le droit de parler qu’avec les troupes afro-canadiennes qui passent par Halifax pour aller servir outremer. Après la guerre, il devient président fondateur du comité de vie urbaine et rurale de l’African United Baptist Association. Le comité aide les personnes appartenant à la communauté noire à devenir plus autonomes et à voir au-delà des matières spirituelles pour améliorer leur stabilité matérielle.
Il est aussi un membre fondateur de la Nova Scotia Association for the Advancement of Coloured People (NSAACP). En 1947, il joue un rôle essentiel en organisant le soutien pour Viola Desmond, qui combat la ségrégation en refusant de quitter son siège dans le théâtre Roseland à New Glasgow.
Le ministre de l’Éducation de Nouvelle-Écosse nomme William Oliver représentant régional chargé de promouvoir l’éducation des adultes dans la communauté noire. Par l’intermédiaire de l’église, William Oliver recueille l’impressionnante somme de 45 000 $ pour construire un centre éducatif et communautaire qui ouvre ses portes en 1957. Le centre encourage les jeunes à poursuivre leur formation scolaire, et leur offre un lieu de rencontre pour les soirs et les fins de semaine.
En tant que président de la Maritime United Baptist Convention, William Oliver donne des allocutions aux communautés de l’Ontario, du Québec, de Halifax et des États de Nouvelle-Angleterre.
Organisateur communautaire
En 1962, William Pearly Oliver quitte l’église baptiste de la rue Cornwallis pour travailler à temps plein comme éducateur et organisateur communautaire. Il identifie six objectifs pour la communauté noire : améliorer la santé et les écoles, de meilleures habitations et fermes, plus d’emplois et une meilleure utilisation des services municipaux et gouvernementaux. Ce n’est qu’on poursuivant ces six objectifs, soutient-il, que l’on pourra faire progresser la justice sociale et raciale. S’il reconnaît qu’il est important de changer les lois, il croit qu’« on ne donne pas la dignité à un homme par des lois. La deuxième émancipation doit se faire en termes de réalisations noires. »
William Oliver accepte l’aide d’alliés blancs bien intentionnés, mais soutient que cela peut aussi se révéler dangereux. Le paternalisme libéral blanc, dit-il, est autant l’ennemi que le racisme lui-même.
Black United Front
En novembre 1968, William Pearly Oliver préside une réunion dans laquelle des leaders de la communauté noire de Nouvelle-Écosse rencontrent Stokely Carmichael, des Black Panthers américains. Bien qu’ils s’entendent sur les problèmes et les objectifs, William Oliver rejette les tactiques des Black Panthers. La réunion amène la création du Black United Front (BUF). Dirigé par William Oliver, le BUF mène de vastes consultations et présente des recommandations aux dirigeants provinciaux et fédéraux. Le BUF demande de l’aide pour promouvoir l’enseignement de l’histoire et la culture afro-canadiennes dans les écoles et les communautés, encourager le lancement d’entreprises par des Noirs, et améliorer le logement, l’éducation et les possibilités d’emplois pour les Noirs.
Le gouvernement fédéral accorde 470 000 $ au BUF pour réaliser son mandat. Le ministre de la Santé et du Bien-être John Munro déclare qu’il veut que le BUF secoue le gouvernement pour qu’il améliore la vie des Afro-Canadiens dans le pays. William Oliver relève le défi, voyageant beaucoup pour trouver et inspirer de nouveaux leaders noirs, tout en faisant des pressions auprès du gouvernement fédéral pour obtenir un soutien accru ainsi que des changements législatifs. Au début des années 1970, le BUF devient un organisme parapluie qui permet à de nombreuses autres organisations de prospérer.
Centre culturel noir
En 1972, William Pearly Oliver lance l’idée d’un centre culturel noir. Celui-ci présenterait, dit-il, l’histoire des Noirs et leurs réalisations culturelles aux communautés noires et blanches, afin de susciter la fierté des Noirs et une meilleure compréhension. En tant que président du comité directeur, William Oliver fait des représentations auprès des gouvernements de Nouvelle-Écosse et du Canada et des leaders de la communauté noire. En 1983, le Centre culturel noir de la Nouvelle-Écosse ouvre ses portes à Cherry Brook. Il s’enorgueillit d’un musée, d’une bibliothèque de recherche, d’un auditorium et de locaux de travail. Il continue à offrir des expositions permanentes et itinérantes, des tournées dans les écoles et les communautés, des concerts et des pièces de théâtre.
En 1984, William Oliver est reçu dans l’Ordre du Canada. Il meurt en 1989 à l’âge de 77 ans.